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Yves JAMAIT - Amor Fati (2013)
Par RAMON PEREZ le 29 Mars 2022          Consultée 567 fois

La quatrième saison était l’occasion de largement évoquer le temps qui passe. A la suivante, c'est le moment de prendre un peu de hauteur. Passé la cinquantaine, JAMAIT s’est mis à la philosophie, ce qui est dit dès la pochette avec cette référence shakespearienne faisant écho aux grandes interrogations existentielles, de même qu’avec ce titre nietzschéen. Certes, le temps passe, autant en faire quelque chose. Ecoutons ce que l’artiste a à nous dire de ce concept d’Amor fati : "il nous renvoie au présent, à son devenir permanent ; c’est une jolie proposition, voire un angle de vue qui satisfait l’athée que je suis". Cet angle oriente largement ce cinquième album qui, dans le fond, dépasse assez largement ses prédécesseurs.

Notre homme vieillit, son discours évolue. C’est tout à son honneur. On retrouve par conséquent une série de textes attaquant par différents côté cette idée d’avancer dans la vie. Cependant, ce qui fait mouche n’est au fond pas qu’il traite plus profondément ces sujets, mais toujours et avant tout sa qualité d’écriture. J’apprécie le fait qu’il n’en fasse jamais trop. Ce n’est pas chez lui que l’on apprendra les subtilités du dictionnaire. Son langage reste toujours populaire mais n’en détient pourtant pas moins de poésie qu’un autre. Il a une vraie capacité à choisir le mot qui convient, à le faire rimer. Ajoutons-y un sens du rythme dans son écriture qui prend toute sa valeur au moment de la mise en musique. Et enfin, bien-sûr, sa science de l’interprétation juste.

Le titre éponyme annonce donc le sujet, approfondi par le suivant qui est un bel appel à "Prendre la route", c’est-à-dire à tracer la sienne. Plus loin, CharlElie COUTURE prête ses mots au Dijonnais, pour une invitation à forcer le destin ("Ah la prudence"). Au milieu, diverses variations autour de cette vie que l’on descend toutes et tous comme nous le pouvons. Il y a les écueils à prendre en compte, comme la perte et l’absence, ou le besoin de consolation pour ne pas rester empêtré dans ces rochers. Et puis, il y a les rapides, les moments d’optimisme dont quelques accents traversent de nouveau ce recueil. Descendre la vie, c’est aussi prendre le temps de s’arrêter pour rêver et divaguer. A propos des parapluies, par exemple, autour desquels l’auteur nous délivre une pensée des plus poétiques.

Enfin, cette idée de destin actif ramène JAMAIT à un aspect plus critique. "Ridicules" (les gouvernants venant pérorer maquillés sur les plateaux télés), "C’était hier" ainsi que, dans un genre plus léger, "Les prénoms" et "Le schizo" (qui doit composer entre ses envies citoyennes et consommatrices) en sont autant d’échos. Dans cette catégorie, la meilleure chanson reste à mon avis "L’Europe", certes la plus frontale, mais dont l’intérêt est de parler avant tout de la déception. Le chanteur évoque les espoirs de la génération à laquelle il appartient et qui pensait que l’Europe, au-delà d’apporter la paix, pourrait porter le progrès social ou la solidarité, mais qui se retrouve avec ce que l’on connaît aujourd’hui, c’est-à-dire ce machin technocratique qu’il qualifie d’ "Europe des Maastricheurs et des Lisbonnimenteurs".

Bref, JAMAIT est en forme pour ce qui est des mots. Cependant, ce n’est peut-être pas la meilleure qualité de cet opus. Celui-ci bénéficie en effet d’une construction des mieux pensées, bien plus solide que ce qui avait été fait lors des précédentes livraisons. Ca commence assez froidement, avec une certaine distance instaurée par des guitares folk. Mais ça se réchauffe par petites touches, comme on s’adapte à la température d’un lieu dans lequel on finit par être bien ; très vite on pose le blouson. On fait alors la visite de toutes les pièces de la maison, qui ont chacune une ambiance bien singulière. Contrairement aux disques précédents qui étaient principalement basés sur un ou deux styles, ici JAMAIT ne repasse pratiquement jamais deux fois par le même genre, tout en gardant une cohérence d’ensemble.

Les arrangements sont pensés en détail, avec de nombreuses variations instrumentales et des touches d’un peu partout qui dépassent largement les habitudes de la chanson. Lumineux ou très obscurs, retenus ou au contraire bien plus festifs, ces accompagnements soutiennent admirablement les textes pour constituer ensemble un très bon album, une nouvelle fois. Par exemple, "Reviens", sans doute le morceau le plus triste de l’album, possède une instrumentation des couplets qui conviendrait très bien à un morceau de rap avant que la suite ne soit beaucoup plus pop-rock, ce qui crée un joli contraste. L’album donne autant à entendre l’accordéon que la guitare électrique ou encore des sonorités latines, toujours de façon pertinente. Amor Fati est donc du très bon ouvrage, mais il me semble manquer d’une petite chose pour être une référence de cette discographie. Je ne suis pas certain de ce que c’est, peut-être est-ce ce côté immédiat que pouvaient avoir les deux premiers disques. Il n’en reste pas moins qu’Yves JAMAIT maintient un très bon niveau sur la durée, ce qu’on ne peut que féliciter.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Amor Fati
2. Prendre La Route
3. Les Parapluies Perdus
4. Les Jours Sans
5. La Lune Et Moi
6. Ridicules
7. Reviens
8. C'était Hier
9. Les Prénoms
10. Tout était Calme
11. L'europe
12. Ah La Prudence
13. Le Schizo



             



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