Voilà plus de 20 ans maintenant que Tokyo Ska Paradise Orchestra nous livre leur musique contemporaine mélangeant habilement Ska et Jazz, et pourtant il est inutile de dire qu’en France peu de gens connaissent, même de nom, cette joyeuse bande. Et c’est plutôt dommage. Malgré le fait que la line-up ait beaucoup changé depuis la formation du groupe, il faut avouer que leur orientation musicale n’a jamais connue un changement radical. Wild Peace est donc le dernier album studio sorti à ce jour et se compose de 14 titres à l’ambiance et à la qualité différente.

« Come On », qui fait office d’introduction, annonce la couleur : une musique entraînante, l’ensemble des instruments étant sollicité en plus d’un chant assez agréable. La piste est plutôt dans une optique Ska, en témoigne le break instrumental bien senti, ce qui accentue le côté festif et tranquillisant sans pour autant tomber dans l’indifférence d’une musique de fond.
En ce qui concerne les titres orientés Ska/Jazz, on retrouve « Taiyou No Onegai », le petit tube de l’album, qui se différencie par une introduction au clavier façon années 80 et un thème qui risque de vous hanter pendant de longues heures, car parfaitement exploité. Les différents soli qui organisent la piste sont tous bien pensés et s’intègrent d’eux-mêmes au thème principal, notamment en mettant à contribution bon nombre d’instruments comme les trois saxophones (ténor, alto et baryton) ou encore le fameux clavier. « Better Days Gonna Come » reste également un bon morceau, plus discret par son positionnement dans l’album mais tout aussi complet et réussi.

On retrouve également de beaux morceaux qu’on pourrait plutôt qualifier d’ « ambiance » tant le contraste avec le reste des pistes est important. On assiste ainsi à un magnifique « Walkin’ Alone » joué majoritairement à l’harmonica et dont l’atmosphère de solitude qui y règne est particulièrement prenante. Mais « Pinzoro » rivalise bien avec son ambiance digne du Parrain. Tiens, en parlant du Parrain, la surprise du chef est la reprise d’un des fameux thèmes du film, et « Love Theme From The Godfather » fait des merveilles. On préférerait même la version Ska plutôt que l’originale…

Enfin, Tokyo Ska Paradise a également voulu s’illustrer dans les chansons à proprement parler, et c’est peut-être une erreur, car dans leur majorité ces dernières n’égalent pas les pistes instrumentales. « Hoshi Furu Yoru Ni » est plutôt désavantagée par le chant qui sonne faux, et qui rend l’écoute assez désagréable. « Saphhire No Hoshi » est l’ovni du disque. La bande a fait appel à une célèbre cantatrice japonaise, Chara. Et le résultat final est plutôt décevant, car bien que la chanson ne soit pas mauvaise en soi, elle fait pâle figure face au reste de l’album, figurant comme le vilain petit canard du disque. On a plus l’impression d’écouter un générique tiré d’un manga qu’une chanson à part entière de Tokyo Ska Paradise Orchestra. Bref, à oublier.
C’est finalement « Tuioku No Lilac » qui se placera en pôle position des morceaux chantés, puisque la voix est habilement intégrée, tout en restant ambrée d’émotion, et la ballade se révèle être très plaisante.

Bien sûr, les mauvaises langues pourront dire que les morceaux se ressemblent tous et que la structure est toujours la même. Mais je ne m'en plaindrais pas. Au contraire, chaque piste détient une originalité propre et une atmosphère particulière. Finalement, TSPO nous livre un album référence en démontrant un gros potentiel qui est exploité dans divers styles musicaux. Et malgré tout, la patte TSPO est parfaitement identifiable, et ce n’est pas les quelques erreurs de parcours sur l’album qui iront ternir l’énorme prestation des japonais.

Note : 4,5/5