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1975 Two Faces Of The Moon
 

- Membre : The Who

Keith MOON - Two Faces Of The Moon (1975)
Par MARCO STIVELL le 7 Avril 2020          Consultée 1056 fois

Le naufrage a-t-il une odeur ? Seul un marin pourrait le dire, mais nul besoin de l'être lorsqu'on tente de s'intéresser à la carrière solo de Keith MOON. Inutile de présenter à nouveau le batteur des WHO, pile électrique à peine contrôlable, connu pour son jeu unique et aussi exubérant que sa personnalité, ses frasques allant dans le même sens. Une image sex, drugs & rock'n'roll pure, mais avec un talent plus mesuré que celui de son grand ami John ENTWISTLE. Leurs carrières solos sont radicalement différentes.

Pourtant, MOON voulait suivre l'exemple d'ENTWISTLE depuis quatre ou cinq années, et une fois la tournée Quadrophenia terminée, il est le seul membre du groupe à n'avoir pas publié d'album solo. En 74, le batteur a 28 ans, déjà divorcé et s'est suffisamment auto-détruit avec ses dépendances pour que cela influe sur la vie des WHO (évanoui durant un concert, il est remplacé par un spectateur). Pour ne rien arranger, il sort à peine de sessions festives pour Harry NILSSON (son album Pussy Cats), compagnon de boisson, drogues et délires, en compagnie aussi de John LENNON (qui produit le disque) et Ringo STARR.

Cela se passe tellement bien – simple question de point de vue : le leur ! - que lorsque MOON se décide enfin à faire son album publié par MCA, il fait appel peu ou prou à la même équipe. Ringo STARR et Harry NILSSON sont présents, tout comme nombre de musiciens-stars conviés sur Pussy Cats : Klaus Voormann, Bobby Keys, Jesse Ed Davis, Jim Keltner, Danny Kortchmar. Mis à part le saxophone de Keys pour deux titres ("Back Door Sally", "Move Over Ms. L.") et les voix tout aussi reconnaissables de STARR et NILSSON sur "Together", il faut savoir que toutes ces interventions sont noyées dans un banc de poissons. Ou de requins (de studios).

Une vingtaine de vocalistes (parmi lesquels des figures plus ou moins connues du rock'n'roll : Ricky NELSON, Jim GILSTRAP, FLO & EDDIE), cela passe encore ; mais treize guitaristes (dont Ron Wood, Joe Walsh et Patti Quattro), dix batteurs (dont STARR et Kenney Jones, son futur remplaçant au sein des WHO), sept bassistes, huit claviéristes ! Un ensemble suffisamment lourd pour former un bel exemple de caricature. On rit presque de penser que MOON a soutiré autant d'argent à MCA et tout cela pour quoi ? Un album de reprises. Fait dans l'ambiance la plus décontractée à Los Angeles (les mythiques Record Plant studios) pour des musiciens de rock qui traînent et s'en foutent, s'en mettent plein le nez et le gosier, jettent les sous par les fenêtres.

Pour Two Faces of the Moon, l'album laborieusement conçu et terminé, même le titre semble une vaste blague, car si d'un côté de la pochette on voit Keith élégamment vêtu dans une Rolls et en charmante compagnie, au verso, sans doute pris en plein "acte", il montre ses fesses ! Sur le plan musical cependant, il n'y a pas de face cachée : que des reprises ou presque donc, mais MOON n'a jamais été un compositeur. Pour A Quick One en 1966, il avait fait un effort, même deux entre "I Need You" et le farfelu "Cobwebs and Strange", tout à son image ; de même que le court "Tommy's Holiday Camp" sur l'opéra-rock Tommy en 69. De plus, et du fait d'être suffisamment épaulé, MOON ne joue de la batterie que sur trois titres, dont "The Kids Are Alright" des WHO.

Ce disque est surtout l'occasion de le découvrir au... chant ! Au cas où celui-ci aurait échappé à l'auditeur des WHO sur le récent Quadrophenia avec notamment le titre "Bell Boy", son thème à lui. Une voix d'ivrogne, plus souvent dans le parlé-scandé que le mélodique, avec les intentions railleuses voire scabreuses, c'est bien cela qui nous est présenté ici. Apparemment, MOON voulait d'abord chanter d'une façon plus country, mais il lui a été demandé de redevenir lui-même. Dès le départ, avec "Crazy Like a Fox" (reprise de Al Staehely de SPIRIT), on peut voir le tableau. Imaginez une sorte d'entente entre Syd BARRETT et Johnny ROTTEN !

Tout est fait pour compenser : la réverb', l'écho uniquement sur la voix, l'omniprésence de choeurs féminins pour renforcer. Autant sur du blues-rock comme "Back Door Sally" et le "Move Over Ms. L." de John LENNON, ce n'est pas fameux (le morceau non plus d'ailleurs), autant pour "Solid Gold" (reprise du groupe rock féminin FANNY) avec son parler-radio, c'est carrément vide, malgré le solo de guitare de Joe Walsh, dont heureusement la collaboration avec un WHO ne s'arrête pas là.

C'est là où, néanmoins, il faut tempérer l'idée de naufrage, car sur Two Faces of the Moon, il y a du bon voire du franchement sympathique. Et très curieusement, c'est sur les titres les plus mélodiques que Keith donne le meilleur de lui-même. "Don't Worry Baby" emprunté aux BEACH BOYS et "The Kids Are Alright" montrent que même si c'est dur, il peut tenir une mélodie. La reprise de "Teenage Idol" de NELSON est mignonne, lancée sur un tempo californien, de même que la ballade country "One Last Stand" avec ses envolées de pedal-steel guitare.

La biguine "Together" avec NILSSON et STARR, par ailleurs seul morceau original composé par les trois larrons, donne à sourire, mais "In My Life", bijou des BEATLES, est très sérieuse. MOON en piano-voix approximative vaut la peine d'être écouté, même avec des cordes et choeurs gospel massifs, piano qui gère d'ailleurs fort bien la mélodie de guitare originelle, à deux reprises. Simple, joli, pas mémorable certes mais bon ! Au moins cela amène un peu de lumière dans ce projet contestable, seule tentative pour un batteur mythique d'échapper à son groupe et avant son décès prématuré, trois années plus tard en 1978.

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   MARCO STIVELL

 
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- Keith Moon (chant, batterie)
- Joe Walsh (guitares, synthétiseurs)
- Jesse Ed Davis, John Sebastian (guitares)
- Spencer Davis, Mike Condello (guitares)
- Paul Lenart, Patti Quatro (guitares)
- Al Staehely, John Staehely (guitares)
- Ron Wood, Danny Kortchmar (guitares, basse)
- Klaus Voormann, David Birkett (basse)
- Jean Millington, Jimmie Randall (basse)
- Paul Stallworth (basse)
- Ringo Starr (batterie, chant)
- Kenney Jones, Jim Keltner (batterie)
- Cam Davis, Miguel Ferrer (batterie)
- Ron Grinel, James Ed Haymer (batterie)
- Mickey Mcgee, Curly Smith (batterie)
- Nickey Barclay, David Foster (claviers)
- Norman Kurban, Jay Ferguson (claviers)
- Blair Aaronson (claviers, synthétiseurs)
- Skip Edwards (guitares, claviers)
- Steve Douglas, Ollie Mitchell (cuivres)
- Bobby Keys (saxophones)
- Gerald Garrett, Jim Gilstrap (choeurs)
- Ira Hawkins, Ron Hicklin (choeurs)
- Augie Johnson, Jay Dewitt White (choeurs)
- Clydie King, Dennis Larden (choeurs)
- Gregory Matta, Sherlie Matthews (choeurs)
- Irma Routen, Julia Tillman Waters (choeurs)
- Andrea Wills, Carolyn Wills (choeurs)
- Mark Volman, Howard Kaylan (choeurs)
- Ricky Nelson, Harry Nilsson (choeurs)


1. Crazy Like A Fox
2. Solid Gold
3. Don't Worry Baby
4. One Night Stand
5. The Kids Are Alright
6. Move Over Ms. L.
7. Teenage Idol
8. Back Door Sally
9. In My Life
10. Together



             



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