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1961 Please Mr. Postman

The MARVELETTES - Please Mr. Postman (1961)
Par LE KINGBEE le 2 Décembre 2020          Consultée 828 fois

Si aujourd’hui l’écoute du premier disque de ce groupe de collégiennes dans leurs belles tenues du dimanche peut faire sourire avec une certaine compassion, il ne faut pas oublier qu’à l’orée des sixties, elles ont contribué à donner à la Tamla Motown de Berry Gordy l’un des ses premiers best-sellers.

Originaires d’Insker dans la banlieue ouvrière de la Motor City, Gladys Horton, Juanita Cowart, Georgia Dobbins, Georgeanna Tillman et Katherine Anderson, cinq copines d’écoles, chantent au sein des Casinyets, un ensemble vocal dont le nom est un dérivé de plusieurs contractions : Can’t –Sing- Yet’s (traduisible par Savent pas encore chanter), preuve d'un certain humour. Les cinq jeunes chanteuses bien décidées à réussir changent de nom et deviennent The Marvels.
Lors d’un concours organisé par leur collège pour passer une audition dans les studios de la Motown, le quintette termine à la quatrième place, celle des cons comme on dit en sport. Alors que seules les trois premières récoltent le précieux sésame, les Marvels bien aidées par deux enseignantes parviennent à passer un premier cap devant Brian Holland. Lors de sa seconde audition, le quintette marque des points auprès de Smokey Robinson et Berry Gordy. Gordy croit s’être débarrassé des cinq gamines lorsqu’il leur demande de revenir avec une composition de leur crû.
Gladys Dobbins, la plus douée, propose à ses copines un embryon de chanson qu’elle a commencé à écrire avec William Garrett. Mais la pauvrette doit quitter ses copines afin de s’occuper de sa mère malade et d’un père qui ne voit pas le show-business d’un bon œil. Elle se voit remplacée illico par Wanda Young, mais récupère toutefois quelques billes, étant accréditée sur "Please Mr. Postman".
Premier essai couronné de succès, la chanson permet à la Tamla Motown de décrocher son premier Numéro Un Pop dès septembre 1961. Une aubaine inespérée pour Gordy et les cinq chanteuses rebaptisées The MARVELETTES. Du jour au lendemain, ce modeste ensemble vocal devient l’une des valeurs sûres du label, malgré des changements de line-up, Juanita Cowart étant la seconde à quitter le groupe.
Bien évidemment, la suite s'avère moins rose, les miracles ne se produisant pas tous les jours, loin s’en faut. Mais historiquement, les MARVELETTES ont précédé les SUPREMES de Diana ROSS, Gladys Knight, Marvin GAYE ou Stevie WONDER sur le chemin du succès. C’est bien ce quintette, dont je me moquais plus haut sans méchanceté aucune, qui allait placer la Motown au premier plan.

C’est bel et bien grâce à "Please Mr. Postman", un titre plein de fraîcheur oscillant entre Variété et Soul, que les Marvelettes cartonnent. Pendant 149 secondes, l’Amérique de Kennedy découvre que tout est possible, qu’il ne suffit pas d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche pour devenir un winner. Les BEATLES collent la chanson dans leur seconde galette, les CARPENTERS, célèbre duo sœur/frangin, le remettent au goût du jour au milieu des seventies. Bien sûr, le morceau ne pouvait échapper à une plume alerte et expéditive, c’est ainsi que chez nous, les Kelton adaptent le titre avec "Mr. Le Facteur" et disons que notre belle Nation n’en ressort pas grandie.

Si les Marvelettes peuvent se targuer d’avoir composé le premier Number One de la Motown, les dix autres pistes sont confiées aux différentes équipes d’auteurs-compositeurs du label. Chez Berry Gordy, on ne prenait pas de risques, misant avant tout sur le succès populaire d’un répertoire hyper édulcoré, parfois plus blanc que blanc. Smokey Robinson, Berry Gordy, Holland et Bateman étant les uniques pourvoyeurs du contenu.
"I Want A Guy" avec son fond d’orgue pourrait aujourd’hui gagner le concours de l’ironie ; en effet à peine deux ans après la sortie du disque, certaines Marvelettes semblaient plus intéressées par leur vie sentimentale que par une carrière professionnelle faite de tournées harassantes. C’est ainsi, au grand dame de Berry Gordy, que Wanda Young convole en juste noce avec Bobby Rogers, membre des MIRACLES, que Katherine Anderson se marie avec Joe Schaffner, manager des TEMPTATIONS, tandis que Georgeanna Tillman met le grappin sur Billy Gordon, chanteur des Contours. Prémonitoire ou pas, ce titre navigue entre Soul et Variété. "So Long Baby" reprend les bases des ensembles Doo-Wop de la fin des fifties : une voix de tête (Gladys Horton), un chœur qui reprend jusqu’à plus soif le refrain et une orchestration sans envergure. Même chose pour "I Know How It Feel" avec une batterie plus présente et un saxophone qui tente d’insuffler un peu de vitamines.
Initialement enregistré par les Smokey ROBINSON & The MIRACLES, "Way Over There" en face B nous paraît plus énergique que l’original. Si le titre fait l’objet d’une reprise des TEMPTATIONS, Edwin STARR en délivre une version pleine de vigueur et d’envie, lui redonnant un sacré coup de jeune. Avec son intro d’orgue genre Bontempi, "Happy Days" évoque de nombreuses adaptations Yéyé souvent bien fadasses. "You Don't Want Me No More"⃰ ne parvient pas à retenir l’attention, l’orchestration semblant bien datée tandis que les arrangements correspondent malheureusement à la production de la Motown du début des sixties. "All The Love I Got" propose plus d’énergie, Gladys Horton semble en donner un peu plus, malgré une orchestration largement obsolète. "Whisper" reprend les fondements du registre Doo-Wop tandis qu’en clôture on nous refourgue "Oh I Apologize" gravé quelques mois plus tôt par Barrett Strong pour la même écurie. Là nul doute, les MARVELETTES ont toutes frotté leurs fonds de pantalons sur les bancs d’une église. Le titre procure un agréable parfum issu du Gospel. Lonnie Mack reprendra le titre sans guère de conviction.

Si le single "Please Mr. Postman" a marqué les esprits, réussissant à monter sur la plus haute marche des classements, le reste de l’album paraît aujourd’hui bien périmé, comme passé de mode, à l’image de nombreuses productions de la Motown. Au début des années 80', suite au décès de Georgeanna Tillman, plusieurs membres des MARVELETTES intentèrent une action en justice contre la Motown pour cause de royalties non payées, une pratique courante de ce label.

⃰ Titre homonyme à ceux de Barbara George et Major Lance.

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   LE KINGBEE

 
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- Gladys Horton (chant, chœurs)
- Katherine Anderson (chant, chœurs)
- Juanita Coward (chant, chœurs)
- Georgeanna Tillman (chant, chœurs)
- Wanda Young (chant, chœurs)
- Robert White (guitare)
- Joe Messina (guitare)
- Smokey Robinson (piano, orgue)
- James Jamerson (basse)
- Marvin Gaye (batterie)
- Jack Ashford (percussions)
- Eli Fontaine (saxophone)


1. Angel
2. I Want A Guy
3. Please Mr. Postman
4. So Long Baby
5. I Know How It Feels
6. Way Over There
7. Happy Days
8. You Don't Want Me No More
9. All The Love I Got
10. Whisper
11. Oh I Apologize



             



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