Après Rose Podwojny, petite prodige vocale du groupe rock progressif SANDROSE et avant Rose LAURENS, star des années 80, il y a eu Rose MERRYL.

N'ayant publié que deux ou trois 45-tours durant la seconde moitié des années 70 et sans connaître le succès, c'est plus que jamais une parenthèse pour la chanteuse alors âgée de 25 ans. Néanmoins, on peut retenir le premier de ces singles, "In Space", paru en 1976, avec "Cosmic Dance" en face B.

De l'expérience SANDROSE où elle était chez Polydor, Rose MERRYL est engagée par la Philips qui édite ensuite les deux autres singles sous ce même nom. Ce single (également publié en République Fédérale d'Allemagne ainsi qu'en Espagne) est aussi le dernier élément de sa discographie à ne pas capitaliser sur son image physique, ses yeux ni ses traits fins de jeune femme qui marqueront plus d'un passionné de variété.

La photo de l'espace est suffisamment judicieuse pour illustrer le propos musical de ce single. Le voyage interstellaire, plus d'un point de vue hippie que Star Wars (pas encore sorti sur les écrans de toute façon, mais pas loin de l'être) se place en effet au cœur de l'intérêt textuel de la ballade "In Space". Toujours, et jusque dans les choeurs, il y a cette aura prophétique pour l'humain de devoir quitter la terre pour s'installer ailleurs.

Ce slow à consonances religieuses rappelle un peu "Old Dom is Dead", titre de l'album de SANDROSE qui s'apparentait le plus à un tube, paru en single lui aussi dans tous les cas. C'est dû à l'esprit folk des années 60 mais transposé aux années 70, avec plus de synthétiseurs, de guitares slide, et bien sûr le chant de Rose MERRYL qui se montre aussi audacieux, donne toute sa puissance, légèrement approximatif mais d'une façon plaisante, comme lorsqu'elle n'avait que vingt ans et débutait dans le métier.

Le chant d'une Française en langue anglaise avec un accent défaillant à son tour peut susciter quelques moqueries, mais comme à chaque fois ceux qui râlent ne peuvent s'en empêcher, rappelons que les Britanniques et les Américains, premiers concernés tout de même, s'en trouvent rarement dérangés. Et puis "In Space", malgré son intro hippie à fond, son pont avec une vraie séquence de lancement de vaisseau spatial, ses multiples effets spéciaux sonores (phaser, écho sur la voix de Rose), n'est pas la curiosité principale de l'objet. Pour les anti-accent franchouillard, il y a la face B !

"Cosmic Dance" est assez rigolo avec le recul, un instrumental space-funk-rock qui s'envole lui aussi très haut dans la nuit infinie, erre au milieu des planètes mais avec plus de vitesse, de groove. Basse en avant, synthés bourdonnants ne font cependant pas d'ombre au chant d'une Rose MERRYL toujours aussi présente mais différemment. Elle se contente de faire des vocalises ou des "nanana" énergiques sur le "refrain".

Non seulement c'est sympathique, mais cela reste assez inédit pour elle. Certains amateurs y retrouvent avec plaisir une partie du passé rock progressif de la chanteuse, même s'il faut reconnaître qu'en plus de cinq minutes, le ton de cette "danse cosmique" aurait pu être plus aventureux. Rien à voir cependant avec les deux autres singles publiés en 1976-77, en français cette fois, et qui s'ancrent davantage dans la variété classique.

D'un point de vue collaboration musicale, un seul nom apparaît sur le 45-tours en dehors de MERRYL, celui de Jean-Pierre Goussaud, son futur mari, compositeur et directeur musical attitré. Rose s'envole petit à petit, mais ce n'est pas la science-fiction qui va faire son succès !