Faisons simple : il n’y a que trois raisons qui ont pu vous pousser à acheter l’album Rushup Edge :
1) Vous êtes schizophrène à tendance psychotique et votre petite voix intérieure vous attire irrémédiablement vers les étiquettes ornées d’un bélier au regard vide.
2) Vous êtes un petit homme vert venu d’ailleurs et entre deux courses-poursuites avec la CIA, vous avez pris le temps d’acheter l’album et de venir zieuter la chronique sur Forces Parallèles (le nom du site vous a tapé dans l’œil vitreux et rose fluo).
3) Vous êtes fans d’IDM, et puisque tous vos proches vous croient mort étouffé par un câble USB, vous profitez de votre assurance-vie pour aller acheter toutes les dernières sorties. Au fait, il est bien le dernier Luke Vibert ?
L’alien étant le seul à avoir fait l’effort de venir sur le site, je vais m’adresser à lui (toi ?) en particulier.

Fébrile, tu insères ta toute dernière acquisition dans l’autoradio de ta soucoupe volante. Tu souris : tu viens de reconnaître le son chatoyant du synthé vieillot déjà présent sur l’EP Confederation Trough. Tandis que tu contemples les violets pâturages de ta planète natale en pensée, un autre voyageur stellaire te coupe la route, de la Makina du Centaure à fond dans sa soucoupe tunning. Tu grimaces. En effet, loin des clichés tant répandus sur la musique électronique, The Tuss manie un art délicat, fait de couches d’Ambient inspirées et de sursauts Braindance jouissifs. On notera un peu de Drill n'Bass sur Death Fuck et un chouilla de d'Ambient sur Goodbye Rute.

Hors de toutes ces considérations de genres typiquement terriennes, tu t’amuses à disséquer les sons originaux qui parsèment le disque. Tes petits tentacules gluants s’agitent sur les percussions de Last Rushup 10 qui semblent sortir tout droit de l’imagination quadricéphale de l’un des compositeurs génétiquement modifiés de ta planète. Au fait, il est bien le dernier clone gamma-X de Beethoven ? Ton petit fessier rebondit en rythme sur l’intro de Shiz Ko E, sorte de transcription électronique du bruit que ferait une balle rebondissante sur un bloc de gélatine. Soudain, les glup-glup grésillants de Rushup I Bank 12 assaillent tes quatre conduits auditifs, tu constates avec bonheur le grand retour de la machine à bulle dans les productions de Rephlex. Enfin, les notes acides de Death Fuck résonnent dans le cockpit, tu te remémores ton séjour linguistique sur Terre, avec ces règles-équerres-rapporteurs en plastique bizarre qui font du bruit quand on les secoue. Ici, on a visiblement engagé un virtuose de l’instrument qui agite son bout de plastique avec une habileté hors du commun. Le reposant Goodbye Rute s’achève sur les beats résonnants d’une vieille boîte à rythmes, ultime bizarrerie sonore de cette improbable sortie estivale.

Comme tous les grands disques estampillés IDM, Rushup Edge s’écoute en boucle, 24h/24, 7j/7, dans l’espace ou les pieds dans la crotte de mouton. Sonorités orientales (ou pas ?) sur Last Rushup 10, électronique et tradition sur Rushup I Bank 12, voix lancinante sur l’éclectique Death Fuck, l’album recèle bien des moments de grâce robotique. Dernière création géniale de Richard D. James ou coup d’éclat d’un jeune anonyme ? Qu’importe ! Le nectar que renferme cet album à l’étiquette de bélier est trop pur pour se brouiller d’un buzz de l’abeille internet (voir la chronique de Confederation Trough EP pour connaître les détails de la polémique). Vous l’aurez compris, E.T. et moi on adore The Tuss.