Billy Talent mériterait un meilleur sort dans notre beau pays. En effet, alors que le groupe canadien remplit des arènes de hockey dans le continent nord-américain et qu’il est adulé chez nos voisins germaniques, les concerts en France se déroulent dans des salles allant de 50 à 300 spectateurs… Ce second album est pourtant une pièce maîtresse de la scène punk actuelle.

Le premier album des Canadiens était plutôt brut et énervé. Celui-ci marque une certaine rupture avec le côté brut, grâce à une très grosse production, mais ne perd en rien la magie du premier album. La voix si particulière de Ben Kowalewicz pourra en repousser plus d’un, c’est certain, pourtant elle apporte un peu de fraîcheur dans un style saturé comme peut l'être le punk.
Dans son ensemble, l’album est assez homogène bien que Red Flag et Devil In A Midnight Mass se distinguent par leur agressivité plus sombre et plus violente que le reste des pistes qui composent le disque. Alors que dire ? Tout simplement que les compositions se révèlent être pleines de spontanéité, de mélodie et d’agressivité. Les tubes sont présents (Red Flag, Fallen Leaves), les pépites aussi : Where Is The Line et ses lignes vocales étonnantes, Surrender pleine de sensibilité sans renier une certaine violence propre au groupe, Worker Bees pour son originalité et ses paroles bien pensées.
Les back vocals sont très utilisés, mais surtout bien utilisés. En effet, leur fonction varie, mais ils servent souvent de fond de mélodie lors des refrains, créant ainsi une sorte d'écho à Ben. De plus, c'est en grande partie grâce à ces vocaux, souvent très agressifs, que l'album garde son côté spontané et vrai.
L'impression générale laissée par l'album est assez paradoxale : les mélodies se retiennent sans grand problème et ce dès la première écoute, et on reste sur une note plutôt positive et joyeuse, qui contraste forcément avec le sentiment d'avoir assisté à une déferlante puissante de punk relativement énervé.

Quelques points noirs cependant : une petite baisse de régime sur les chansons Perfect World et Sympathy au refrain peu recherché, et une batterie plutôt discrète qui gâche le potentiel indéniable d’Aaron Solowoniuk, qui aurait pu sans grand problème s'investir un peu plus, afin de donner à l'oeuvre encore plus de rythme et de tranchant aux compositions.

Billy Talent signe là son petit chef-d’œuvre, plutôt simple, mais absolument efficace en tous points. Une voix, un style, une identité. Billy Talent amène un vent de renouveau sur la scène punk d’aujourd’hui. Spontané mais travaillé, efficace mais recherché, l’album ne pourra laisser de marbre.

Note: 4,5/5