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FLEESH - Here It Comes Again - A Tribute To Genesis (2020)
Par MARCO STIVELL le 15 Juin 2021          Consultée 1030 fois

En sept années d'existence, le duo brésilien FLEESH a su enchaîner les projets aboutis à un rythme régulier, se constituant une base solide de fans et touchant de plus larges horizons au fil du temps. Le fait sur huit albums, d'en intercaler une moitié dédiée pour chacun à un grand groupe ultra-connu, n'y est pas étranger, certes. Après RUSH, puis MARILLION et enfin RENAISSANCE, quelques semaines à peine séparent ce dernier hommage à GENESIS, celui qui nous intéresse ici. Comme pour les précédents, Gabby Vessoni et Celo Oliveira se montrent généreux en consacrant un double album entier (plus d'une heure quarante) à des reprises dont la sélection s'avère juteuse.

Un excellent point déjà pour le duo qui part de Trespass (1970), comme il se doit, et considère que la date de fin du GENESIS classique n'est pas une question de départs de membres ou non, mais d'époque, années 70 tout simplement. Le dernier album de cette période n'est ni The Lamb Lies Down on Broadway (1974), ni Wind & Wuthering (1977), mais bel et bien And Then Then There Were Three (1978) ; on aurait même pu dire le tiers ou la moitié de Duke (1980) pour pinailler. Toutefois, pas de Duke ici ni rien de ce qui suit. Et, tenez-vous bien, pas de Foxtrot (1972) non plus !...

Du classique, il y en a : "Firth of Fifth", "The Musical Box", "The Carpet Crawlers" et "Dancing With the Moonlit Knight", difficile d'y échapper, mais, autre bon point, la facilité d'un point de vue sélection s'arrête à ces mêmes morceaux. Disons même que "Firth of Fifth", par exemple, quoique très bien interprété et réalisé, n'est pas l'attrait principal de l'ensemble, loin s'en faut. Et même dans ses élans les plus fidèlement scolaires, FLEESH arrive toujours à injecter sa patte, très orchestrale on peut le dire : le hautbois rajouté sur le couplet, la basse goulue qui précède le solo de synthé, le final crescendo avec ses cuivres magiques...

La force des Brésiliens est de tout faire à deux en studio, ou plus précisément un et demie puisque Gabby Vessoni est limitée au chant. Le talent de musicien de Celo Oliveira n'est plus à faire, et même avec l'aide des moyens du home-studio d'aujourd'hui, le résultat est impressionnant. Les parties de guitare de Steve Hackett en solo (sans oublier les arpèges d'Anthony Phillips, même ceux qui suivent son départ) sont plus ou moins respectées à la lettre, celles de Phil Collins à la batterie s'en trouvent presque enrichies. Le mordant de la basse de Mike Rutherford obtient une forme de noblesse "metalisée" tandis que Tony Banks semble à la fois jouer des claviers et diriger un orchestre symphonique. Les arrangements du final de son cher "Afterglow", il aurait très bien pu les écrire lui-même !

Tout n'est pas rose : le solo de Mellotron à la fin de "Entangled" débarque d'un seul coup au lieu d'être amené en douceur, les attaques de cuivres à la fin du passage instrumental de "Ripples" frôlent le kitsch et c'est le cas à deux ou trois autres reprises dans l'album, sans que cela paraisse plus incongru que cela. Les cuivres en revanche qui viennent menacer régulièrement comme sur la partie Broadway de "Fly on a Windshield" sont impressionnants, idem pour ceux qui parviennent à rendre "Looking for Someone" encore plus maléfique et dérangeant ! Pour ne pas citer plein d'autres surprises que nous réserve FLEESH...

Et la chanteuse dans tout cela ? Au centre de l'attention, Gabby Vessoni se montre à la fois prévisible et agréable, mais ce serait indubitablement meilleur si il n'y avait pas eu cette fâcheuse décision de lui apposer une fine couche d'Auto-Tune, Melodyne ou je-ne-sais-quoi qui donne un sentiment de trop propre et lisse au sein d'un ensemble artisanal authentique, d'autant plus que ce n'est pas la première fois. Ne crions pas à l'hérésie trop vite néanmoins, car même si c'est GENESIS, la qualité est là, évidente aussi et elle permet régulièrement de passer outre ce choix. Personnellement, comme GENESIS a toujours été un équilibre parfait entre pop et progressif, petits et longs morceaux, ses mélodies et son tempérament musical m'ont toujours donné à penser que ses chansons pouvaient fort bien être interprétés par une femme. J'ai même souvent désiré l'entendre !

Alors oui, c'est le mot-image "femme" dans le sens auquel je préfère me référer, c'est-à-dire pas franchement celui de la punkette-metalleuse libérée-folle-furieuse auto-revendiquée qui préfèrerait largement chanter KING CRIMSON ou VAN DER GRAAF GENERATOR. Gaby Vessoni, qui n'est pas non plus Annie Haslam, joue la carte de la délicatesse, sans variation ; certains diraient trop pour l'un, pas assez pour l'autre. Mais c'est un chant appréciable, qui colle parfaitement à la musique de GENESIS, sans chercher à imiter les excentricités de Peter Gabriel ni le charme direct de Phil Collins. Reste ce traitement sonore souvent regrettable, encore une fois...

Malgré quelques éléments contestables, rien ne pourra m'enlever l'idée que ce double Here It Comes Again, en plus de réaliser un vieux rêve sur tout un album, m'a procuré un plaisir que je ne recherche plus auprès de Steve Hackett et ses tournées-hommages à GENESIS incessantes. "Dancing With the Moonlit Knight" convainc à lui tout seul de la réussite de l'aventure. D'autres chansons inattendues offrent à FLEESH la possibilité de travailler à leur façon les riches ambiances acoustiques du groupe anglais, ce qui nous donne un "More Fool Me" avec choeurs et autres valeurs ajoutées (dans l'esprit "Master of Time" d'Anthony Phillips en solo), un "Dusk" légèrement plus proche de la vague hippie traditionnelle même s'il garde son intro et ses ambiances magiques.

Les basses marquées sur "Afterglow", les montées héroïques de cordes sur "Looking for Someone", les doublures de voix sur "Burning Rope" (excellent choix du millésimé 78 !) et le hautbois sur la partie calme avant solo de guitare plus professionnel qu'à l'origine mais tout aussi émouvant... Tous ces éléments enjolivent, sont une excellente manière de redécouvrir des chansons qu'on a tenu à respecter. L'innovation, c'est bien mais... Difficile de rattraper le niveau d'une reprise aussi colossale que celle de "The Musical Box", avec son orchestre fortissimo sur le "now, now, now!" et le solo de guitares jumelles qui suit !

Ce sont encore quatre chansons courtes qu'il convient de mentionner, où FLEESH tire encore mieux qu'ailleurs son épingle du jeu. Enorme surprise avec "In the Rapids", qui entre sa guitare électrique d'introduction avec chorus, ses cordes dramatiques et Gaby Vessoni qui s'envole à la fin, semble même meilleure que l'originale. "The Carpet Crawlers", bijou interstellaire, semble retrouver un nouveau souffle avec, pour ne citer que lui alors que tout est au même niveau de grâce, un arpège de clavier qui tire gentiment vers l'électro, de manière tellement limpide que c'en devient génialissime. J'ai toujours défendu la présence de "Your Own Special Way" sur Wind & Wuthering, et ce n'est pas cette version encore plus soft avec partie instrumentale en apesanteur, totalement magnifique, qui changera cela. Enfin, GENESIS par une chanteuse se devait de proposer "The Lamia", et c'est bel et bien la dernière de l'ensemble. Pour résumer ce que cela donne concrètement, j'en ai eu des frissons ! Coup de coeur pour ce duo, ce double album de reprises !

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   MARCO STIVELL

 
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- Gaby Vessoni (chant)
- Celo Oliveira (tous les instruments)


1. Dancing With The Moonlit Knight
2. Burning Rope
3. Firth Of Fifth
4. Dusk
5. Looking For Someone
6. Ripples...
7. Afterglow
8. More Fool Me
9. In The Rapids
10. Fly On A Windshield
11. Mad Man Moon
12. Entangled
13. The Carpet Crawlers
14. The Musical Box
15. Your Own Special Way
16. The Lamia



             



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