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1966 Country Christmas

Loretta LYNN - Country Christmas (1966)
Par LE KINGBEE le 25 Décembre 2022          Consultée 443 fois

La tradition veut que Forces Parallèles accroche quelques galettes au beau sapin qui orne notre site. L’exercice est extrêmement ardu, surtout si vous n’êtes pas un fan invétéré de ce genre de fête. Comble de l’ironie, j’ai parmi mes relations un hurluberlu qui prend un malin plaisir à déposer tous les ans dans ma boîte un disque de Noël afin qu’il soit chroniqué.
L’exercice est d’autant plus complexe qu’il s’agit bien souvent d’œuvres qui échappent à l'entendement de nous autres Gaulois, des recueils parfois proches du grotesque. Essayons de mettre nos préjugés de côté, sous la neige, après tout l’exercice nous offre la possibilité de nous intéresser à Loretta LYNN, une légende de la Country, passée à trépas voici quelques semaines à l’âge de 90 ans. La Country aurait la vertu de conserver.

A travers la vie de Loretta Webb, c’est un véritable conte de Noël qui se détache page après page. Issue d’une famille pauvre de huit enfants, vivant dans une masure d’une seule pièce, Loretta quitte son Kentucky natal à 14 ans pour se marier. A 18 ans, Loretta est déjà l’heureuse génitrice de quatre bambins. On devine aisément que la musique est un dérivatif pour cette Cosette américaine. Mooney Lynn, son époux, la pousse à se produire avec sa guitare au gré de leurs pérégrinations. Au début des sixties, Loretta enregistre ses quatre premiers titres à Los Angeles par le biais du label canadien Zero Records.
Le couple parcourt le pays de long en large, un périple qui lui vaut de se faire connaître et d’acquérir une publicité et une soudaine notoriété. Si "I’m A Honky Tonk Girl" retient l’attention, c’est grâce aux Wilburn Brothers qu’elle fait ses premiers pas à Nashville. Loretta parvient à passer au Grand Ole Opry et décroche un contrat avec Decca qui la place sous la houlette d’Owen Bradley, producteur bien connu ayant déjà collaboré avec plusieurs vedettes (Patsy CLINE, Kitty Wells). En septembre 1961, Loretta enregistre le bien nommé "Success", titre qui la propulse en tête des charts. La suite ne sera qu’une série de cartons qui s’enfilent à vitesse Grand V.
L’ancienne pauvrette devenue riche s’installe à une centaine de bornes de Music City, dans un ranch qui englobe toute une ville (Hurricane Mills). Pour beaucoup de fans de Country, elle reste l’interprète inoubliable de "Coal Miner’s Daughter", une chanson symbole de son engagement musical. Durant les eighties, Nashville Lady un film avec Sissi Spacek, Tommy Lee Jones et Levon HELM, voit l’apparition d’un prolongement populaire à un parcours incroyable. Egalement coauteure de deux biographies à sa gloire, Loretta Lynn a traversé six décennies.

Huitième album de Loretta LYNN, Country Christmas est le premier disque de la chanteuse consacré à Noël. La firme Decca a expressément exigé que Loretta s’engage en direction de la Nativité, événement musical qui peut s’avérer hautement lucratif en Amérique. La firme Decca édite tous les ans des disques dédiés au Père Noël et à ses rennes, il est hors de question de passer à côté cette année. Raison pour laquelle on prépare avec grand soin plusieurs sessions d’enregistrement, dès le 7 juillet. Loretta est invitée à se présenter au Bradley’s Barn, le studio d’enregistrement d’Owen Bradley basé à Mount Juliet, bourgade située à 30 bornes de Nashville.

Preuve qu’on a mis les petits plats dans les grands, Decca n’a pas lésiné à faire venir la crème des accompagnateurs du Nashville Sound. En fait, Decca a ramené la plupart des musiciens attitrés de la chanteuse, à commencer par les guitaristes Grady MARTIN et le Louisianais Fred Carter, le gars qui tient la gratte sur "Bridge Over The Trouble", tube de SIMON & GARFUNKEL. Deux autres sessions sont nécessaires pour finaliser les douze titres. Lors de la seconde séance du 13 juillet, Decca doit faire face à l’indisponibilité du batteur Buddy Harman, ce dernier remplacé à l’arrache par Jon Corneal, futur compagnon de route de Gram Parsons et Gene CLARK.

Contrairement à la majorité des disques Hillbilly des sixties consacrés à Christmas, Loretta ne se contente pas de chanter des chansons traditionnelles ou de serviles rabâchages puritains issus du Country Gospel usés jusqu’à la corde, elle a composé quatre titres.

L’album s’ouvre justement avec une nouveauté, "Country Christmas", qui donne son nom à l’album. Si le texte reflète la joie de célébrer Noël en famille avec une mère qui met du Popcorn dans le sapin en guise de boule, un père jouant de l’orgue et une grand-mère préposée à la fabrication des gâteaux, c’est le tempo médium qui risque d’étonner. Certaines intonations et le jeu de guitare évoquent le répertoire du regretté Johnny HORTON.
"It Won't Seem Like Christmas" offre une coloration bien plus froide, le tempo alangui fait penser à un berlingot plein de tristesse alors que le texte évoque le spleen de la chanteuse qui ne peut fêter Noël avec l’élu de son cœur. Pas folichon mais la chanson sort des sentiers battus et du sempiternel "Let It Snow !".
La troisième compo "To Heck With Ole Santa Clauss" surprend encore par son humour et une certaine impertinence. La chanteuse mécontente d’un manque de cadeau attend le bonhomme en rouge, prête à lui balancer des boules de neige en pleine poire et même à le faire roussir dans la cheminée en espérant qu’il aille au Diable. Le rythme n’a encore une fois aucun lien avec les chansons traditionnelles, les guitares, le piano et la steel d’Hal Rugg, fidèle équipier, ne sont pas loin de donner un tour de rein aux rennes.
Dernière création, "I Won't Decorate Your Christmas Tree" est interprété sous la forme d’un Hillbilly Rock médium, le sapin et ses décorations sont les armes propices à une rupture amoureuse.

Malheureusement, la suite constituée d'un grand nombre de chansons traditionnelles s’avère moins aventureuse.
Avec son fond d’orgue et le tintement de rares clochettes, "Away In A Manger" nous renvoie à la naissance de Jésus, avant l’arrivée des Rois Mages, les étoiles guidant ces trois personnages vers Bethléem. Transposition de "Cradle Song", chanson religieuse composée à la fin du XIXème par l’Américain Charles Gabriel, le morceau se métamorphose vers 1920 sous l’influence du luthéranisme avec à la clef un nouveau couplet. Enregistré plus de 1100 fois, cette guimauve fait toujours recette, Joss STONE, Regina Bell et Andrea Bocelli l’ayant récemment reprise, un moyen de faire fructifier pour pas cher la mémoire du Seigneur. Précisons que tous ceux qui portent bottes, stetson ou colt ont chanté cette purge, de Johnny CASH à Tennessee Ernie Ford en passant par Emmylou HARRIS et Tammy WYNETTE.
Presque tout aussi usé jusqu’à la corde, "Silver Bells" figurait à l’origine au générique du film The Lemon Drop Kid (Le Môme boule-de-gomme), un nanar avec Bob Hope. Posé sur un texte démodé avec des cloches comme symbole, la mélodie nous maintient dans une léthargie constante. Un bon petit rabâchage repris en d’autres temps par une kyrielle de stars de tout horizon (Brenda LEE, ELVIS, Stevie WONDER et Billy IDOL).

Archétype du radotage, "White Christmas", best-seller d’Irving Berlin, fait l’objet de 2200 reprises. Une bonne pioche pour Decca, propriétaire des droits suite au premier enregistrement de Bing CROSBY pour la même firme. Chez nous autres, Francis Blanche transforme la chanson en "Noël Blanc" popularisée par Jacqueline François et Tino ROSSI, titre hélas toujours très tendance, CŒUR de PIRATE et les Stentors ayant repris la chanson à leur compte. Quand chantage rime avec gavage.
Dans le registre de la ballade sentimentale pleine de tristesse, "Blue Christmas" se taille une place de choix. Comment passer un bon Noël sans la présence de son bien aimé ? Telle est la problématique de cette chanson enregistrée pour la première en 1948 par Doye O’Dell, chanteur, acteur et homme de radio. Repris près de 700 fois, ce berlingot pur sucre se voit interprété par ELVIS, Johnny CASH, Dean MARTIN, Céline DION ou GAROU. Le titre est adapté par le chanteur de charme Frank Michael, l’idole belge du troisième âge.
Autre pièce incontournable, "Santa Claus Is Coming To Town" chantée en 1934 par Sondra Lee à l’occasion d’une émission radio, Decca obtient les droits la même année et la publie via Harry Reser.

Variation de Pinocchio, "Frosty The Snowman" fut popularisé au début des fifties par Gene AUTRY, icône des cowboys chantants. Les paroles plus enfantines se révèlent cette fois plus joyeuses, la chanson demeurant une incontournable de la période de Noël. Cette fois-ci, ce n’est pas une marionnette en bois qui va prendre vie mais un petit bonhomme de neige. A l’image des titres précités, la chanson a les faveurs de nombreux péquenauds. Les BEACH BOYS, le duo Jan & Dean ou bien encore The Jackson Five et Gloria GAYNOR reprennent ce titre toujours d’actualité, le crooner anglais Jamie Cullum l’ayant chanté dernièrement dans une version ne faisant pas fondre la glace ni la neige.
Hormis ses compos, Lynn incorpore deux inusités avec "Christmas Without Daddy" de Jackie Webb, une ballade pleine de tristesse avec une mère et ses deux enfants passant Noël sans le Papa, prototype parfait de la chanson larme à l’œil, tandis que "Gift of The Blues", une compo d’Hank Cochran enregistrée par les Wilburn Brothers, autre groupe de la firme Decca, vient clore l’album sous l’égide d’un Country Blues. La pauvre Loretta nous conte les déboires d’une jeune fille qui n’hésite pas à traverser tout le territoire pour passer Noël avec l’élu de son cœur, sauf que celui-ci est dans les bras d’une autre.

Si la pochette avec les paquets cadeaux et un mini arbre de Noël en plastoc retranscrit bien l’ambiance des Noël sixties, on aurait aimé que la chanteuse se montre plus aventureuse en nous offrant de nouveaux titres. Plus de la moitié du disque consiste en des rengaines proches du gavage. Cette galette nous donne l’occasion néanmoins d’aborder Loretta LYNN dont la carrière tient plus du conte de Noël que d'un Western.

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- Loretta Lynn (chant)
- Grady Martin (guitare)
- Harold Bradley (guitare, basse)
- Fred Carter Jr. (guitare)
- Hal Rugg (steel guitar)
- Junior Huskey (basse)
- Buddy Haman (batterie 1-2-3-4-5-6-11-12)
- Jon Corneal (batterie 7-8-9-10)
- Floyd Cramer (piano)
- The Jordanaires (chœurs)


1. Country Christmas
2. Away In A Manger
3. Santa Claus Is Coming To Town
4. Silver Bells
5. Blue Christmas
6. It Won't Seem Like Christmas
7. To Heck With Ole Santa Claus
8. White Christmas
9. Frosty The Snow Man
10. Christmas Without Daddy
11. I Won't Decorate Your Christmas Tree
12. Gift Of The Blues



             



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