L’injustice de la postérité, vous connaissez ? En musique, elle est permanente. Combien d’entre vous connaissent le patronyme de la chanteuse ici présente ? Ouais, c’est bien ce qu’il me semblait. Wanda JACKSON était dans les fifties la reine du rockabilly, faisant à l’époque les choux gras des tabloids et autres journaux musicaux ou ados de tous poils. Son importance était considérable. On ne peut hélas attendre d'une société qu’elle soit aussi éclairée qu’elle le prétend, alors malgré ce statut enviable puis une belle carrière de countrywoman, Wanda reste une inconnue pour la plupart des mélomanes en Europe, quelle cata' ! Elle est restée silencieuse depuis 2012, et il a fallu toute la dynamique de Joan JETT pour la convaincre de reprendre le flambeau. Pas si simple à 84 ans !

On a un chouette riff pour embrayer et "Big Baby" nous replonge direct dans le grand chaudron du rock’n’roll. Wanda semble à l’aise et le titre est super agréable. Et donc, la queen of Rock a rejoint la queen of Rockabilly sur cet album pour un paquet de titres qui promettent tant l’association semble filiale et couler de source. "Two Shots" est un rock’n’roll moins tonk que ce qui semble. De la bonne humeur s’en dégage, on ne peut évidemment pas demander à Wanda de chanter comme lorsqu’elle avait 20 ans. Mais quelle joie de constater que sa voix est bien là, reconnaissable entre toutes ! Et Joan aux choeurs qui sert de faire-valoir très clairement, bravo ! Joan a écrit "You Drive Me Wild", un titre qui va à ses deux légendes comme un gant. Un beat blues-rock de belle facture, un esprit simpliste, mais une vibe méchante qui fait l’affaire de tout le monde, ça swingue dur et on a juste envie de taper du pied et de headbanguer : le titre de l’album.

Wanda JACKSON a composé quatre chansons de cet album, on retrouve Joan JETT sur deux d’entre elles : le mid-tempo countrysant "Treat Me Like A Lady" est probablement un peu "attentiste". Un peu plus de gras aux guitares ne lui eût pas fait de mal, mais la mélodie se laisse bien faire. Une lap steel guitare pour un autre slow, cela nous donne "That’s What Love Is" et c’est ici que l’âge de Wanda se fait le plus flagrant. Joan la double pour enrober le titre de son aura. "We Gotta Stop" est en revanche un slow killer, aux jolis arpèges de guitare. Elle chante ensuite "Good Girl Down" avec Candy CARPENTER et Angeleena PRESLEY – ça ne s’invente pas, pas le moindre lien de parenté -. Les "waouh" nous replongent illico dans les ambiances de la fin des fifties. Et malgré son âge, Wanda donne le change sans problème. On reste dans une ambiance bien bluesy.

Une reprise : "It Keeps Right On a Hurtin" fut un grand succès de la country dès 62 ou Johnny TILLOTSON en fit un hit, ensuite repris par Dean MARTIN puis Elvis PRESLEY entres autres – sur le mythique From Elvis In Memphis. Cette version de Wanda reste fidèle à l’originale, la compo très belle ainsi vêtue. Au final, un joli disque plein de bons sentiments, qui s’adresse en premier lieu aux fans de la brunette des fifties. Elle ne démérite nulle part et on peut remercier Joan JETT d’ainsi s’occuper du destin de ses pairs ! Au moins, cela va encourager la rédaction à débuter la discographie de Wanda JACKSON, elle le mérite !