Quelle belle destinée que celle de rock star ! Voyez donc notre troupeau d'ivrognes post ados de One Step Beyond en passe de devenir de vénérables pères de famille. Eh oui ! La consommation d'alcool a déjà sensiblement baissé pour les échappés de l'asile. Les couvertures continuent à attirer l'attention. On a cette fois demandé aux Londoniens de se souvenir de leur enfance pour ce quatrième album, c'est particulièrement flagrant dans le titre des chansons. N'y allons pas par quatre chemins : les critiques ont fait de cet album de MADNESS leur magnum opus. A l'heure de me replonger dans son écoute, cela ne me semble pas si évident de prime abord.

J'étais un jeune boutonneux de 14 ans la première fois que j'ai entendu le chef d'oeuvre qu'est "Our House". C'était aux Etats-Unis et l'été 83 nous sortait à la pelle les plus grandes chansons de l'Histoire : "Beat It", "Let's Dance", "Baby Jane", "Every Breath You Take", "Billie Jean", "Flashdance" "Maniac", etc. Vous voyez le niveau ? Eh bien cette chanson des Angliches avait le bon goût de toujours attirer mon attention au milieu de cette avalanche de décibels, et c'est là que je me suis pris d'un élan enfiévré pour les dingos, élan qui ne s'est depuis jamais démenti. Il faut dire que "Our House" est un bijou, une orfèvrerie mélodique qui réunit tous les ingrédients si spécifiques du groupe. On sait de qui il s'agit quand on l'écoute, il n'y a aucun doute ! Une merveille.

Et comme rien n'arrive par hasard, le second single de l'album hommage à l'enfance est "Tomorrow's Just Another Day", que tout le monde connaît sans le savoir, le refrain si judicieux et impertinent ferait vibrer les oreilles de n'importe quel grabataire sourd. L'harmonica dépote et Suggs arrache tout sur ce titre drivé par la basse de Bedford. Deux titres de cette trempe sur un seul album, c'est déjà énorme ! On précisera que le seul Chas Smash a composé ces deux odes, faisant ainsi la lumière définitive sur sa présence au sein des louftingues, on le retrouvera au chant sur "Madness" qui clôt l'album dans une ambiance jazzy à la "Fever" de première bourre.

Mais on ne va pas stopper en si bon chemin, la "Nutty Walk" continue sur les chapeaux de roue avec l'éponyme "Rise and Fall", petit hymne pop sur l'enfance, avec un bridge de piano qui se retient comme le goût d'un malabar. Mr Barso est toujours le maître à penser et son "Mr Speaker" est un vrai régal à écouter, et puis l'incongruité "New Delhi"... Il faut l'entendre pour le croire ! Le batteur Woodgate est enfin de sortie avec le réussi "Sunday Morning" aux influences assez caribéennes - si si ça existe ! L'ambiance est moins au ska que d'ordinaire, mais on entendra cependant avec plaisir "Tiptoes" et la rigolote "Calling Cards".

Quel plaisir de redécouvrir cet excellent album comme pour la première fois ! Certains titres appartiennent à la légende. Il est incontestable que MADNESS atteint le statut de légende sur Rise and Fall, et parvient avec "Our House" à s'imposer sur le marché américain, sans pour autant sortir l'album sur les terres de l'oncle Sam. L'album des souvenirs ? Il est encore mieux que cela ! Il est classique et fortement conseillé pour découvrir le groupe !