Au rayon des Nouveautés, tout ce qui sonne authentique et en dehors des éléments "vendeurs" tendant à l'uniformisation, est bon à prendre, présente de l'intérêt. Charlotte DOS SANTOS, en tant que chanteuse, est concernée par tout cela.

Son nouvel EP s'appelle Harvest Time et lui permet d'asseoir son talent. Sa musique a toujours ce goût exquis de r'n'b fait avec plus de naturel que d'autre chose, même en ayant recours aux programmations. Sans parler de la voix, toujours à la fois entre la soul pure, même un peu "cassée" et telle que le veut l'usage, et Kate BUSH obligatoirement pour la sensualité, la pureté dans les aiguës. La pochette a de quoi donner envie d'écouter, même si en tout bonne foi, ce n'est pas une simple question d'attirance physique. Au moins, après divers essais capillaires, l'artiste a repris un style lui aussi plus "vrai", et cela ne fait que renforcer l'enchantement de la découverte musicale.

R'n'b loin d'être commun avec, de même que le métissage Brésil et Norvège de la demoiselle (désormais trentenaire ou pas loin de le devenir), ses teintures jazz et héritières de la musique traditionnelle des habitants de l'Amazonie. Prenez "Harvest Time", ce piano à la SATIE, lunaire, doux, hésitant ; ces accords colorés jazzy par l'ancienne élève de Berkeley, puis ces percussions et ces voix entre rythme tribal et marche sensuelle... N'auriez-vous pas l'impression d'avancer dans une jungle sombre, brumeuse et ruisselante de pluie, avec la sensation d'être comme dans un rêve, où aucun danger, même grouillant autour, ne peut vous atteindre ?

Voilà ce que réussit à faire Charlotte DOS SANTOS avec Harvest Time, ce deuxième EP. Les effets utilisés pour certaines chansons sont splendides, de l'intro de "Padre" mêlant chants grégoriens et roulements de harpe celtique jusqu'au délire à la COCTEAU TWINS qui ferme "Josef". Par rapport à cette dernière, l'incantation de "Helio" est un peu moins convaincante, mais quand même, ces nappes de synthé, cette TR-808 (boîte à rythmes, grand classique de la maison Roland)... C'est redonner tout son sens au nom r'n'b.

D'autant plus que DOS SANTOS écrit et chante remarquablement bien. La façon dont les voix se confondent sur "Padre" est pour le moins exquise, tout comme ces progressions inattendues, le pont avec une ligne de guitare rageuse, les trompettes sorties de nulle part... On les retrouve sur le court instrumental "The Snow Dance" qui n'est pas que l'intro de "Josef". Quelle belle ambiance là encore, dans laquelle DOS SANTOS forme à sa manière une bulle presque new-age. C'est qu'elle emploie des sons de clarinettes basses, de claviers évanescents qui rappellent ceux du RMI, piano électrique qui a dominé sur la scène musicale durant la première moitié des années 70.

La couleur vintage a beau être à son tour très en vogue, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Malgré sa durée courte (18 minutes), ce deuxième EP de Charlotte DOS SANTOS est un voyage à goûter pleinement !