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2021 Soul Shaker

Robbin KAPSALIS & VINTAGE #18 - Soul Shaker (2021)
Par LE KINGBEE le 22 Février 2022          Consultée 382 fois

Si Willie Dixon a composé "You Can’t Judge A Book By The Cover", cette pochette aurait de prime abord tendance à infirmer la chanson. En effet, les franges et les paillettes de la robe blanche de Robbin Kapsalis offrent une première indication sur le contenu, la tenue vestimentaire rappelant celle de la regrettée Sharon Jones. Le titre ne laisse, lui, aucun doute sur le répertoire proposé par cette native de Chicago, on a affaire ici à de la Soul.

Si Robbin KAPSALIS a vu le jour dans la Windy City, elle a grandi à Atlanta avant de s’établir dans le Maryland. Ses enfants ayant achevé leurs cursus scolaires, Robbin s’est lancée dans la chanson, se produisant principalement en Virginie et dans l’état de Washington. Depuis 2013, elle écumé les clubs et les festivals au sein du Vintage 18 ≠, un trio de vétérans locaux rompus au Blues. Après avoir représenté la Virginie lors de l’International Blues Challenge à Memphis en 2016, la formation a mis en boîte un premier auto-produit salué par la presse spécialisée. Si Vintage 18 ≠ tourne principalement sur la Cote Est (Virginie, Washington D.C., New Jersey, Maryland, Pennsylvanie, Delaware et New York), le groupe s’est forgé une bonne réputation en ouvrant pour Coco Montoya, Lil’Ed & The Blues Imperials, The Nighthawks, Albert Cummings ou la nouvelle star montante Selwyn Birchwood. Il faut dire que sur scène, la chanteuse donne de sa personne, reprenant à sa sauce les ingrédients d’anciennes égéries Soul des décennies antérieures.

D’entrée de jeu, "Shake It Baby" * avec sa basse pleine de rondeurs retranscrit l’enthousiasme du groupe. Le jeu de guitare évoque le phrasé nerveux de Tim Barnes, membre des Blues Rockers de Mick Martin, alors que le timbre vocal rappelle celui de Gladys KNIGHT, ancienne chanteuse des Pips. Cet inusité en provenance du tandem Junior WELLS/Buddy GUY se déguste comme une savoureuse mise en bouche. Changement de cap avec "Lost Souls", titre dont l’intro épicée de cuivres nous renvoie au R&B des fifties comme on le jouait dans les clubs huppés d’Harlem. Après une bonne intro d’une trentaine de secondes se partageant entre le chant et une guitare à la sonorité plus rustique, l’humoristique "Boogaloo" nous expédie sur les bords de la Nouvelle Orléans. Le riff de gratte répétitif et accrocheur se trouve accentué par un bon nappage de cuivres, tandis que Robbin KAPSALIS fait preuve d’une gouaille provocatrice bien dans l’esprit du chitlin' circuit.

Si Robbin KAPSALIS a fait de la Soul son pré carré, on distingue également d’agréables arômes marqués par le Blues, registre dans lequel sa voix puissante demeure efficace. C’est ainsi qu’elle reprend "Living Large", une compo de Deb Ryder. "You Don’t Deserve Me", une chanson d’amour dans laquelle elle déclare à son mari qu’il ne la mérite pas, s’inscrit entre un Blues contemporain et une Soul aseptisée presque trop proprette. Cette coloration Blues est encore clairement palpable sur "Jukin’", titre dans lequel la chanteuse fait l’éloge des anciens juke-joints aujourd’hui quasiment disparus. Conjointement composé avec le bassiste Mark Chandler, "From The Heart of The One" marque une rupture avec le ton de l’album. La guitare de Bill Holter se fait moins bavarde et cette balade d’une simplicité désarmante nous offre un splendide panorama entre un Folk Bluesy à la Tracy CHAPMAN et un Blues électrique plein de douceur lorgnant sur le répertoire de Bennie SMITH. Si "Silver Spoon" fait l’éloge de la Cité des Vents, le titre se détourne aussi sec vers un Blues Rock contemporain comme l’industrie du Blues en sort à la pelle. Un titre dans lequel Holter fait preuve d’une démonstration qui selon nous ne s’imposait pas. Autre piste hautement bluesy avec "The Cannonball" *** pioché dans le répertoire de Lil’Ed & The Blues Imperials. Si l’original du petit homme au chapeau est fortement inspiré par le "Call My Job" popularisé par Albert KING, le groupe donne ici sa pleine mesure et Robbin KAPSALIS témoigne qu’elle doit être capable de mettre le feu à pas mal de planches.

On retrouve une bonne touche de groove avec "Fever", hit popularisé par Little Willie John, transformé plus tard par Peggy LEE en un standard de Jazz sensuel, intemporel, débouchant sur une anthologie interplanétaire. Si le titre a été repris 600 fois, Vintage 18 ≠ parvient à tirer les marrons du feu et ne s’enferre pas dans une orchestration désastreuse à l’image des covers d’Esther Phillips, Ann-Margret, Margie Miller ou Sylvester **. Le disque se ferme avec une seconde version de "You Don’t Deserve Me", piste qui double en termes de durée la version d’origine. Faut-il y voir un titre dans le genre marque de fabrique ou chanson fétiche ou un morceau de remplissage ? Avouons qu’on aurait apprécié un autre morceau en lieu et place de ce remix qui s’éternise indéfiniment pour pas grand-chose.

Alors, si le chant est puissant et si le charisme de Robben KAPSALIS nous semble indiscutable sur scène, ce disque s’inscrit plus dans une orientation Soul Blues que Rétro Soul. Les premières influences déclarées de la chanteuse (Etta JAMES, Koko TAYLOR) demeurent bien palpables et servent de toile de fond à une mixture de Soul Motown et de Chicago Blues. Petit bémol, le guitariste Bill Holter, également propriétaire d’un magasin de guitares, en fait parfois des caisses et finit trop souvent par nous étourdir avec un étalage démonstratif souvent exubérant. On aurait aimé que le saxophoniste Ron Holloway (ex-Warren HAYNES, Susan Tedeshi) soit plus présent, il ne figure que sur quatre pistes. Idem pour les excellents trompettistes Vince McCool (ex-Charles Brown, Tina TURNER) et Thomas Williams (ex-Duke Ellington, Stevie WONDER, Anita BAKER) qui auraient mérité d’apporter un peu plus d’eau à leur moulin. Ne soyons cependant pas trop sévère, ce groupe qui n’a rien d’un groupe de Soul Vintage ou de Retro Soul est capable de faire passer de bons moments à un public nombreux. On regrette juste l’absence d’un guitariste comme Thomas Brenneck (membre des Dap-Kings) ou Petri Toikkanen (équipier de Nicole WILLIS) dont les jeux de guitares plus sobres auraient mis les auditeurs à genoux. Note réelle 2,5.


*Titre homonyme à celui de John Lee Hooker.
** Il doit y avoir bien pire que ces versions qui ne servent ici que d’exemples.
***Titre homonyme à ceux de la Carter Family, Cannonball Adderley, Duane Eddy et The Breeders.

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- Robbin Kapsalis (chant)
- Bill Holter (guitare)
- Mark Chandler (basse)
- Alex Kuldell (batterie)
- Ron Holloway (saxophone)
- Vince Mccool (trompette)
- Thomas Williams (trompette)


1. Shake It Baby
2. Lost Souls
3. Boogaloo
4. Living Large
5. You Don't Deserve Me
6. Jukin'
7. From The Heart Of The One
8. Silver Spoon
9. Fever
10. The Cannonball
11. You Don't Deserve Me - Extended Groove



             



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