Parfois, il est bon de retourner aux essentiels de la cold wave. Ce n'est aucunement de la nostalgie facile mais plutôt un moyen simple et agréable de se remémorer une nouvelle fois les morceaux de qualité qui irriguaient ce courant underground si intéressant. Quelques lignes valent mieux qu'un long discours.
OPERA DE NUIT est le parfait exemple d'un groupe qui sévissait en toute discrétion et en liberté totale au milieu des années 80. Une courte carrière, peu de morceaux et un ticket pourtant rapidement obtenu pour l'accès au titre de formation culte. Les Sudistes de Valréas avec ce quatre-titres donnent un aperçu plutôt pertinent de ce que les mondes sombres pouvaient en ces temps proposer d'excitant.

Sourire de l'Ombre ne vient toutefois pas de nulle part. En effet, il est le prolongement naturel d'Amour Noir, le premier effort du groupe. Ce trois-titres sorti en 1984 esquissait déjà ce que sera l'identité d'OPERA DE NUIT. Une new-wave dansante irriguée par des mots teintés de romantisme sombre. Comme vous êtes sur Forces Parallèles, vous êtes curieux et vous irez donc voir le clip sur internet du hit d'Amour Noir, "Karen Lloyd". Ce sera forcément quitte ou double. Vous pourrez en sourire (je prends les noms) ou en devenir rapidement accro. Un peu comme à l'écoute de ces dix-sept minutes tourmentées.

L'entame avec le titre éponyme est très forte. C'est un concentré puissant de ce style. Les stridents claviers répondent à une batterie endiablée tandis que la voix entraînante d'Erick Adrien nous parle de désir, de souvenirs et de brume. C'est l'archétype (encore une fois) sans doute d'un son, d'une époque mais les années ne semblent définitivement pas avoir de prise dessus. Le groupe avec succès transforme l'essai à travers "Ami ! Amant !", un autre classique du genre. L'alternance entre voix féminine et masculine est ici du plus bel effet. La guitare froide typée qui s'allie à cette rythmique obsédante soutient joliment ces sentiments ambiguës.

Les deux derniers titres sont quant à eux nettement plus tendus. Ils ont par ce soudain aspect saccadé moins évident un léger côté post-punk. Les premières notes d'"Invitation" rappellent le CURE glacial de l'époque de Seventeen Seconds ou nos TANIT hexagonaux. Si les claviers sonnent quand même cette fois-ci un peu vieillots, la voix hantée d'Adrien fonctionne plutôt bien et on le suivrait presque dans sa 'démence'. Peu retenu dans les meilleurs morceaux des Vauclusiens, "Possession" mérite aussi pourtant l'attention. En effet, il combine subtilement claviers, tempo robotique et mots noirs à souhait. Il est une belle conclusion à cette ouverture sur les ténèbres.

Sourire de l'Ombre expose avec conviction un monde tourmenté. Il est de ces productions qui comptent car sous ses aspects qui pourraient sembler anachroniques, son propos est on ne peut plus actuel.