Originaire d’Altus, une grosse bourgade d’Oklahoma située à un jet de pierre du Texas, John David MARTIN voit le jour en 1950. Il se passionne très vite pour la musique et se met rapidement à la guitare. Il fait ses gammes au sein des DISCIPLE et en 1971, il fait ses premier pas en studio en devenant choriste sur l’album éponyme de Linda RONSTADT. En 1972, il monte SOUTHWIND en compagnie de Jim PULTE. La même année, il se retrouve choriste sur le premier disque de son pote « Out The Window ». Notre péquenaud quitte ses pénates et enchaîne aux côtés de Gram PARSONS, Del SHANON toujours dans des rôles de choriste et guitariste de complément. John traverse une longue période de désert de cinq ans durant laquelle il compose de nombreuses chansons.

En 1977, il sympathise avec le producteur Jack NITZSCHE (ex ROLLING STONES, Neil YOUNG). L’ancien bras droit de Phil SPECTOR l’embauche pour épauler Michelle PHILLIPS. L’ancienne chanteuse de The MAMAS And The PAPAS a décidé de sortir un premier disque solo. Brève épouse de Dennis HOPER (tout juste une semaine), Michelle doit être aidée par un musicien efficace, capable de diriger un groupe et le choix se porte donc sur John MARTIN qui compose pour l’occasion trois chansons. Edité par A&M Records, « Victim Of Romance » ne connaît qu’un succès d’estime malgré sa pochette.
La même année, Mink DeVille incorpore « Cadillac Walk », une compo de John MARTIN, dans son premier disque. L’année suivante, DeVille récidive en reprenant « Rolene », autre titre du péquenaud à lunettes, ce qui permet à John de connaître une soudaine notoriété. Devant cette brusque montée d’intérêt, MARTIN monte un premier groupe The RAVENS et enflamme le Texas et toute la Côte Est grâce à des concerts où il impose un retour au classicisme du Rock' n' Roll. Cette tournée à succès lui permet d’enregistrer son premier disque « Shots From A Cold Nightmare ». S'il recueille les éloges de la critique, c’est l’Anglais Robert PALMER qui décroche la timbale en reprenant « Bad Case Of Loving You ». Le titre est si bon qu’il inspire la blueswoman Koko TAYLOR et Paul RODGERS. Chez nous, Patrick COUTIN créateur de « J’aime regarder les filles » en fait une bonne adaptation pour Dick RIVERS avec « Amoureux de vous ». Début 1979, John qui a hérité du sobriquet Moon ( il emploie fréquemment le mot moon (lune) dans ses chansons) tourne en Europe, mettant le feu aux planches du Palace. Peu après l’été, Moon MARTIN enregistre son second disque « Escape From Domination ». Si « Rolene » connaît une bonne poussée d’adrénaline en rentrant dans les charts, c’est encore une fois un autre qui récolte la mise en la personne de Mink DeVille. Tom PRINCIPATO et le groupe stoner suédois NORRSKEN reprendront le titre avec une certaine verve.

En 1980, Moon MARTIN parvient enfin à faire pencher la balance du bon côté avec « Street Fever », disque qui se classe à la 30ème place du Billboard. Enregistré à Hollywood au Sunset Sound, célèbre studio connu pour avoir enregistré « Exile On Main St. » (STONES), « Waiting For Colombus » (LITTLE FEAT), « Strange Days » (DOORS) ou le « Purple Rain » de PRINCE ⃰ le disque rencontre aussitôt une renommée internationale via « Bad News ». Avec sa voix plaintive, des riffs de guitare conjuguant ambiance mélo et phrasé bien Rock avec des guitares qui se transforment en vraies cisailles, le titre permet à Moon MARTIN de poser son nom dans les radios du monde entier.
Toujours entouré des Frère Croy (Dennis à la basse et Rick aux baguettes) MARTIN délivre ici un must combinant Power Pop et Rock classique, une mixture dans laquelle les influences de Buddy HOLLY, Chuck BERRY et des BEATLES semblent couler de source. Les pièces Rock se taillent la part du lion avec « Five Days Of Fever », « Pushed Around » dont la rythmique se rapproche de BLONDIE, « Stranded », « No Dice ». Le Power Pop se révèle une bonne source d’inspiration : « Breakout Tonight » évoque les KNACK, tandis que « Cross Your Fingers » pourrait s’inscrire dans une galette d’Elvis COSTELLO.
Si le guitariste a longtemps été fan de Rockabilly, il sait aussi faire preuve de tendresse. « S.O.S. (Signal For Help) » se déguste comme un mid-tempo que ne renierait pas Gerry RAFFERTY. Le blondinet nous offre même une ballade un brin guimauve avec « Love Gone Bad », alors que « Whispers » ne pourra que rappeler les STEALERS WHEEL du tandem EGAN/RAFFERTY, Moon prenant les intonations de l’Ecossais. En fermeture, « Rollin’ In My Rolls », seul titre à échapper à sa plume, pourrait être considéré comme une synthèse entre Dave EDMUNDS, Nick LOWE et Webb WILDER. Enfin si certains sites font un pont entre MARTIN et Chris ISAAK, disons à l'instar de celui de Gènes que cette affirmation tombe selon nous à l'eau, la comparaison entre les deux artistes étant plus que discutable.

La suite sera moins rose pour le guitariste, mais le phénomène n’est pas surprenant quand on a sorti un tel album. Cette Rue Fiévreuse inaugurait les années 80 avec un bel enthousiasme à travers des titres simples qui vont à l’essentiel et qui ne s’éternisent jamais. Moon connaitra par la suite un manque d’inspiration inévitable et un parcours en dents de scie, il sera même gardien de parking durant un temps. Installé à Nashville à la fin du siècle dernier, Moon s’est permis de produire les SCAMPS, un groupe havrais de pur Rock' n' Roll, avec l’album « Satisfaction Garanteed » dans lequel Webb Wilder était invité. La même année, Moon MARTIN revenait sur le devant de la scène avec « Louisiana Juxe-Box » un album qui n'a connu qu’un succès d’estime.