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- Style : Piotr TchaÏkovski , Antonin Dvorak

Jean SIBELIUS - Symphonie N°2 (berglund) (1902)
Par SASKATCHEWAN le 14 Novembre 2022          Consultée 716 fois

Les détours biographiques sont parfois des ornières. L’Histoire retient que la Symphonie n°2 fut composée en Italie où Jean SIBELIUS séjournait avec sa famille. Il était parti à l’instigation de son ami le baron Axel Carpelan afin d’aller chercher l’inspiration à la source des arts. Des thèses ont sans doute déjà été écrites sur le voyage en Italie comme lieu commun du parcours d’artiste jusqu’à la Première Guerre. Le compositeur finlandais, fidèle à la tradition, y a semble-t-il puisé quelques idées excellentes qui n’ont rien d’italiennes. Quelque chose devait couver là-haut entre les sourcils et le cuir chevelu, des merveilles sonores qui ne demandaient qu’à se débattre à l’air libre, eût-on expédié leur géniteur en villégiature dans l’Artois.

Foin d’Italie donc, mais le pendant nordique de la Symphonie du Nouveau Monde de DVOŘÁK, comprenez un coup de tonnerre dans le ciel tranquille de leur scène nationale respective. L’américaine du Tchèque et l’italienne du Finlandais partagent la même richesse mélodique, le même caractère bariolé, les mêmes envolées grandioses. Les deux œuvres furent accueillies dans leur pays par un succès immédiat, total ; le public voulut y voir un reflet de ses velléités d’indépendance. Que le royaume de Bohême et le grand-duché de Finlande produisissent des musiciens de cette trempe, n’était-ce pas là le signe qu’ils méritaient leur siège à part à la table des nations, libérées de la tutelles des empires ? N’était-ce pas là un juste retour de bâton, une réponse d’orgueil à ceux qui plaçaient MOZART et TCHAÏKOVSKI parmi leurs symboles nationaux ? Les peuples se jettent parfois des partitions à la figure. On voudrait que leurs querelles soient toujours de cet ordre-là.
SIBELIUS, bien que partisan convaincu de la cause finlandaise, se refusait à expliciter le programme de sa Deuxième Symphonie, et de toute autre symphonie d’ailleurs. La musique était ce qu’elle devait être, un point c’est tout. L’ode à son pays, il l’avait intitulée Finlande, aussi devrait-on éviter de prêter trop d’intentions cryptiques à cet homme-là.

Contrairement à la symphonie précédente, qui débutait sur un simple solo de clarinette, ici ce sont les cordes qui lancent les première notes. La clarinette répond sur un air champêtre appelé à subir mille métamorphoses au cours des quatre mouvements que dure la symphonie. L’opposition entre un instrument à vent opiniâtre et une pléthore de cordes n’est pas sans rappeler le dernier mouvement de la Dixième de CHOSTAKOVITCH. La tension dramatique monte peu à peu jusqu’au faux final étincelant, auquel succède une brève accalmie, l’occasion d’une reprise du thème introducteur.

Le second et le troisième mouvement revisitent peu ou prou les mêmes procédés, mais dans une teinte plus sombre. Le murmure du basson est accompagné par un pizzicato des violons, premier acte d’un développement tout en majesté. L’essaim sombre des cordes finit par imposer sa cadence, brusquement dissipée par un éclat des cuivres. Une fois la menace éloignée, les bois se relèvent, puis s’éclipsent à nouveau. Le compositeur joue sur les changements de tempos, comme si les différentes parties de l’orchestre, désorientées, s’empoignaient pour jouer les premiers rôles. Chaque minute fourmille de détails, de nuances, de nouvelles accroches mélodiques. SIBELIUS, c’est l’art d’en dire beaucoup sans s’étendre.

L’urgence du "Vivacissimo", qui s’appuie sur une tornade de cordes, débouche sur une belle mélodie au hautbois, à laquelle vient se greffer directement le final. Le dernier mouvement commence comme un concerto de TCHAÏKOVSKI, avec tout l’orchestre qui s’époumone dans un déferlement grandiose. C’est soir de bal au Palais impérial d’Helsinki. Les convives se pressent dans la salle des miroirs, éclairés par un lustre gros comme un carrosse. On attend la famille impériale, qui visite de plus en plus rarement le grand-duché. En guise d’apothéose, ce n’est pas l’apparition tant attendue d’un Romanov, c’est la bourrasque qui s’engouffre par les fenêtres ouvertes, ce sont les tourbillons de grêle qui viennent griffer les uniformes des généraux et les robes des comtesses. Conclusion sublime, l’une des plus belles du répertoire symphonique.

Premier sommet d’une discographie abondante en chefs-d’œuvre, la Deuxième Symphonie valut à son auteur un triomphe international qui dure jusqu'à ce jour. Les versions pullulent, c’est de toute façon une œuvre dont l’exécution est rarement ratée. Les versions de Karajan ou de Bernstein s’écoutent avec intérêt, mais c’est encore et toujours Berglund qui a tout compris. Plus récemment, le jeune chef Klaus Mäkelä a commis une très belle intégrale. Il y a l’embarras du choix.
Bien conscient d’avoir accompli là quelque chose de définitif, SIBELIUS emprunta d’autres chemins pour ses symphonies suivantes. Il ne s’égara jamais.


Fiche Symphonie n°2
Opus : 43
Date de composition : 1901-1902
Date de création : 1902 à Helsinki
Date d’enregistrement : 1986 par Paavo Berglund et l’orchestre philharmonique d’Helsinki
Références du disque : Intégrale des symphonies et des poèmes symphoniques de Sibelius par Paavo Berglund et l’orchestre philharmonique d’Helsinki. EMI Classics, 2001.

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- Jean Sibelius (composition)
- Pavo Berglund (chef d'orchestre)
- Orchestre Philharmonique D'helsinki


1. Allegretto
2. Tempo Andante, Ma Rubato
3. Vivacissimo
4. Finale : Allegro Moderato



             



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