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Regina CARTER - Swing States: Harmony In Battleground (2020)
Par DERWIJES le 2 Novembre 2020          Consultée 1223 fois

Peu importe le pays où elles prennent place, les élections présidentielles sont toujours une sacrée foire à l’empoigne. Mais les Etats-Unis, fidèles à leur devise « Bigger, Bolder and Dumber », transforment tous les quatre ans leur pays en un champ de bataille. Chez eux les élections sont une guerre entre les rouges et les bleus (pas plus de deux couleurs, sinon ça s’harmonise mal), et cette élection en particulier est encore pire que les autres avec ce contexte fort sympathique aux ambiances de fin du monde.

Heureusement il y a quand même quelque chose de bon à tirer de tout ça : un nouvel album de Regina CARTER. La violoniste de Détroit est toujours un régal, et cette nouvelle offrande souhaite, comme son nom l’indique, accomplir l’impossible en unifiant les deux Partis grâce à l’Harmonie de la Musique. Le nom de l’album vient de ces Etats indécis qui ne votent pas en bloc pour le même parti (à l'inverse de l'Alaska, indécrottablement Républicain). L’idée est de reprendre les hymnes de ces Etats, aussi bien les officielles que les officieuses, afin de montrer qu’au-delà des nombreuses et profondes fractures sociales divisant le pays, la musique est encore ce qui permet le mieux de faire battre les cœurs à l’unisson. C’est joliment sentimental, et ça permet de mettre en valeur ces Etats dont on n’entend pas souvent parler en dehors des périodes électorales.

Elle a formé pour l’occasion un nouveau groupe intitulé le Regina Carter’s Freedom Band, composé de Harvey MASON à la batterie, de Jon BATISTE au piano, de John DAVERSA à la trompette, de Kabir SEHGAL à la basse et aux percussions, et d’Alexis CUADRADO aussi à la basse. Chacun des musiciens à le droit de placer un petit monologue avant les morceaux pour expliquer ils ont choisis de l’inclure sur l’album. C’est Regina Carter qui ouvre le bal le temps d’une courte introduction pour résumer succinctement l’idée du disque.

Commence ensuite « Georgia On My Mind », un début ambitieux ! Le groupe à le flair de ne pas se risquer à copier l’immortelle version de Ray CHARLES et en propose plutôt une lecture mettant l’accent sur l’aspect remuant du morceau. Après tout n’est-ce pas en Georgia, Sweet Georgia que la soul et le rhythm & blues ont faits leurs premiers pas ? Le disque plaira aux amateurs de géographie américaine, et même si je n’ai jamais mis les pieds je pense que les collègues et les lecteurs ayant eus l’occasion de se promener chez l’Oncle Sam seront d’accord avec moi : on peut dire ce que l’on veut du pays, mais la variété et la splendeur des paysages qu’il offre est à couper le souffle.

Et tenez, en parlant en souffle coupé, le Freedom Band nous invite à un peu d’escalade avec « Rocky Mountain High » dans les montagnes du Colorado si chères à John DENVER (pour l’anecdote, saviez-vous que le morceau fut censuré par certaines radios qui pensaient que le titre faisait référence à la drogue ?). Le violon de Regina Carte y joue les montagnes russes, montant et descendant dans les tons sans cesse pour une sacrée cavalcade. « Dancing in the Streets », c’est le retour à la maison auprès de la Motown à Detroit. Mais on est très loin de MARTHA & the VANDELLAS et bien plus loin encore de BOWIE & JAGGER (ce qui n’est pas plus mal pour le coup). Le groupe choisit de la jouer d’une manière lente et solennelle pour rappeler que ce morceau fut utilisé par les protestants durant le Civil Right Movements. La transition est toute trouvée pour passer ensuite à « We Shall Overcome », faut-il la présenter ? Un morceau intemporel qui vieillit comme du bon vin.

Revenons-en plutôt à la géographie avec « You Are My Sunshine » qui fait penser à une nonchalante promenade en bateau à vapeur sur les bords du Mississippi, une promenade à la Tom Sawyer plutôt qu’à la Nigloland. Toujours aquatique, « Swanee River » explore les marécages de la Floride, faites attention aux crocodiles et aux Floride Men. On continue sur la thématique des bateaux avec « Faygo Boat Song » qui nous emmène à la pêche sur les Grands Lacs du Michigan. Délaissons les bateaux et laissons le vent des grandes plaines du Midwest nous sécher le temps de « Home in the Range », voilà qui donne envie de ressortir son exemplaire de My Antonia !

L’album aurait pu, et il aurait même dû, selon toute logique, être trop lourd, trop politisé ou au contraire trop sentimental, tout praliné de guimauve dans un message d’amour et d’union.
Mais que nenni : Le Regina Carter’s Freedom Band s’en sort haut la main en nous livrant une œuvre passionnée et ô combien enthousiasmante. Comme promis il n’y a que la musique qui compte, et ils la font briller. Aujourd’hui on ne sait plus si on doit avoir peur ou avoir pitié des Etats-Unis, s’il faut rire ou pleurer de ce qui s’y passe. Cette évocation des beautés naturelles du pays rappelle que peu importe ce que l’avenir nous réserve, il y a aura toujours cet héritage musical dans lequel nous pourrons nous plonger avec délectation, et ça, ça fait un bien fou.

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   DERWIJES

 
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- Regina Carter (violon)
- Jon Batiste (piano)
- John Daversa (trompette)
- Kabir Sehgal (basse, percussions)
- Alexis Cuadrado (basse)
- Harvey Mason (batterie)


1. Welcome To Swing States From Regina Carter
2. Georgia On My Mind
3. Rocky Mountain High (colorado)
4. Dancing In The Street (detroit, Michigan)
5. Jon Batiste 504
6. You Are My Sunshine
7. We Shall Overcome
8. Harvey Mason In Kansas
9. Home On The Range (kansas)
10. John Daversa In The Everglades
11. Swanee River (florida)
12. Pennsylvania
13. On Wisconsin!
14. Faygo Boat Song (michigan)



             



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