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2021 La Commune Refleurira
 

- Membre : Les Ogres De Barback, Mouss Et Hakim, Les Croquants

La COMMUNE REFLEURIRA - La Commune Refleurira (2021)
Par RAMON PEREZ le 8 Mai 2022          Consultée 729 fois

De toutes les infamies que nous aura fait subir le pouvoir ces dernières années, la moindre ne fut pas le refus de commémorer les 150 ans de la Commune (tout en célébrant en grande pompe le plus grand autocrate que ce pays ait connu), au prétexte hallucinant que ce n’était pas la France (feat. Pierre Nora, la vieillesse est décidément un naufrage). Cette chronique n’a ni les moyens ni l’ambition d’expliquer pourquoi cette position est une insulte à l’idée même de France, mais elle rend hommage à ce peuple qui peut encore compter sur ses artistes lorsque ses représentants se fourvoient à ce point. Merci à eux : un peu partout sur son sol ont germé des spectacles, des expositions et d'autres projets culturels autour de cette page si particulière de notre histoire ; l’honneur est sauf.

Avant de parler de ce disque, quelques mots bien-sûr trop rapides sur ces événements. La Commune fut une vague révolutionnaire survenue en France (dans sa réalité d’alors, y compris coloniale) à la suite de l’effondrement du Second Empire, consécutivement à la piteuse défaite de Sedan et à l’invasion prussienne. La République est proclamée, temporairement espèrent beaucoup, mais ce mot ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Les inégalités atteignent alors un niveau encore plus important qu’avant 1789, par conséquent une large partie du petit peuple entend que les grands principes édictés au cours des décennies précédentes s’appliquent à lui aussi. L’épisode le plus connu est la Commune de Paris, de mars à mai 1871. La ville déclare son émancipation et s’autogère tandis que le gouvernement, notables et aristocrates, se réfugie à Versailles. Ils n'arrivaient pas à se mettre d’accord sur quelle tête couronner, mais ils s’entendent immédiatement pour réprimer ce soulèvement de gueux. L’armée est envoyée contre la ville et s’adonne au plus grand massacre civil depuis la Saint-Barthélemy, le nombre de morts se comptant en dizaine de milliers.

Mais "Elle n’est pas morte !", comme le dit la chanson. Son esprit et ses revendications demeurent. Bien qu’il ait pris d’autres formes par la suite, avec notamment l’essor du syndicalisme ouvrier, son souvenir a plusieurs fois ressurgi lors d’autres étapes qui ont permis, petit à petit, l’amélioration des conditions de vie de la masse de la population. Souvenir et esprit régulièrement invoqués ici ou là. Je conseille en particulier la lecture de l’immense Cri du Peuple, l’œuvre de Tardi, ô combien parlante. Désormais, je peux aussi conseiller ce disque, La Commune refleurira. Ce titre est bien-sûr emprunté à RENAUD qui avait écrit ça dans une de ses premières chansons, la virulente "Société tu m’auras pas". On retrouve d’ailleurs une dédicace de sa main dans le livret et sa participation très rapide au détour d’une chanson.

C’est un album collectif, dont l’idée semble revenir à un certain COKO, artiste passionné de cette histoire qui, d’après ces derniers, l’aurait soumise un soir aux OGRES DE BARBACK. Les quatre frères et sœurs ne s’étaient jamais particulièrement attardés sur cet épisode, mais il y avait là tout pour les intéresser. Déjà à la tête d’un disque collectif hommage à Pierre PERRET en 2018, ils se lancent dans celui-ci en proposant à des ami(e)s de longue date ou à des rencontres de passage de participer, avec l’ambition que ce disque soit intergénérationnel. C’est ainsi que l’on peut entendre Michèle BERNARD ou Francesca SOLLEVILLE tenir encore le flambeau de ce répertoire qu’elles ont éclairé au cours de leurs décennies d’ouvrage.

Répertoire qui a une particularité, c’est que pour une bonne part on connait les textes mais pas forcément les musiques. C’était en effet la grande époque des goguettes, c’est-à-dire des réunions de chanteurs populaires qui s’amusaient à reprendre des chansons en modifiant les paroles, généralement pour en faire quelque chose de beaucoup plus politique. Par exemple on soupçonne fortement "L’internationale" d’avoir été écrite sur l’air de "La Marseillaise" ; la musique que l’on connait tous ayant été composée une décennie après l’écriture du texte. Or, la plupart des chansons d’origine sont désormais oubliées et leurs musiques avec. Aussi une partie des textes présents ici a été mise en notes pour l’occasion ou éventuellement rhabillée, ce qui donne un cachet plus actuel que les versions de référence (époque MOULOUDJI ou Yves MONTAND).

Il y a particulièrement deux auteurs qui ressortent de l’ensemble (au milieu de quelques grands noms comme Zola, Hugo, Rimbaud ou l'incontournable Louise Michel), ceux des "tubes" qui ont traversé les âges. Eugène Pottier d’abord ("Elle n’est pas morte" ou "L’internationale") et Jean-Baptiste Clément ensuite. Lui c’est "La semaine sanglante" mais surtout "Le temps des cerises", la chanson la plus emblématique de la Commune parce que c’est elle qui fut chantée partout durant ces événements ; vue et revue depuis jusqu’à l’en vider de son sens façon "Bella Ciao", mais dont HK livre heureusement ici une version pertinente. D’autres interprètes font également mouche, révélant bien souvent la dimension très actuelle de ces chants. François MOREL attendrit avec ce "Quand viendra-t-elle ?" plein d’espoir, tandis qu’Agnès BIHL émeut avec le lugubre "Jean Misère". La diversité des intervenants, s’accompagnant d’une variété instrumentale et musicale, garantit une écoute tout à fait intéressante.

Les morceaux sont régulièrement entrecoupés de lectures saisissantes, relatant le plus souvent les heures les plus sombres de l’insurrection comme les grands incendies ou l’attente sur les barricades. L’ensemble nous fait voyager au cœur des grands sentiments qui ont saisi les cœurs à cette époque : espérance, enthousiasme, peur, colère, résignation, courage, joie et tristesse… de l’insouciante révolte à la plus tragique des répressions. Et puis, pour ce rappel salutaire que la Commune ne fut pas que parisienne, quelques chants occitans issus notamment de la Commune de Marseille dont l’emblématique "La libertat", dans sa version originale par le CHŒUR DU LAMPARO ; proprement magnifique, qui plus est en conclusion de cet ouvrage de salubrité publique. Bref, que Vive la Commune !

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   RAMON PEREZ

 
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1. Elle N'est Pas Morte [michèle Bernard]
2. Bonhomme [thomas Pitiot & Damien Toumi]
3. Quand Viendra-t-elle ? [françois Morel]
4. L'insurgé [melissmell]
5. Paris Brûle [fredo]
6. La Semaine Sanglante [les Croquants]
7. Jean Misère [agnès Bihl]
8. L'internationale [eyo'nlé & Francesca Solleville]
9. Sabem Plan [la Mal Coiffée & Laurent Cavalié]
10. Chant De Guerre Parisien [christian Olivier]
11. Paris Agonisait [coko]
12. Le Temps Des Cerises [hk]
13. Le Grand Krack [francesca Solleville]
14. Ne Dérangeons Pas Le Monde [les Ogres De Barback]
15. La Canaille [mouss Et Hakim]
16. Lo Pan Maudich [manu Théron, Audrey Peinado & Arth
17. La Mort D'un Globe [coko]
18. L'Économie Politique [michel Bühler]
19. Sur Une Barricade [ben Herbert Larue, Melissmell &
20. Le 26 Mars [françois Morel]
21. La Libertat [le Chœur Du Lamparo]



             



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