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- Style : Dimitri Chostakovitch

Leos JANACEK - Le Conte (vesterman, Giraud) (1923)
Par SASKATCHEWAN le 29 Décembre 2020          Consultée 946 fois

Parmi les compositeurs qui font le lien entre le XIXème siècle romantique et le XXème siècle moderne, le Tchèque Leoš JANÁČEK (prononcez : "Léoch Yanaaatchek") occupe une place un peu en retrait, masqué par des mastodontes comme STRAUSS et MAHLER. Le natif d’Ostrova, en Moravie, a reçu une reconnaissance tardive, principalement pour sa musique de scène. À l’image de BARTÓK ou de STRAVINSKY, il s’est beaucoup intéressé aux musiques traditionnelles de son pays. Grand amateur de littérature russe, il a mis en musique les œuvres de Gogol, Tolstoï et Dostoïevski.

Au croisement de toutes ces influences, on trouve une œuvre d’apparence modeste, simplement baptisée "Le Conte" ("Pohádka" en tchèque). Là encore, c’est dans l’œuvre d’un écrivain russe que JANÁČEK a puisé son inspiration : Le Conte du tsar Berendeï, histoire populaire mise en vers par le poète romantique Joukovski. L’infortuné monarque, pris à se désaltérer dans un puits qui ne lui appartient pas, doit céder son fils à l’immortel Kachtcheï qui règne sur le monde sous-terrain. Le tsarévitch Ivan ne se laisse pas faire, et gagne même une épouse dans l’aventure, la très belle et très sage Maria.

Pour autant, la composition de JANÁČEK n’est pas l’illustration sonore des péripéties d’Ivan et Maria. C’est tout au plus une évocation qui reprend librement le canevas proposé par Joukovski. Le Conte est divisé en trois mouvements où n’interviennent que deux instruments : le piano et le violoncelle. La durée de l’ensemble n’excède pas un quart d’heure, ce qui suffit au compositeur tchèque pour faire valoir ses arguments.

D’emblée, le piano, par petites touches, peint un paysage merveilleux nimbé de brume (premier "Con Moto"). Le violoncelle se glisse dans les interstices et répète à l’envie les thèmes qu’on lui suggère. Quand le clavier s’énerve, s’inquiète, le violoncelle se limite à un pizzicato discret. Le voilà tout d’un coup qui mène la danse, grinçant à qui mieux mieux un thème sinistre. CHOSTAKOVITCH, éternel glaneur de notes torturées, reprendra ce motif dans son Concerto pour violoncelle n°1.

Le second mouvement partage avec le premier une indication ("Con Moto") et une atmosphère merveilleuse, qu’il relève d’un soupçon de nostalgie. Le dialogue mimétique qui se noue entre les deux instruments évoque les jeux de l’enfance. Une jeu qui finit mal : les deux solistes semblent lutter pour prendre le dessus, et c’est finalement le piano-tsarévitch qui étouffe le violoncelle Kachtcheï. Néanmoins, celui-ci ne tarde pas à prendre sa revanche : l’ "Allegro" lui fait la part belle. Les deux instruments tissent ensemble une trame mélodique remarquable, à la fois calme et envoûtante. Kundera proposera ce morceau énigmatique pour accompagner l’adaptation cinématographique de l’Insoutenable Légèreté de l’être.

Ces quinze petites minutes de grâce et de beauté s’achèvent brusquement, comme on tire le rideau d’un théâtre de marionnettes. Le charme n’a pas cessé d’agir ; le disque semble revenir de lui-même au premier mouvement, car un conte que l’on n’a pas répété cent fois au coucher n’est pas un conte. Agnès VESTERMAN, au violoncelle, et Bertrand GIRAUD, au piano, en ont réalisé une très belle interprétation captée dans une église de Saint-Pétersbourg. C’est une mise en bouche idéale pour apprendre à savourer la musique de JANÁČEK, dont la richesse fabuleuse n’a rien à envier aux trésor de Kachtcheï l’immortel.


Fiche "Le Conte"
Numéro de catalogue  : JW 7/5
Date de composition : 1923 (troisième version)
Date de création : 1923 à Brno (République tchèque)
Date d’enregistrement : 2003 par Agnès Vesterman et Bertrand Giraud à Saint-Pétersbourg
Références du disque : Agnés Vesrterman et Bertrand Giraud, Kodaly, Janacek, Prokofiev, Anima, 2005

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- Agnès Vesterman (violoncelle)
- Bertrand Giraud (piano)


1. Con Moto
2. Con Moto
3. Allegro



             



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