Biréli LAGRENE est né en 1966 en Alsace dans une famille de musiciens manouches qui l'initie à la musique dès son plus jeune âge, et notamment à celle de Django REINHARDT. Il commence la guitare à 4 ans et toute son enfance il écoute et réécoute inlassablement les morceaux du maître pour tenter de rejouer ses chorus, ses accords. Pendant, que les autres enfants de son âge s'amusaient dehors, le jeune Biréli préférait passer ses journées en compagnie de son instrument, pourtant plus imposant que lui ! Il devient rapidement l'attraction du village qui vient voir le prodige à l’œuvre.

Le monde de DJANGO est le berceau dans lequel a grandi Biréli. Cet opus et le premier hommage que le guitariste de 13 ans dédie à l'éternel comparse de Stephane GRAPELLI. C'est au Krokodil Club, à Kirchheim (Allemagne), notamment accompagné de son frère à la guitare rythmique qu'il décide pour la première fois de s'enregistrer en vue d'un album. Dès les premières notes de "All of Me", l'un des plus fameux standards des années 30, LAGRENE et son groupe nous ramènent 50 ans en arrière, lorsque le King of the Gypsies faisait résonner ce même standard au Hot Club de France. C'est aussi avec une fluidité exceptionnelle que l'ensemble redonne vie à "I've Found a New Baby", autre morceau phare du répertoire de son idole. D'ailleurs, le propre fils de Django, Babik REINHARDT, ne tarissait pas d'éloge au sujet du jeune guitariste, allant même jusqu'à déclarer : "Il est un véritable gardien de la flamme de mon père".

Le jazz manouche, c'est bien entendu une affaire de famille et de partage. D'ailleurs, le morceau "Fiso Place", qui ouvre le concert, est un hommage à Fiso, le père de Biréli, lui aussi guitariste de renom, à qui il doit beaucoup de sa virtuosité. Les improvisations glissent, serpentent avec cet enthousiasme frivole propre au style. Le swing enflamme la scène et rapidement on se retrouve plongé avec allégresse dans l'insouciance festive de la période d'après-guerre. Comme il est aussi d'accoutumé dans le jazz manouche, quelques invités font leur apparition. On a évidemment une très belle collaboration avec le violoniste Schmitto KLING sur "My Melancholy Baby", qui n'est pas sans évoquer le légendaire duo REINHARDT/GRAPELLI. Plus étonnant, le vibraphone et le piano font aussi leur apparition ici et là aux côtés des frères Lagrène. A la manière des fameuses improvisations solo de REINHARDT, le morceau "Bluma" révèle Biréli en tout intimité avec sa guitare ; quelle agilité acrobatique ! quel art de la mélodie !
De la traditionnelle Valse, à l'étonnant boogie-woogie ("Boxer Boogle"), en passant par le blues, voire la musique classique ("Mirage"), le répertoire de Routes to Django ne manque pas de rebondissements. Biréli LAGRENE fait non seulement déjà preuve d'une grande ouverture d'esprit dans les genres qu'il aborde, ce qu'il confirmera plus tard, mais prouve aussi que la grande polyvalence de son jeu est à toutes épreuves.

A l'écoute de Routes to Django, il est inévitable d'oublier le fait que Biréli LAGRENE est alors à peine âgé de quinze ans. Très timide, il semble déjà que la guitare soit le prolongement de sa personnalité et le moyen d'expression qui lui sied le mieux. La carrière d'un des plus grands guitaristes vient tout juste de commencer...