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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  STUDIO

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1977 1313
1979 Hérésie
 

- Style : Henry Cow, Magma, Shub-niggurath
- Style + Membre : Art Zoyd
 

 Univers Zéro (1502)

UNIVERS ZERO - Hérésie (1979)
Par ONCLE VIANDE le 27 Mai 2007          Consultée 4269 fois

Etait-il possible de surpasser « 1313 » dans un registre où il s’était affirmé d’emblée en mètre étalon ? Deux ans passèrent, et « Hérésie » apporta à cette question une réponse sans équivoque. Univers Zero signe là son disque noir, celui qu’une partie de la presse qualifia de « plus sinistre album enregistré à ce jour ». A l’écoute, les intentions du groupe sont effectivement évidentes et ce travail, malgré la noirceur du propos est d’une transparence absolue.
Le combo désormais réduit à un quintet après le départ d’Emmanuel Nicaise et de Christian Genet, conserve l’instrumentation acoustique et avec elle la suprématie du basson et de l’harmonium. Deux musiciens en moins n’auront en rien affaibli ce mur de son qui trouve ici une densité impressionnante. Le pouvoir évocateur de l’instrumentation baroque joue à plein, la répartition des basses besognes étant désormais connue : la basse et la batterie suggèrent l’immobilité, l’harmonium écume les profondeurs, les hanches opèrent au grand jour et les cordes raclent le ciel de leurs membres décharnés. Râles, incantations, stridences et crissements ; rien ne nous sera épargné.
En rejetant tout compromis, les musiciens s’imposent un exercice exigent et riche d’écueils : faire de chaque instant un effort impossible, une convergence obstinée vers la tension permanente. Aussi la moindre couleur, lumière ou consonance pouvant suggérer quiétude ou apaisement provoquerait-elle l’effondrement de l’édifice.
L’écriture déborde d’inventions pour diversifier une musique qui, par essence, doit rester monolithique. Les arrangements font preuve d’ingéniosité et d’une grande richesse. Recherches harmoniques certes, avec toujours cette obsession pour les demi tons, mais recherche des couleurs aussi, destinée à dégrader plus ou moins le noir de base pour lui arracher quelques nuances. Une esthétique du clair obscur parfaitement maîtrisée.
Au programme, trois titres, trois monolithes s’ouvrant de façon analogue, comme pour mieux ramener l’auditeur à une thématique implacable : une note de basson, jouée aussi basse que l’instrument le permet. Un vrombissement d’outre tombe qui enracine la musique dans les profondeurs des mondes inférieurs. Trois marches funèbres, trois processions enlisées dans leur propre immobilité : « La faulx » de Daniel Denis, bas relief macabre peuplé de formes et d’ombres dissimulées, décor insondable, nuit épaisse traversée de silhouettes fuyantes qu’on eut aimé ne jamais apercevoir, une introduction fameuse (neuf minutes tout de même), alternant convulsions et agonies, puis « Jack the ripper » et « Vous le saurez en temps voulu », respectivement signées Denis/Trigaux puis Trigaux, plus limpides dans leur déroulement mais tout aussi lugubres, soyez rassurés.
Là où « 1313 » développait une musique plutôt dynamique, « Hérésie » lui oppose une matière lancinante et massive, une messe noire proche par ses développements graduelles d'un « Könhtarkösz » ou d'un « Saucerful of secrets ». Ces progressions engendrent immanquablement des longueurs mais portent un pouvoir hypnotique et une dimension rituelle. Une musique qui aspire vers le bas et annihile toute tentative d’élévation, de mouvement.
Les thèmes évoquent des impressions davantage qu’ils se référent à des scènes précises. La mort en filigrane guète et s’exprime en ce qu’elle a de plus solennelle, avec son cortège d’images (« La faulx »), ses fantasmes morbides (« Jack the ripper ») et sa part d’inconnues (« Vous le saurez en temps voulu »).
On ne dira jamais assez combien cette musique est poétique, lyrique, et combien elle exalte l’imaginaire gothique là où beaucoup de musiques amplifiées échouent.
« Hérésie » montre les limites d’un style et représente forcément une impasse à terme. Le groupe, privé de son co-fondateur Roger Trigaux parti fonder Present, saura rebondir et exposer ses climats pesants par d’autres moyens, mais ceci est une autre histoire.

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   ONCLE VIANDE

 
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- Michel Berckmans (hautbois, basson)
- Daniel Denis (batterie, percussion)
- Patrick Hanappier (violon, alto)
- Guy Segers (basse, voix)
- Roger Trigaux (harmonium, piano, orgue, guitare)


1. La Faulx
2. Jack The Ripper
3. Vous Le Saurez En Temps Voulu



             



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