De l’eau a coulé sous les ponts et l’aventure VAN HALEN s’est achevée il y a pas mal de temps déjà, le décès prématuré d’Edward l’ayant rendu définitif. Mais Sammy le rouge n’est jamais à court d’idée ni d’arguments. Il a fondé le 'Circle' de ses principaux collaborateurs depuis 2014 et a mis CHICKENFOOT entre parenthèses depuis lors. Le poteau bassiste Michael Anthony reste son bras droit, alors que le fiston Jason Bonham est derrière les fûts tandis que son Waborita préféré, le gratteux Vic Johnson, le supplée aimablement depuis que le blodin se montre faignasse, six cordes en main. Alors bien sûr, attendez-vous a du gai, à de l’ensoleillé, à du bronzing même si vous êtes bien concentrés, du pop rock californien quoi ! C’est le 20ème opus solo de Sammy HAGAR, le 3ème avec son cercle.

Globalement, le rougeot Sammy propose un blend de big rock et de pop rock dans la lignée de Sausalito ou de Big Sur. Un mix de southern rock et de rock FM lance "Slow Drain" qui peine tout de même à faire un trou dans la cervelle des auditeurs, même si le rythme se laisse pas mal apprécier. C’est courtois, c’est polissé presque, il nous manque un peu d’originalité pour tomber.
La superbe section rythmique de Jason Bonham et de Michael Anthony se laisse bien percer à jour sur "Feed Your Head", mais là encore le titre me laisse quelque peu sur ma faim, malgré un Sammy dont le chant sonne toujours très VAN HALEN.
Voulez-vous un petit titre syncopé ? "Funky Feng Shui" remplit cette mission avec entrain. On nage dans les terres du dinosaure californien à nouveau, les licks de gratte de doudou VH en moins.

Si on souhaite trouver les titres les plus agréables du disque, il convient d’être patient car ils sont tous à la fin : "Father Time" est une comptine où notre Sammy semble se retourner sur son passé, et c’est encore BONJOVI qui vient à l’esprit avec des arrangements de notes made in new jersey Land. Cela pourrait d’ailleurs être du SPRINGSTEEN. Probablement le meilleur titre de cette livraison, le plus addictif.
"Childhood’s End" propose une ambiance plus sophistiquée qui évoque KING’S X par quelques aspects progressifs et de jolis choeurs.
Enfin, le totalement VAN HALENien "2120" impose une belle ambiance saine et pleine de bons sentiments, américaine quoi, comme notre bon Sam.

Tout ceci est très ricain : petite rythmique folky, mais déjà très gros son dès l’introduction qu’est "Intro : The Beginning of The End" dans laquelle on reconnaît immédiatement le grain de voix du red rockeur.
La Hard’n’roll "Pump It Up" sonne tel un mélange entre un AEROSMITH fendard et du MOTLEY CRUE tardif. La bonne humeur et l’ambiance californienne bien intellectuelle y règnent de bout en bout. On est complètement pop sur "Be Still" qui nous amène sur les rives de l’est coast chère à Jon BONJOVI. Un titre plus atmosphérique assez agréable.
Du rock burné à la SOUTHSIDE JOHNNY meet JASON and The SCORCHERS nous donne "You Get What You Pay For", un titre bien rentre-dedans très chouette.
Enfin, notre sémillant troupeau de sexagénaires – n’est-ce pas plutôt septuagénaires ? - est à la baguette sur la lightounette "Crazy Times".

Bref, pas de quoi en faire un foin, pas un seul titre supérieur n’est ici à retenir, mais il s’agit bien du fond de commerce de notre homme d’affaire spécialiste en tout. Ce n’est pourtant pas de la téquila en musique, plutôt un petit cocktail sans alcool qui ressemble fort à une tisane. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, Sammy HAGAR ne s’en sort pas si mal, on ne s’endort pas une seconde, mais il manque aussi un je-ne-sais-quoi d’original pour percuter plus dans le cortex du mélomane. Un agréable moment sous le chaud soleil de LA mais pas de quoi se retourner.