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2016 Takin' Over

The TIBBS - Takin' Over (2016)
Par LE KINGBEE le 29 Mars 2021          Consultée 1024 fois

Les regrettées Amy WINEHOUSE, tragiquement décédée il y aura bientôt dix ans, et Sharon JONES figure de proue du label Daptone auront, au même titre que Nicole WILLIS, largement contribué à la l’émergence de la vague Rétro Soul apparaissant au milieu de la première décennie du second millénaire.

Parmi une poignée d’excellentes formations souvent confrontées à la portion congrue de la part de nos radios, souvent pressées de nous lobotomiser avec des titres archi rabâchés ou des chansons insipides que des boites de prod. tentent de nous faire ingurgiter par des passages répétitifs, figure The TIBBS. Oui, c’est bien cet octet qui tient le rôle principal de cette chronique et non des radios qui ne fonctionnent que grâce aux émoluments de la Publicité.

Contrairement à ce que pourrait laisser suggérer la première écoute de cet album, la formation nous vient d’Hoorn, bourgade implantée le long du lac de l’Ijssel, à 50 bornes au nord d’Amsterdam. Formée en 2012, la formation avait enregistré un premier single en 2014 pour le label munichois Tramp Record. Faute d’une promotion conséquente et face à une lourde concurrence, le microsillon passait inaperçu. Loin de se décourager, le groupe récidivait avec "Clean Up" un autoproduit se vendant principalement à la sortie de leurs concerts. Car c’est bien sur les scènes du Benelux, en Allemagne et en Angleterre que le groupe allait se faire les dents pendant près de quatre ans.

Saluons comme il se doit, ce premier jet qui vient confirmer les nombreuses heures passées sur scène avec onze pistes pleines d’intensité, à l’image de leurs concerts. Probablement pour se décomplexer et nous détendre, les TIBBS débutent avec "Dog Days" un titre plein d’entrain, cuivré juste ce qu’il faut. "Get Back Tuesday" s’annonce plus dramatique, après une intro de quinze secondes portées par les baguettes de Vas De Vries, un petit orgue farsifa chauffe à blanc la mélodie da"Until We Meet Again" une petite pépite extra lente et hyper berçante qui rappelle certaines productions New Orleans captées dans les studios de Cosimo Matassa. Une petite douceur en droite ligne avec le « You’ll Lose A Good Thing » de Barbara LYNN. Dans une trame similaire, « Wild Way » s’avère tout aussi efficace, le timbre vocal se faisant toutefois plus aguicheur.

En fait, le répertoire des Tibbs se singularise tout simplement par les multiples influences des différents membres. C’est ainsi que "Armada" se dresse lentement entre calypso, bassa et Soft Jazz, l’orgue Hammond tissant un nappage évoquant Shirley et Rhoda SCOTT et leurs confrères masculins Freddie Roach et Big John Patton. Si "Next Time" nous renvoie plus dans un univers Ska avec une prédominance de cuivres, "Suffocated" plonge d’entrée dans une ambiance entre Funk et Rock Steady, un titre nuancé plein de break. "Washed My Hands" reprend tous les codes des productions Daptone, arrangements millimétrés, chant gorgé de douceur mais capable d’exploser de fureur à la moindre étincelle et une orchestration typique du registre Retro Soul. "The Story Goes" s’inscrit plus nettement dans un répertoire proche de la Motown ou des Girl Group de la première moitié sixties.

Enfin, deux reprises de bonne facture viennent compléter la galette : "Cussin', Cryin' & Carryin' On", un inusité de Wayne Carson Thompson repris par Ike & Tina TURNER à la fin des sixties. Si Tina Turner envoyait la sauce sous un fond de guitare funky, Elsa Bekman ⃰n’a rien à lui envier tandis que la guitare d’Henk Kemkes s’avère ici aussi aérienne qu’hypnotique. Une version bien plus authentique que celle de Moondog Medicine Show, groupe de Southern Rock du Maryland dirigé par Lana Spence, un clone vocal de Janis JOPLIN. Seconde reprise avec l’intemporel "96 Tears", seul titre Garage à avoir accéder à la plus haute marche des charts par l’intermédiaire de QUESTION MARK & The MYSTERIANS. Au fil des années, cet étonnant or en barre fera l’objet d’une bonne soixantaine de reprises parmi lesquelles celles de The MUSIC MACHINE, The STRANGLERS, EDDIE & The HOT RODS, les Texas Tornados dans une version live avec accordéon ou plus récemment The Fuzztones sortent du lot. Curieusement le monde de la Soul ne restera pas insensible à la mélodie et au groove du morceau. BIG MAYBELLE, Aretha FRANKLIN dans le célèbre "Aretha Arrives" et Thelma HOUSTON dans une interprétation assez détestable ont repris le titre à leur compte. Là, la voix d’Elsa tantôt mutine, tantôt espiègle ou facétieuse colle parfaitement au morceau. La section rythmique s’avère métronomique à souhait tandis que l’orgue Hammond offre une autre sonorité par rapport au farsifa de la version originale. Un titre qui amène de la gaieté et donne, pourquoi pas envie de se lever pour entamer quelques pas de danse.

Si le répertoire des Tibbs oscille entre des sonorités proches de la Motown, Stax, Hi ou Dap-Tone sans oublier un soupçon de Ska, et d’importants zestes de Northern Soul, il ne faut pas oublier la grande qualité des compositions. Mais plus encore, si ce disque bénéficie d’une qualité d’écriture au dessus de la moyenne, ces sont les arrangements réglés comme du papier à musique et une orchestration Vintage sans le moindre grain de sable qui étonnent. Enfin, la production particulièrement bien léchée et sans surenchère superflue mérite elle aussi une mention, rien d’étonnant à cela quand on sait qu’elle est l’œuvre de Paul Wilemsen, guitariste ayant officié également auprès de Lefties Soul Connection, Zuco 103 et désormais auprès de Michele DAVID.

Allez rien que pour l’indémodable "96 Tears": "Too many teardrops for one heart to be crying - You're way on top now since you left me - You're always laughing way down at me- Cry cry", le disque repassera sur nos platines sans risque d’overdose. De la Retro Soul de qualité, à l’image de la pochette.

⃰ Elsa a quitté le groupe en 2018 pour voguer vers une carrière solo, remplacée depuis par Roxanne Hartog.

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- Elsa Beckman (chant)
- Henk Kemkes (guitare)
- Paul Willemsen (basse)
- Bas De Vries (batterie)
- Paul Jonker (orgue)
- Berd Ruttenberg (saxophone)
- Coen De Vries (saxophone)
- Siebe Posthuma (trompette)


1. Dog Days
2. Get Back Tuesday
3. Until We Meet Again
4. Armada
5. 96 Tears
6. Next Time
7. Suffocated
8. Washed My Hands
9. The Story Goes
10. Wild Way
11. Cussin', Cryin' & Carryin' On



             



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