Après dix albums et presque trente années de carrière, le groupe SPOON reste le même, proposant invariablement cette Pop Rock épurée et flegmatique. Les timides tentatives d’inclure quelques éléments électroniques sur Hot Thoughts (2017) ont fait long feu et le groupe a réintégré le confort et la sécurité de son univers musical habituel. Et ce n’est pas l’arrivée de deux nouveaux membres, Gerardo Larios à la guitare et Ben Trokan à la basse, qui ont fait évoluer les choses.

Alors soit, au détour d’un "Held", une reprise du groupe SMOG, SPOON se fait un peu plus Rock et plus sombre qu’à son habitude, et au travers de "The Hardest Cut" le groupe affiche un son qui lorgne légèrement vers le Rockabilly, notamment du fait de l’usage d’une basse très typée. On pourrait également citer "Wild" qui adopte de faux airs d’OASIS. Mais cela reste bien marginal et le groupe se montre assez vite reconnaissable.
Les fans s’en réjouiront certainement en louant l’efficacité de titres qui, à l’image de "Feels Alright" nous donnent à écouter un groupe très à l’aise pour pondre des morceaux qui oscillent habilement entre Pop légère et un Rock Indie, centré sur les guitares. Surtout que les bons moments ne sont pas rares. On prend en effet un plaisir simple à l’écoute des bons titres que sont le plus rugueux "On the Radio", l’apaisé "Astral Jacket" ou bien "Satellite" et ses faux airs à la John LENNON. Il en va de même avec "The Devil and M. Jones" qui fait un peu penser à un mélange de CUTTING CREW et COUNTING CROWS. Peut-être un hommage déguisé au tube de ces derniers, "Mr. Jones" ?

Lors de sa promotion, le groupe a évoqué l’influence de ZZ Top sur certains morceaux, et notamment sur "The Hardest Cut". Il fait là preuve d’une capacité d’imagination assez remarquable tant il est bien difficile de retrouver le groove et le feeling Rock des Texans. Pour autant, ce Lucifer on the Sofa est un album très agréable. La Pop Rock précise et rafraichissante de SPOON n’a aucune peine a s’imposer à nous en distillant ses petites mélodies et ses arrangements finement ciselés.
D’autant plus que le groupe, sans trop s’éloigner de son style de prédilection, parvient à suffisamment varier les ambiances pour ne pas se montrer lassant. A cet effet, le côté organique "Feels Alright" apporte une heureuse touche de relief et l’aspect plus brut de "On the Radio" permettent de maintenir l’intérêt de l’auditeur. N’exagérons tout de même pas, ces petites incartades à leur style de prédilection sont assez timides et n’ont rien de révolutionnaires. Mais cela permet habilement de maintenir la flamme.

Et si Lucifer on the Sofa ne marquera pas de son empreinte l’histoire de la musique Rock, c’est un album qui reste très agréable a écouter et dont les qualités évidentes devraient lui permettre de trouver une place de choix dans la discothèque des afficionados de Rock tendre et bien maîtrisé.