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1973 Rot
1974 Blau
1981 Gelb

Conrad SCHNITZLER - Blau (1974)
Par CORNELIUS le 12 Février 2022          Consultée 458 fois

Une grosse basse toute bleue, pour commencer. Et la longue progression au sein d’une montagne de plus en plus peuplée d’êtres féériques et débiles – des chimères analogiques. Le rythme lui aussi devient de plus en plus soutenu, entêtant. Puis tout tend à se confondre, les tonalités descendent et remontent vertigineusement, avant de faire place à une sorte de calme inquiétant, comme une immensité insondable, une mer de brouillard dans laquelle résonnent des étranges accords de chordes. Telle est "Die Rebellen Haben Sich In Den Bergen Versteckt", première partie de cette seconde couleur élémentaire du camarade SCHNITZLER.

"Jupiter" est plus dense et fourmillante. De la vraie musique de laboratoire pas tout à fait clean : tout plein d’insectes sont de la partie, dont un certain moustique plongeant dans vos tympans à intervalles plus ou moins réguliers. Et voilà que le synthé commence à piailler comme un oiseau malade. Les fioles et les éprouvettes se mettent ensuite à déborder de mousse violette et probablement radioactive. Le tout finit par s’évaporer dans une nuit étoilée où des voix de femmes, à moins qu’il ne s’agisse de sirènes de l’espace, viennent compléter le tableau de leurs plaintes à la fois charmantes et grotesques.

Dire que Blau est froid pourrait paraître facile, banal, caricatural surtout. D’ailleurs, il ne l’est pas, ou plutôt si, mais aucunement dans le sens où il serait hostile et inhabitable. Il est lointain, aussi lointain que Jupiter au moins mais, comme son prédécesseur, bouillonnant et organique. En vérité, cette musique est une fête qui ne dit pas son nom, et si cela ne saute pas directement aux oreilles, c’est peut-être parce que nous devrions tout d’abord réapprendre à écouter.

Il va de soi que le terme 'Krautrock', en plus d’avoir été inventé par un journaliste anglais qui, sans doute, se croyait malin et spirituel, ne convient absolument pas à la musique qui nous intéresse ici, pas plus qu’il ne convient à l’ensemble de la scène allemande de l’époque. Plus heureux et surtout objectif est le terme 'Kosmische Musik', auquel on peut très légitimement rattacher Klaus SCHULZE, TANGERINE DREAM ou encore POPOL VUH. Mais sur ce disque, comme partout ailleurs avec le CON, c’est plutôt la pure dérive spatiale qu’il faudrait invoquer ; comme si Kubrick n’avait jamais voulu en finir avec la fin de son 2001. Ces deux faces d’un même ensemble nous mènent là où bon nombre d’artistes, bons et moins bons, ont prétendu nous emmener sans en avoir forcément les moyens ni même le profond désir : derrière les apparences, au cœur fumant de la face cachée de toutes choses et de tout être. Nous sommes ici, et de manière aussi pittoresque que déstabilisante, conviés à un grand, un très grand voyage – celui qui nous ramènera notre moi perdu dans l’espace pour cause de négligence informatique et, par extension, morale.

Très pourpre et méditatif, Blau est l’indispensable complément à Rot – en attendant Gelb.

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- Conrad Schnitzler (électronique, divers)


1. Die Rebellen Haben Sich In Den Bergen Versteckt
2. Jupiter



             



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