LE BAL DES ENRAGES est un projet assez fou. Créé à l'origine pour une date unique, c'est devenue une tournée axée Punk Rock / Hard Rock qui regroupe, autour de TAGADA JONES une pléiade d'artistes de la scène française parmi lesquels des membres de PARABELLUM, LOFOFORA, LOUDBLAST, PUNISH YOURSELF, BLACK BOMB A et d’AQME. Ceux-ci s’acoquinant pour reprendre des standards issus de la culture Punk, Hard, Rock…
Après un premier album live sorti en 2014, le collectif nous revient avec une nouvelle cuvée de reprises qui se veulent festives et électriques, et qui constitue le premier jalon de ce qui devait être un triptyque qui devait être complété d’un second CD live et d’un DVD fin 2016 (ces deux derniers étant finalement proposés conjointement).

A l’écoute de ce premier volet, le constat est un peu mitigé. Dans un premier temps, il y a lieu de constater que le choix des morceaux proposés confine au sans faute : alliance fine et habile de morceaux anciens et récents, de titres underground et de classiques, successions de morceaux plutôt axés Hard et de titres Punk Rock, mélange de styles… le casting est une totale réussite. Quelle brillante idée, en effet, que de revisiter BAD BRAINS, ROSE TATTO, les BEASTIE BOYS, COLLABOS, ou bien de nous convier à une découverte de la scène canadienne avec COMEBACK KID et BILLY TALENT. Mais si le choix des reprises est particulièrement adroit, on ne peut malheureusement pas être aussi conquis par les interprétations.

Celles-ci ne parvenant que très rarement à égaler en intensité ou en puissance les versions originales.
La faute essentiellement à un son un peu brouillon et à des vocaux systématiquement trop rauques et gutturaux. Certes, nous ne sommes pas dans un style qui privilégie la clarté et la précision du son, mais là, les guitares prennent le parti de rythmiques invariablement grossières et brouillonnes. Et à la longue, c'est un peu lassant. Ainsi le "Smell Like Teen Spirit" de NIRVANA ne parvient-il pas retranscrire la spontanéité et la candeur de l’original. Quant au mythique "Bop Pap Lapidoub", malgré son refrain impayable, il lui manque la fraîcheur et l’impertinence qui en a fait un hymne de l’adolescence des actuels quinquas.

Trop rares sont les fois où la magie opère totalement au point de nous renvoyer au plaisir procuré par les versions les originales. C’est le cas avec les grands classiques que sont le "Paranoid" de BLACK SABBATH et, dans une moindre mesure, le "Rock ‘n Roll" de LED ZEPPELIN. Le final sur le "Heroes" de David BOWIE (l’enregistrement ce cet album live date de début février 2016, soit quelques jours après le décès de ce dernier), est également assez heureux : le groupe laissant apparaître une facette moins "bruitiste" qu’à l’accoutumée, plus mélancolique. Le "Nice Boys" de ROSE TATTOO parvient également, par moments, à nous faire frissonner pareillement, même si la comparaison avec la version proposée par les GUNS ‘N ROSES dans leur EP, G’ N’ R’ Lies, est assez cruelle : on ne retrouve pas ici la même folie, la même authenticité, la même fraîcheur.

Pire encore, l’hommage rendu au regretté Papa Schultz, par ses partenaires de PARABELLUM ne parvient pas à se hisser en termes d’intensité à la version (il faut le reconnaitre, assez exceptionnelle) présente sur Post Mortem Live. C'est assez surprenant si l’on considère qu’il ne s’agit pas là vraiment d’une reprise.

Alors soit, ce jugement est un peu sévère, car il n’est pas évident de se frotter à ces chansons qui sont pour la plupart de grands classiques. Il est également vrai que la carte d'identité de ce projet, qui a de quoi laisser rêveur, a peut-être fait naître des fantasmes démesurés. Et l’on pourrait tout autant louer l’esprit décontracté et festif qui souffle sur ce disque. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un grand album. Et de fait, ce témoignage live, pour tout sympathique et distrayant qu'il soit, peine à convaincre totalement.