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2020 Vision Of Bodies Being Burned

CLIPPING. - Vision Of Bodies Being Burned (2020)
Par K-ZEN le 17 Septembre 2022          Consultée 491 fois

En audio, un clipping (littéralement traduit par coupé aux ciseaux) désigne une forme de distorsion de signal. Il peut être analogique lorsqu’un amplificateur est saturé, couplé à une tension de sortie limitée par sa valeur maximale. Le terme français associé est écrêtement, plutôt ridicule mais cependant adapté, qui aurait été en décalage quasi mortel si le collectif auquel nous nous intéressons avait été québécois. Leur origine n’est toutefois pas si lointaine, géographiquement parlant.

A l’instar de leurs compères anglo-saxons black midi, la stylisation qu’arbore leur patronyme revêt visiblement une importance certaine, tout en minuscules et ponctué d’un point final. Je ne saurais dire si la multiplication de groupes sensibles à cette démarche est une chose positive ou pas. Après tout, ZZ TOP en son temps avait bien choisi son nom à des fins anti-publicitaires vaguement provocatrices, souhaitant sa place au fin fond des bacs à disques. Et puis l’emballage ou le packaging a toujours fait partie intégrante de l’objet musical, même s’il prend plus de place. Disons simplement que cela participe efficacement à l’alimentation des particularités d’un projet n’en manquant décidément pas.

Formé du duo de producteurs William HUTSON et Jonathan SNIPES en 2009 à Los Angeles, l’idée basique initiale ne consiste qu’en de simples remixes un peu puérils voire provocateurs, les deux compères se contentant d’ajouter des instrumentations noise/power electronics sur la voix issue de rappeurs mainstream. L’arrivée de Daveed DIGGS va changer la donne, ce dernier commençant à écrire des textes sur les compositions des deux autres.

Ils auto-produisent ainsi leur premier album en 2013 qui, malgré peu d’attente et de moyens, est bien accueilli, leur permettant de signer sur Sub Pop pour leur seconde offrande. Dans le sillage de combos comme DÄLEK, DEATH GRIPS ou MOODIE BLACK, le hip-hop pratiqué par CLIPPING. se teinte d’accents industriels et noise, n’hésitant pas à sampler des bruits issus du monde réel, et s’adresse exclusivement à une autre personne mystérieuse, DIGGS s’évertuant à ne pas employer la première personne dans ses écrits.

La mort n’était pas la pire partie.

Cette première phrase tueuse tirée de "Pain Everyday", qui résume peut-être le mieux le sentier stylistique emprunté par ce quatrième album publié par CLIPPING. en 2020, aurait pu ouvrir les débats alors qu’il fut paradoxalement le dernier enregistré. Un titre énorme, peut-être bien le plus décisif du recueil, mais également paranormal, le chercheur Michael ESPOSITO y adjoignant un enregistrement embarquant un message linguistique de provenance inconnue. Musicalement, une machine au martèlement régulier (actionnée par le fantôme ?) ponctue les interventions toujours tranchantes de DIGGS, montée irrésistible jusqu’au refrain, puis fait irruption une hallucination glitch, presque dubstep avant une émotion insoutenable finale, incarnée par ces notes de violoncelle composées par Caliegh DRANE. La fameuse libération finale après la mort ?

Outre cette pièce maîtresse, le titre attribué à l’œuvre globale est un autre indice intéressant. Des visions de corps qui brûlent, deuxième partie d’un diptyque planifié et entamé en 2019 avec une très forte probable addiction au sang. La jaquette reste sombre, ornée de cailloux, à moins que ce ne soient des ongles ? Griffes ? Restes humains ? Horrifique et gorgé de visions d’horreur. La pourriture des corps entassés en pile. Une morgue.

Un appétit carnassier incarné par ce triptyque cannibale au cœur de l’album : le stratosphérique "Looking Like Meat", crise d’épilepsie entre noise et refrain de boîte à musique hantée avec HO99O9 en invité, "Drove" aux milliers de moutons qu’on conduit sans doute à l’abattoir et "Eaten Alive", mixture concrète aux relents free-jazz et rock en opposition produite par une aciérie, irradiée par la guitare empoignée par Jeff PARKER.

Ailleurs, la peur demeure. Les frissons parcourant les reins de Neve Campbell dans le premier Scream. Ou ce bruit sourd dans le fond de la pièce qu’on ne peut identifier, soudain recouvert par une voiture passant dans la rue en pleine nuit, ne suffisant pas à nous rassurer un temps. Toujours ce flow puissant, impressionnant au fur et à mesure qu’on s’approche de la bête. Dis son nom. Quel nom ? Le nom qu’on nous donne à la naissance sur lequel nous n’avons que peu de prise ? Celui qu’on ne doit jamais prononcer ? Enfin, c’est l’explosion. Un sifflement suraigu dans un égout, un enclos électrique en guise d’ultime demeure. "Make Them Dead". Mission accomplie.

Nous faisant presque songer à un sample issu de DAFT PUNK, "Enlacing" se rapproche le plus d’un titre normal avec même un chant mélodique voire romantique sur le refrain. C’est un peu tard mais on prend bien note. La pièce finale est une nouvelle fois concrète après "Piano Burning" sur There Must Be An Addiction To Blood. Empruntée à Yoko ONO et brassant un nombre d’invités proprement impressionnant, "Secret Piece" est toutefois beaucoup plus accessible que sa petite sœur du haut de ses presque quatre minutes.

Dans toutes les communications, on n’entendait plus que la voix lancinante de Louis Sarapis, comme une face visible de l’iceberg, la manifestation concrète du complot. Pire qu’une distorsion de signal, de la réalité.

Ôte ce putain de sourire sur ta figure. Ôte ce putain de visage. Ou arbore-le jusqu’à l’épuisement.

Non. Définitivement, la mort n’était pas la pire partie.

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   K-ZEN

 
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- Daveed Diggs (vocaux, musique)
- William Hutson (musique, production, effets)
- Jonathan Snipes (musique, production, effets)
- Casey Anderson (saxophone alto sur « secret piece »)
- Jonathan Borges (claviers additionnels sur « secret piece »)
- Maryclare Brzytwa (flûte sur « secret piece)
- Ted Byrnes (batterie sur « eaten alive » et « secret piece »)
- Kirsten Carey (guitare sur « secret piece »)
- Caliegh Drane (violoncelle sur « pain everyday » et « secret piec)
- Ho99o9 (vocaux additionnels sur « looking like meat »)
- Christopher Fleeger (field recording sur « intro » et « secret piece »)
- Chris Goudreau (claviers additionnels sur « body for the pile »)
- Chukwudi Hodge (batterie sur « say the name » et « secret piece »)
- Shannon Kennedy (violoncelle et psaltérion sur « secret piece »)
- Cam & China (vocaux additionnels sur « 96 neve campbell »)
- Joe Lester (basse sur « check the lock », contrebasse sur « se)
- Hal Rosenfeld (vibraphone sur « secret piece »)
- David Rothbaum (basse sur « secret piece »)
- Daria Sarraf (harpe sur « eaten alive »)
- John W. Snyder (composition additionnelle sur « eaten alive », pia)
- Greg Stuart (glockenspiel sur « invocation )
- Michael Esposito (field recording pve sur « pain everyday »)
- Jeff Parker (guitare sur « eaten alive »)


1. Intro
2. Say The Name
3. Wytchboard (interlude)
4. 96 Neve Campbell
5. Something Underneath
6. Make Them Dead
7. She Bad
8. Invocation (interlude)
9. Pain Everyday
10. Check The Lock
11. Looking Like Meat
12. Drove (interlude)
13. Eaten Alive
14. Body For The Pile
15. Enlacing
16. Secret Piece



             



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