LIAISONS DANGEREUSES, ou la fine fleur de la Neue Deutsche Welle. Certes, cette scène est surtout connue pour GRAUZONE, FALCO ou encore TRIO et son célébrissime "Da Da Da (Ich Lieb Dich Nicht, Du Liebst Mich Nicht)". Cela dit, le trio qui nous intéresse ici, bien que très éphémère, est d’une importance capitale non seulement pour la scène allemande post-Krautrock, mais aussi pour toute la scène techno, encore balbutiante en 1981.

Le groupe est né de la rencontre entre Beate BARTEL, jeune berlinoise ayant fait ses armes en compagnie des premiers membres de EINSTURZENDE NEUBAUTEN, Chrislo HASS, ex membre du légendaire D.A.F ainsi que de Der PLAN, et d’un certain belge francophone répondant au doux nom de Krishna GOINEAU.

Tout commence avec "Mystère Dans le Brouillard", electro mi tempo fortement matinée d’indus. "Los Ninos Del Parque" est sans l’ombre d’un doute le morceau le plus culte de l’album ; et accessoirement, un des plus samplés de l’histoire. Si la techno devait avoir un titre qui soit son verset fondateur, ce serait indubitablement ce titre qui sent si bon la sueur et les effluves d’opiacés d’un dance floor improvisé dans un garage à l’abandon. Irrésistible.

Et que dire du très sec et nerveux "Etre Assis Ou Danser" et de son mythique message préventif : "Ses parents l’avaient déjà prévenu / Qu’il ne faut pas traîner toutes les nuits dans les discos". Ou alors la traînante, rampante "Kess Kill Fé Show" (morceau que n’auraient pas dénigré les membres de DEVO). Ou encore l’épileptique et super entraînante "El Macho Y La Nena", avec son solo de synth bass minimal et démentiel. Le final est magistral. A la fois glacial et complètement dynamique, c’est là typiquement le genre de morceau unique maintes fois copié/singé mais jamais égalé."Tu ne connais pas les règles du jeu / Liaisons Dangereuses / Essaye de t’amuser / Ferme les yeux / Pense à quelque chose ».

L’ensemble est excellent voire exceptionnel et ce quand bien même certains passages paraissent, aux oreilles superficielles, un peu bâclés. Il faut dire que nous avons ici à faire à l’unique album d’un groupe qui, à l’origine, ne pouvait objectivement pas se représenter l’impact que ses brèves et intenses sessions d’enregistrements en plein cœur de nuits tout à fait blanches allait avoir sur le monde de la musique électronique.

L’archétype même de l’album composé dans l’urgence et guidé par une intuition tout à fait sûre et solide. Peut-être encore plus jouissif aujourd'hui qu’il ne l’était hier.
Indispensable dans tous les cas.