Ketama est sûrement le représentant le plus connu de la mouvance née dans les années 80 en Espagne, appelée le nouveau flamenco, qui consiste à introduire dans du flamenco traditionnel des instruments non habituels pour ce style, tels que la basse ou les percussions.
Depuis leur formation au milieu des années 80 jusqu'à la première moitié des années 90, le groupe des Carmona (deux freres et leur cousin) évoluait dans un nouveau flamenco tout de même assez proche du vieux flamenco (le style étant à ses balbutiements).
Ketama a ensuite connu une grosse évolution musicale, ainsi que la reconnaissance nationale en 1995, à la sortie de leur premier live, constitué d'anciens morceaux entièrement repensés pour pouvoir introduire un groupe complet. Et ce n'est que deux ans plus tard que leur chef d'œuvre voit le jour.

Konfusión constitue l'apogée de la musique de Ketama.
Le vieux flamenco d'antan est mis au goût du jour grâce à l'incorporation des guitares flamencas dans divers styles, principalement le funk et le jazz, tout ceci dans la cohérence la plus totale, comme peut le montrer "Pokito A Poko", véritable funk aux puissants cuivres, où les guitares flamencas remplacent à merveille les cocottes funky que l'on trouve habituellement. On a même droit à un solo du plus bel effet.
Dans la même lignée, on trouve "Konfusión", le morceau-titre, une rythmique toujours funk, des cuivres et un clavier plus jazz, un refrain qui ne sort pas de la tête, "Para Vivir", où les percussions font rôle égal avec la batterie et où les cuivres nous font penser à quelques grands du jazz, ou "Pasará", la chanson la plus flamenco de l'album, et l'une des plus réussies, où les guitares sont seulement accompagnées de la basse fretless, toujours aussi jouissive, des quelques percussions et des battements de mains typiques du flamenco.

A côté de tous ces aspects très rythmés, Ketama montre aussi un côté beaucoup plus doux, plus axé sur les guitares que sur la section rythmique. En sont pour preuve "Estatua De Sal", magnifique bossa, plus triste et plus atmosphérique qu'une bossa normale, de par les accords utilisés et l'utilisation des claviers, "Karta Kanción" une autre bossa, accompagnée d'un léger piano jazz, "Labios De Koral", ballade assez bateau et d'un niveau en dessous du reste, mais tout de même agréable à écouter, ou le magnifique final "Ya Se Marcho", appuyé par le magnifique chant d'Antonio Carmona, digne des plus grands, est simplement accompagné de la guitare, pour un résultat triste et riche en frissons. Ajoutés à tout ceci deux instrumentaux, "Machukita" où guitare flamenco et jazz se répondent sur un rythme latin et "Mi Manantial" qui nous montre comment une guitare peut faire monter les larmes aux yeux.

Ketama se permet aussi une touche d'exotisme sur "Espiritu Kañi". Composée de rythmes et de chants africains, elle est aussi de qualité inférieure aux autres compositions. Sur "El Oasis De Los Dioses", le single de l'album, Antonio et Khaled, invités pour l'ocassion, se livrent une question réponse, chacun dans leur langue respective, sur une composition très dansante (du moins si on aime danser le flamenco). Ketama, grâce a cet album à la fois original et varié, a conforté ainsi son succès nouvellement imposé, qui a encore grandi depuis, mais qui, malheureusement, a du mal à franchir les Pyrénées.