Pauline Silvant est une chanteuse et musicienne originaire de la région Bourgogne-Franche-Comté. Elle enregistre en 2014 un premier album sous le pseudonyme de Lina, intitulé Poussière d’étoile. Puis c’est à la suite d’un voyage à l’autre bout du monde que sa vie prend un tournant et qu’une nouvelle direction musicale s’impose à elle. Ainsi naîtra Continue !, son second album, qui fait l’objet de cette chronique.

Une jeune femme, sac au dos, accompagné d’un chat, arpente un chemin avec comme horizon des sommets escarpés. Telle est la couverture de l’album. Une invitation au voyage. Musical autant que spirituel, pour communier avec Mère Nature. Une parfaite métaphore de la vie et des difficultés qui peuvent se dresser sur notre route.
Un hennissement, un bruit de galop en guise d’introduction et on rentre de plein pied dans ce disque où l’un des grands points forts est la diversité des thèmes abordés. Amour, sentiments, famille, animaux et environnement, la voix de Pauline se ballade allègrement et avec aisance d’un sujet à l’autre, s’accompagnant tantôt d’un piano ou de sa guitare. La jeune femme a vraiment une bonne humeur ainsi qu’une énergie positive très communicative et on ne peut rester longtemps indifférent au charme qui opère de sa musique. On pourrait d’ailleurs décrire celle-ci comme un mélange de Joni Mitchell, Birdy et Jeanne Cherhal. Le single “Fais le bon choix” (qui a même été clipé) nous amène à nous interroger sur la situation désastreuse dans laquelle nous laissons notre planète et sur le rôle que chaque être humain joue là-dedans. Cette chanson forme, avec “Enfants des océans” et “Mitakuye Oyasin (Tout est UN)”, une sorte de trilogie environnementale (sans aller jusqu’à dire écologiste) qui interpelle intelligemment. On appréciera par la même occasion les bruits de nature parfaitement sentis et intégrés à l’ensemble. Comme sur “Byron Bay”, qui nous transporte immédiatement en Australie. Il est d’ailleurs curieux que le didgeridoo, instrument emblématique du folklore aborigène, ne soit pas présent sur ce titre alors que nous l’entendons sur deux autres du disque. Un petit bémol à souligner mais qui n’altère cependant en rien la beauté et la puissance d’évasion communiquées par la chanson. La chanson “Juliette”, de par sa construction, montre également à quel point Pauline Silvant serait douée pour l’écriture de comptines pour enfants. Une multi-polyvalence qui est clairement à l’honneur dans les compositions de l’artiste.

S’il fallait vraiment formuler une critique, je dirais que malgré toute la cohérence qui s’en dégage, les paroles de cet album auraient sûrement davantage gagné en impact si elles avaient toutes été écrites dans la même langue. Certes la jeune femme maîtrise l’anglais (elle a enseigné cette langue) et ses influences musicales dépassent à coup sûr nos frontières hexagonales, mais un refrain soudain dans la langue de Shakespeare qui déboule après un couplet en français plein d’esprit et de sens pourrait risquer de faire baisser d’un coup l’attention de l’auditeur, qui n’accorderait alors plus du tout la même attention au reste du titre à cause d’une compréhension lexicale incomplète. Ceci est notamment le cas sur “Yolanda” (hommage à la petite-fille de Martin Luther et son discours contre la possession d’armes à feu aux États-Unis) et “Let’s never say (Ne le disons jamais)”. Cette théorie est bien évidemment toute subjective, et Pauline Silvant demeure seul capitaine à la barre de son vaisseau créatif et elle avait sans nul doute de très bonnes raisons de faire les choses ainsi. Mais fort heureusement, Pauline a eu la riche idée de faire figurer la traduction des paroles dans le livret.

Retenons en tout cas que l’on a affaire ici à bien belle pépite musicale. Le disque feel good et rafraîchissant par excellence. On n’a pas seulement envie de dire : Continue ! (comme ça) à Pauline Silvant. On aurait aussi bien envie de la suivre sur le chemin qu’elle se trace dans la vie. Du joli travail.