Le 8 mm, également appelé double 8, est un format de film de cinéma amateur lancé en 1932 par une célèbre entreprise américaine spécialisée notamment dans le domaine audiovisuel. C'est également le titre d'un film sorti en 1999 et réalisé par Joël Schumacher.
De cinéma, il en est justement question dans cette chronique. Ou plutôt, devrais-je dire, d’hommage appuyé au septième art par le biais de son indissociable complément. Je veux bien entendu parler de la musique.
C’est bel et bien dans cette démarche que s’inscrit CAFÉ NOIR, tout nouveau duo rock instrumental basé en Franche-Comté. Aux commandes de cette (super)production, nous retrouvons un personnage désormais bien connu des lecteurs de ce webzine, en la personne de Jeff Duschek (FAT JEFF, WOOTZ, ex-JÄGER BLASTER et KORRIGAN’S CELTIC ROCK). Le bonhomme est absolument infatigable. Quelle santé pour mener ainsi de front tous ces combos, aussi bien en studio qu’en tournée et parvenir à combiner à merveille carrière solo, groupes et production dans ses déjà renommés FAT Studios de Mandeure ! Mais il ne faudrait surtout pas oublier que la direction de CAFÉ NOIR est bicéphale. Et que, pour l’épauler dans cette nouvelle aventure où cordes et amplis côtoient sans vergogne bobines et claps de tournage, Jeff a fait appel à son compère de toujours Maxime Gilbert (ex-JÄGER BLASTER), ici en charge de la batterie, des percussions et aussi de la partie imagerie du projet. Le jeune homme a d’ailleurs créé sa propre société de production* et s’est dernièrement illustré dans la réalisation de plusieurs clips (pour FAT JEFF notamment).

Les présentations étant faites, venons-en sans plus attendre au contenu musical. Le mot d’ordre ici est le suivant : rock. Du rock et toujours du rock, dans sa forme et son expression la plus libre qui soit. Tout commence par un prélude aux accents très lumineux et planant. Un peu dans le style que KLONE nous a proposé avec son album Le Grand Voyage en 2019. “Monolithe rouge” déboule ensuite sans crier gare avec sa rythmique saccadée où le dernier tiers du morceau finit par nous embarquer dans une accélération aux faux airs de punk mélodique. Tout le paradoxe réside dans cette transition et proposer un track by track ne servirait ici à rien tant les titres sont différents les uns des autres. Chacun distille une ambiance qui lui est propre et donne clairement l’impression de raconter une histoire. C’est dans ce cadre que l’aspect cinématographique de la musique de CAFÉ NOIR prend d’ailleurs toute son ampleur. Attention, il ne faudrait pas se méprendre à croire que nos deux compères officient dans la composition de bandes originales. Pas du tout. Chacune de leurs compositions pourrait plutôt être le thème de films renfermant une tension aussi bien qu’une énergie à la fois rock et déjantée. On pense ainsi à des réalisateurs comme David Cronenberg, Stanley Kubrick, Lars Von Trier, Joël Schumacher, sans oublier encore Terry Gilliam et David Lynch, tous créateurs d’œuvres cultes à la fois uniques en leur genre et inégalées.

Si vous appréciez ce que font des formations telles que COHEED AND CAMBRIA (période No World For Tomorrow), THE STROKES et THE BLACK KEYS (pour l’aspect vraiment indépendant et sans limite créative) ou dans une moindre mesure les Français d’ABYSSE et LES DISCRETS, alors il y a de fortes chances pour que vous accrochiez au son tantôt serré tantôt allongé de notre duo torréfacteur. Cette musique devrait à coup sûr prendre toute sa dimension sur scène, accompagnée d’une imagerie travaillée en totale adéquation avec l’esprit de leurs compositions.

Morceaux préférés : "Monolithe rouge", "Quartz bleu", "Naloxone".

*Kinosura Production