La secte des adorateurs de JELLYFISH, le groupe météorique de power pop du début des années 90, ne tenait plus en place depuis l’annonce. Trois ex-membres du combo se sont réunis pour enfanter d’un EP de quatre titres, premier né d’une potentielle série de trois volumes si l’accueil de ce volet inaugural n’est pas trop glacial. Présentons les coupables : The LICKERISH QUARTET est, comme son nom tiré d’un porno soft italien des 70s ne l’indique pas, un trio constitué de Roger Joseph Manning Jr., une des deux têtes pensantes de JELLYFISH, d’Eric Dover (venu rejoindre le groupe sur la tournée Split Milk et partenaire de Manning dans IMPERIAL DRAG) et de Tim Smith (bassiste sur Spilt Milk et sa tournée, chez UMAJETS, puis accompagnateur de pointures comme Sheryl CROW)*.

Manning s’échine à rappeler que ce nouveau projet n’est pas la réincarnation de JELLYFISH. On opine poliment du chef, n’empêche qu’en l’absence de son partenaire reclus Andy Sturmer qui ne souhaite pas revenir dans la lumière, on n’en est pas loin, tant au niveau du casting donc, que du contenu musical. Les mêmes références sont ici convoquées. « Fadoodle » (un verbe délicieusement suranné pour signifier forniquer) est une piste légère, ludique et badine qui rappellera 10CC, QUEEN, SPARKS et ABBA, la planante « Bluebirds Blues » évoquera à nouveau 10CC, AMERICA et ELO, « There is a Magic Number »**, les BEATLES, canal McCartney et CROWDED HOUSE et le formidable mini space opera « Lighthouse Spaceship » rassemblera tous les modèles déjà cités avec ELO pointant sa tête au-dessus de la mêlée (jusqu’au graphisme de la cover du single rappelant celles du groupe de Jeff Lynne).

Ça fait beaucoup de name-dropping diront certains. C’est fait exprès, c’est encore et toujours le reproche qu’on pouvait faire à JELLYFISH. Manning ne cache pas ses influences et ne cherche pas à révolutionner la musique. Mais qui pourra se plaindre que le bonhomme et ses acolytes aillent piocher chez ces aînés-là pour ciseler leurs ritournelles face à la frilosité mélodique d’une certaine pop actuelle ? Ajoutez à cela une intelligence des arrangements de tous les instants (jamais deux couplets ne sont identiques et deux ou trois écoutes sont paradoxalement nécessaires pour s’imprégner de titres pourtant accrocheurs), des harmonies vocales de haute volée, un plaisir de jouer ensemble communicatif et faute de vaccin contre le Covid-19, vous obtiendrez le meilleur remède à la morosité du moment. Vivement la prochaine livraison de ce talentueux ménage à trois !

* Jeremy Stacey à la batterie, en disponibilité de chez KING CRIMSON, est seulement invité.
** Également en version acoustique sur YouTube.