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2017 Tungumal

BUBBI MORTHENS - Tungumal (2017)
Par ERWIN le 15 Décembre 2021          Consultée 940 fois

C’était cet été, ma moitié et moi-même partagions un moment d’exception dans le café du jardin botanique d’Akureyri, capitale du nord de l‘Islande. On vit quelques instants magiques dans une vie, le temps semble s’arrêter et tout paraît se figer autour d’un fugace moment de félicité totale. C’est à cet instant que retentit à nos oreilles une chanson aux consonances latines, visiblement chantée dans la langue locale. D’un même geste, nous ouvrons chacun l’application Shazam sur nos portables - Damnés portables… enfin, ils servent au moins à ça ! -, et c’est ainsi que nous sommes tous les deux tombés sur Bubbi MORTHENS. Je vais aussitôt à la rencontre des disquaires du coin, il y en a plusieurs à Akureyri, ville de 15000 habitants et ouais ! Et me voila reparti avec un butin conséquent de plusieurs CD sous le bras pour découvrir le bonhomme.

Et c’est une sacrée découverte, l’artiste à la tête d’une énorme discographie traîne sa grande carcasse dans les pays scandinaves depuis cinq décennies. Imaginez le statut de Johnny HALLYDAY en France et vous aurez une idée de la popularité du bonhomme dans la terre de glace. En Islande, tout le monde connaît et aime Bubbi, des rappeurs aux black metalleux, il fait l’unanimité de manière étonnante pour nous autres qui sommes habitués aux sempiternelles querelles de clochers ! Alors, je vais pas vous mentir, entre ses dix groupes et sa discographie solo, il y a de quoi sustenter une vie entière de chroniqueur. On débute ici par son petit dernier Tungumal, paru en 2017. Chaque album de Bubbi est visiblement consacré à une forme de musique particulière, il aime brouiller les pistes.

Et donc la voilà, cette fameuse chanson qui nous a alpagués : "Astin Fer Alltaf Sina Leið" ; et de la terre de glace, nous voici transbahutés dans les Caraïbes, jusqu’à Cuba, car ce sont des percussions dignes de Ray BARETTO et un titre au rythme et à l’apparence salsa que nous avons là. Il s’agit pourtant d’une composition originale, pas l'adaptation d’un classique de la patrie d’adoption du Che. La ligne de guitare est céleste, l’ambiance enfiévrée, et quelle merveille cette manière qu’à Bubbi de chanter le refrain jusqu’à la lie, comme pour nous l’enfoncer davantage dans la caboche ! C’est promis, j’écouterai ce titre devant les statues d’Ernesto Guevara et de Camillo Cienfuegos la prochaine fois à la Havane. Un chef-d’oeuvre qui prend aussitôt place dans le panthéon des mes chansons préférées, je peux pas mieux vous dire. "L’amour trouve toujours son chemin"... c’était écrit !

Mais ne soyez pas pressés, il y a d’autres sommets sur cet opus. "Rökkurljos" est plus lente et chaloupée mais quasiment de la même qualité. Cette guitare qui égrène des notes fantomatiques est magnifique et le chant de Bubbi, plein de désespoir, à l’avenant. Pas un seul instant l’Islandais ne choque sur ces ambiances exotiques tropicales, c’est hallucinant ! La guitare et les percus continuent de distiller à ces chansons en islandais une identité cubaine, c’est brillant mais tellement incongru !
"Það Er Þannig Sem Það Er" sort du même tonneau. Le rythme est plus brésilien sur l’ensoleillée "Skýin Hafa Vængi", avec cette improbable guitare SHADOWS qui continue de driver les chansons avec beaucoup d’allant. Le titre d’ouverture "Ég Er Maður Margra Galla" situe toujours les hostilités en Amérique du sud, peut-être un brin plus mexicain cette fois, mais la qualité est omniprésente.

Une ballade de cowboy islandais ? Ça donne "Ég Hef Enga Skoðun" et ses jolis choeurs aériens. D’ailleurs, le rythme soutenu de "Bak Við Járnaðan Himin" évoque les pistons d’un train dans les plaines de l’ouest américain. Sur "Tunga Svipunnar", la guitare SHADOWS prend à nouveau le relais et impose un style sophistiqué qui nous rapproche pas mal de Chris ISAAK. La gratte crépusculaire soutend "Konur", et le voix de Bubbi chante cette complainte avec un talent consommé, voyez donc si vous ne reprenez pas vous-même les "talatala".

Est-on si loin des conceptions de la musique d’un LAVILLIERS sur "Sól Bros Þín" qui joue plus la carte d’un aspect pop voire presque variété ? Ce refrain taillé pour les radios ne trompe pas ! Beaucoup d’efficacité et un savoir-faire évident. Ce "sourire au soleil" est bien positif et lumineux en tout cas ! En Islande, les nuages ont des ailes et c’est bien vrai ! Alors, Bubbi chante "Skýin Hafa Vængi" puis "Skilaðu Skömminni" nous renvoie à une pop gorgée de percussions toujours très laidback.

"Choen Blùs" est le seul titre de cet ensemble qui rappelle le tellurisme de l’Islande, à l’image des compositions d’ASGEIR ou de MUGISON. La guitare y volette et les paroles semblent droit sorties d’une saga. Enfin, "Guð Blessi Ísland" est une comptine acoustique à la gloire de l’Islande comme tout le monde l’aura compris. Les Islandais aiment communier en chantant ce genre de titres qui les fait se sentir si proches les uns des autres. Il y a des endroits où la cohésion nationale existe encore.

Voilà le genre de découverte qui remet tout en question dans la vie d’un chroniqueur. Imaginez donc qu’il existe dans chaque pays un artiste majeur, aimé de la majorité, qui soit original et totalement inconnu internationalement. Ce serait une sacrée gageure que de vouloir explorer tous les pays du monde entier et leurs artistes principaux. Pour le coup, ici, dans mon pays de coeur, la surprise est de taille, alors que j’ai déjà pleinement conscience de la vivacité incroyable de l’Islande en matière artistique. A présent, il va falloir explorer Bubbi MORTHENS, ses quarante albums solo et la dizaine de groupes qu’il a fondés. Nous voilà bien ! En tout cas, Tungumal est quasi parfait de bout en bout, que d’excellents titres ultra-exotiques et pas un seul instant d’ennui ou d’oubli ! C’est donc un cinq !

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1. Ég Er Maður Margra Galla
2. Rökkurljos
3. Astin Fer Alltaf Sina Leið
4. Skilaðu Skömminni
5. Sól Bros Þín
6. Choen Blùs
7. Ég Hef Enga Skoðun
8. Skýin Hafa Vængi
9. Tunga Svipunnar
10. Það Er Þannig Sem Það Er
11. Konur
12. Bak Við Járnaðan Himin
13. Guð Blessi Ísland



             



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