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1966 Gloria
Back Door Men
 

- Style : The Yardbirds , The Pretty Things , The Crawdaddys

The SHADOWS OF KNIGHT - Back Door Men (1966)
Par LE KINGBEE le 2 Juillet 2020          Consultée 1226 fois

En 1966, que l’on soit du coté de la Perfide Albion où Outre Atlantique chez les Ricains, il ne fallait pas bailler aux corneilles. Les bons disques s’enchaînaient très vite pour être oubliés aussi rapidement. Le problème d’une décennie trop riche durant laquelle la créativité n’avait que peu de limite.

Ne tenant pas à m’égarer ou à refaire l’histoire, je reviens vers nos moutons, en l’occurrence The SHADOWS OF KNIGHT. Le groupe de Jim SOHNS vient de refouler pour un temps la British Invasion qui déferle sur les States. L’album Gloria est à peine dans les bacs que Bill Traut et son acolyte George Badonsky, patrons du label Dunwich, décident de renvoyer illico les Chevaliers en studio. Les deux gars savent qu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, cela est d’autant plus à propos que l’arme de prédilection d’un chevalier est une épée forgée à coups de marteau.

En 1966, l’envahisseur anglo-saxon est en train de tout piller, tel un cricket, il ne laisse rien sur son passage. Les STONES avec Aftermath, les YARDBIRDS de Jeff BECK, John MAYALL avec les BLUES BREAKERS, les KINKS et les BEATLES avec Revolver ont presque tout raflé. DYLAN, ZAPPA avec Freak Out ! sont les derniers remparts pouvant sauver le pays. Pour faire face à ces hordes anglaises qui se succèdent comme des vagues, des petits groupes de Garage vont rentrer en résistance. Au Texas, The BOBBY FULLER FOUR combat l’Anglais avec acharnement, dans l’Idaho les RAIDERS de Paul REVERE montent le siège avec Midnight Ride. Les STANDELLS et les COUNT FIVE leur emboîtent le pas en Californie, les SEEDS deviennent les précurseurs du Flower Punk, les BLUES MAGOOS, QUESTION MARK & The MYSTERIANS, The MUSIC MACHINE et le 13th FLOOR ELEVATOR de Rocky ERIKSON, un allumé de première, se lancent eux aussi à l’assaut des ondes.

Après avoir triomphé avec "Gloria", le label Dunwich sait que l’embellie risque de ne pas durer et décide de renvoyer Jim SOHNS et ses sbires au combat. Le groupe est expédié sur Randolph Street à l’Universal Studios dans leur antre de Chicago, là où le groupe a enregistré son premier disque. Pour Traut, il n’y a aucune raison de changer ce qui a marché, d’autant plus que le studio est à deux pas du siège. Pour s’occuper des consoles et de la prise de son, on fait appel à Bob Kidder qui vient de finir les enregistrements de Mary WELLS et de Ramsey LEWIS, l'ingé-son connait bien les musiciens, il était présent sur leur premier disque. Si Jim SOHNS et ses potes sont venus avec onze titres, la pochette est l’œuvre de Don Bronstein, photographe attitré du label Chess et de ses filiales et auteur du précédent visuel enrobé de rose. A vous de voir si Dunwich fait dans le pragmatisme ou la superstition.

Cette urgence à sortir un second disque s’explique aisément, Traut et Badonsky ont l’impression d’avoir une grenade dans chaque main. Le guitariste Norm GOTSCH souvent présent sur scène vient d’être remplacé par Jerry McGEORGE (présent sur le 1er disque). Mais la réalité est tout autre, Traut sait très bien que les membres du groupe peuvent être mobilisés du jour au lendemain par le bon président Lyndon Johnson et troquer leur guitare contre un fusil.

Le groupe ne fournit que trois originaux : l’excellent "Gospel Zone" avec un jeu de guitare rappelant celui de Bo DIDDLEY s’inscrit dans la continuité du premier disque. Joe KELLEY apporte son obole avec deux compo "Three For Love" qui pourrait figurer au répertoire des KINKS, tandis que "I’ll Make You Sorry" avec son riff de gratte bien caractéristique du Garage s’impose de lui-même.

Les huit reprises combinent inusités et standards à des titres écrits par d’autres spécialement pour l’album. Le regretté Tommy BOYCE leur offre "Tomorrow's Going To Be Another Day" mené tambour battant par un harmonica vitaminé, une version dont les ASTRONAUTS s’inspireront quelques semaines plus tard. Le titre sera également repris par The MONKEES, les Anglais de The LEGENDS et plus tardivement par Dwight YOAKAM. Les Ombres des Cavaliers piochent dans le répertoire britannique avec "Bad Little Woman", un dynamique Garage avec harmonica des WHELLS, un combo irlandais qui leur avait repris "Gloria". Changement total de cap avec l’instrumental "The Behemoth" qui propose un mariage entre transe psy et voyage mystique au bord du Gange. Le combo s’attaque à "New York Bullseye", un blues lent et instrumental d’Harry Pye, inconnu au bataillon mais auteur de titre précité. Le combo nous invite à la Nouvelle Orleans via "High Blood Pressure" un standard fin fifties de Huey "Piano" SMITH & The CLOWNS. Une bonne reprise qui se démarque bien de la Crescent City. Bien avant de tomber dans la besace d’HENDRIX, "Hey Joe" œuvre du folkeux Billy ROBERTS, avait fait le bonheur de nombreux groupes Garage ou de Rock Psy (The LEAVES, The STANDELLS, LOVE, The SURFARIS). Le groupe nous en offre ici une version bien Garage avec un intéressant passage de guitare transe orientale. Avec "Peppin’ And Hiddin", le groupe nous offre un brillant hommage au bluesman Jimmy REED, le titre n’étant rien d’autres qu’une variante du standard "Baby What You Want Me To Do". Le combo clôt l’opus avec "Spoonful", création de Willie DIXON pour Howlin’ WOLF. Si l’interprétation se situe en pleine ambiance Garage, les baguettes de Tom SCHIFFOUR et la guitare de Joe KELLEY adressent de belles nuances.

Alors reste à savoir pourquoi un tel titre ? Si les paroles de "Back Door Man", autre classique de Willie DIXON, ont toujours suscité une impression d’ambiguïté, voir de peur chez les enfants, on se demande pourquoi avoir mis une telle créature au pluriel. On peut penser qu’entre le conflit Américano-Vietnamien dans lequel le pays allait s’engluer, la fin d’une jeunesse heureuse et insouciante et la fin prochaine d’un petit label qui ne subsistait que par la bonne grâce de son distributeur (Atco) les SHADOWS OF KNIGHT avaient un regard sur leur futur aussi noir que celui qu’ils offrent sur la pochette. Ce second disque s’avère plus inégal que le fantastique "Gloria" et surtout sans hit majeur. On sait depuis que l’organiste guitariste Dave WOLINSKI a du remplacé au pied levé Warren RODGERS sur le point d’être enrôlé dans l’US Army.

Les SHADOWS Of KNIGHT enregistreront un troisième opus avant de splitter en juillet 67. Le batteur Tom SCHIFFOUR et Dave "Hawk" WOLINSKI monteront ensuite BANGOR FLYING CIRCUS, avant que WOLINSKI ne rejoigne RUFUS le groupe de CHAKA KHAN ; le guitariste Jerry McGEORGE jouera au sein de H.P. LOVECRAFT. En 2016, les membres d’origine se sont produits ensemble pour la première fois depuis 49 ans, sans le guitariste Joe KELLEY, décédé un an avant d’un cancer du poumon. En mai 2020, SOHNS et McGEORGE ont enregistré un single, une première depuis 53 ans. Tout vient à point qui sait attendre. Si ce disque n’atteint pas la puissance ni la folie de son prédécesseur, il figure néanmoins dans le haut du panier du Garage sixties.

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   LE KINGBEE

 
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- Jim Sohns (chant, tambourin, maracas)
- Joe Kelley (guitare, harmonica, basse 1-5-7-9)
- Jerry Mcgeorge (guitare)
- Tom Schiffour (batterie)
- Dave 'hawk' Wolinski (claviers 1-5-7-9, basse 2-3-4-6-8-10-11)


1. Bad Little Woman
2. Gospel Zone
3. The Behemoth
4. Three For Love
5. Hey Joe
6. I'll Make You Sorry
7. Peepin' And Hidin'
8. Tomorrow's Going To Be Another Day
9. New York Bullseye
10. High Blood Pressure
11. Spoonful



             



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