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2003 Tell It To Your Landlord

HARMONICA SHAH - Tell It To Your Landlord (2003)
Par LE KINGBEE le 7 Septembre 2022          Consultée 518 fois

Le label canadien Electro-Fi, propriété d’Andrew Galloway, a permis de découvrir ou redécouvrir de nombreux bluesmen de talent (Mel BROWN, Snooky Pryor, Fruteland Jackson). Basé à Toronto, il reste le dépositaire d’un catalogue de première main.

Si HARMONICA SHAH avait préalablement enregistré Deep Detroit, un premier disque gravé en compagnie du guitariste Howard Glazer au Bleed Thru Studios de Dearborn, suivi de Motor City Mojo, album dans lequel figuraient le pianiste Bill Heid (ex-Johnnie Bassett) et Eddie Kirkland, publié par le label Blue Suit, albums seulement disponibles à l’époque chez Boogie à Levallois Perret ou en import, c’est à partir de Tell It To Your Landlord qu’il allait placer en 2003 son nom en grand sur la carte des grands harmonicistes, du moins ceux à suivre avec attention.

De son vrai nom Thaddeus Louis Hall, HARMONICA SHAH voit le jour à Oakland (Californie) juste un an après la fin de la Seconde Guerre. Il passe son enfance à Somerville au Texas, élevé par ses grands-parents. Son grand- père Sam Dawson pratique la guitare et l’harmonica et Alan Lomax l’a enregistré d’où la présence indéniable de gènes musicaux. En 1967, après quelques années de bougeotte durant lesquelles il a enchaîné pas mal de petits boulots, il s’établit à Detroit où les salaires sont plus élevés qu’au Texas. C’est à ce moment qu’il change de nom, devenant Seward Daward Shah et se met à bosser pour Ford, l’un des géants de Motor City.
Alors qu’il avait plus ou moins abandonné le Blues, il se met à l’harmonica à trente ans, suite à une rencontre fortuite avec Luke Bobby, un harmoniciste local. Au contact de Robert Richard, autre harmoniciste du terroir, Seward progresse rapidement ; il fait ses gammes chez Uncle Jesse, un important club situé sur la 29ème rue, endroit où il côtoie Bobo JENKINS, Eddie Burns, Calvin Frazier et quelques vedettes venues d’ailleurs à l’instar de Buddy GUY et Junior WELLS. En 1998, sous le nom d’HARMONICA SHAH, ses trois premiers titres apparaissent sur deux compilations publiées par le label Blue Suit.

Ce troisième opus est enregistré au Bleed Thru Studios de Dearborn, ville située à une quinzaine de bornes à l’Est de Detroit et connue pour abriter le siège social du constructeur Ford. L’harmoniciste retrouve pour l’occasion le guitariste Howard Glazer (ex-Buster’s Blues Band, Shirley King and the SKB Band, Gravity 3-13), les deux musiciens font équipe pendant plus de deux décennies. Ils sont rejoints par le bassiste Bob Godwin et le batteur Art 'Thunder' Vaughan, deux musiciens se produisant avec Glazer au sein The El 34s. Charles Stuart, autre batteur local, succède à Vaughan sur deux plages.

La pochette d’Amy Occhipinti, auteure de plusieurs visuels pour Electro-Fi (Mel BROWN, Mark Hummel, Kenny "Blues Boss" Wayne ou Snooky Pryor) ne laisse guère de doute sur le contenu. Le petit harmonica tenu délicatement entre deux doigts annonce la couleur du Blues.

SHAH et Glazer signent onze des douze titres, ce qui demeure révélateur d’un répertoire personnel. D’entrée "Slow And Easy" lance l’album sur de bonnes bases : derrière une rythmique de métronome, un chant volontaire, un son d’harmonica pas trop propre sur lui et une guitare capable de fulgurances permettent d'entrer dans la danse. Changement de tournure avec "Welfare Shoes Blues" à la slide qui déchire les planches à l’instar d’Elmore JAMES ou d'Hound Dog Taylor, alors que la rythmique tente de garder son rôle de gardienne du temple. La slide est encore bien présente sur "I Heard You Was At The Casino", titre qui synthétise le Blues de la Motor City avec celui de Chicago. Un long morceau de plus de 7 minutes qui passe comme du petit lait.

HARMONICA SHAH nous prend encore à contrepied avec "Guilty", pièce au tempo lent et dont le ton menaçant impulse une atmosphère sans concession. Les passages de guitare mettent en exergue un harmonica allant du strident au grave hyper cradingue. L’instrumental "Hey Detroit" composé avec l’aide de Bob Godwin nous renvoie de l’autre côté vers le Jump de la Côte Ouest, tandis que la batterie s’offre un bon petit solo à l’image d’une jam. Avec "Mean And Evil", le groupe nous invite à une descente sur les rives du Delta, la guitare acoustique de Glazer prenant du coup une autre dimension, tandis que le jeu d’harmonica évoque celui du regretté Whispering Smith. Seule reprise du disque, "Baby Scratch My Back" rend hommage à Slim HARPO. Si le ton se révèle parfois moins humoristique que celui du Louisianais, la guitare de Glazer apporte un brin de fantaisie pour une version en clin d’œil à celle de Clarence EDWARDS.

A l’instar du titre d’ouverture, "Champagne" se déguste comme un shuffle avec une rythmique bien en place, une guitare qui n’en rajoute pas et un marine band qui se fait superbement perçant. "Bumpity Bump" allie la robustesse d’un Boogie à la linéarité d’un shuffle, titre dans lequel la guitare et l’harmonica se mettent en évidence avec une simplicité déroutante sous couvert d’une excellente rythmique. HARMONICA SHAH sait laisser reposer les accus quand le besoin s’en fait sentir, comme en atteste "Crying Michigan Tears", un Slow Blues particulièrement consistant. Second instrumental "Tell It To Your Landlord" (nom curieux pour un titre sans parole) nous réexpédie sur la West Coast. En fermeture, "Someday" un long Blues lent de presque 9 minutes s’annonce par moment comme un mélange de spoken-song et de Raw Blues avec un HARMONICA SHAH persuasif au micro, se montrant même parfois plein d’humour malgré le thème de la chanson. Ce titre conclut en beauté un album brut de décoffrage.

Si un jeu d’harmonica parfois parcouru de fausses notes, un accompagnement approximatif mais terriblement sincère, une production intentionnellement brouillonne ne vous rebutent pas, et si vous êtes amateur de Detroit Blues ou d’un Blues gras, terrien et authentique, ce CD devrait vous combler. HARMONICA SHAH nous donne parfois l’impression d'être dans une taverne d’Hasting Street (Non, le quartier est complètement transformé, remplacé par un urbanisme moderne et sans saveur).

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   LE KINGBEE

 
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- Harmonica Shah (chant, harmonica)
- Howard Glazer (guitare)
- Bob Godwin (basse)
- Art 'thunder' Vaughan (batterie 1-2-3-4-5-6-7-8-10-11)
- Charles Stuart (batterie 9-12)


1. Slow And Easy
2. Welfare Shoes Blues
3. Guilty
4. Hey Detroit
5. Mean And Evil
6. I Heard You Was At The Casino
7. Champagne (cheap Bottle Of Wine)
8. Baby, Scratch My Back
9. Bumpity Bump
10. Crying Michigan Tears
11. Tell It To Your Landlord
12. Someday



             



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