Recherche avancée       Liste groupes



      
PHILLY SOUL  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1968 Boogaloo Down Broadway

The FANTASTIC JOHNNY C - Boogaloo Down Broadway (1968)
Par LE KINGBEE le 31 Décembre 2022          Consultée 492 fois

Certains vont encore se marrer, peut-être même se moquer, en jetant un coup d’œil à cette pochette. Mais le visuel frontal a le mérite d’être clair avec ces neuf planches photos qui nous dévoilent comment danser le Boogaloo. Affublé d’un beau costume vert amande, The FANTASTIC JOHNNY C nous montre les pas du Boogaloo, une danse de rue s’inspirant du turfing et du popping, deux autres danses englobant des mouvements robotiques et un mouvement répétitif, se démarquant ainsi des danses à la mode du début des sixties, danses souvent fugaces et éphémères. James BROWN enregistra semble-t-il le premier single où le mot Boogaloo apparaissait avec "James Brown’s Boogaloo", mais en réalité le Boogaloo prit forme dans plusieurs villes (Oakland, Chicago, New-York) par le biais de groupes de danses qui s’affrontaient lors de face à face improvisés. Certains pourront se gausser en constatant une analogie avec le Mia.
Certains ethnomusicologues et chercheurs américains affirment que l’un des principaux instigateurs du Boogaloo serait le danseur John Murphy qui se serait inspiré d’une séquence du film Tobor The Great (Le Maître du monde), un nanar de 1954 avec Charles Drake. Probablement marqué durant son enfance par le passage où Tobor délivre ses créateurs de méchants espions, Murphy allait synthétiser les mouvements robotiques de son héros au popping et au turfing. Au fil des années et bien que demeurant une danse peu connue en Europe, le Boogaloo évolua via plusieurs formations de street dance, à l’image des Black Messengers. Le Boogaloo connut diverses transformations avec l’ajout de nouvelles tendances comme le strutting. En 1991, le rappeur MC Hammer incorporait un passage de Boogaloo dans "This Is The Way We Roll", titre figurant dans l’album Too Legit To Quit. Si le titre connut un certain succès aux States, avouons que la présence de Frosty, une danseuse de Boogaloo dans le clip vidéo chargé de promouvoir le disque, y est pour beaucoup.

Revenons brièvement à The Fantastic Johnny C, auteur d’une dizaine de 45-tours et d’un unique album. Johnny Corley est natif de Caroline de Sud où il voit le jour en 1943. A l’instar de nombreux gamins noirs de son époque, il fait ses gammes sur les bancs de sa paroisse à Greenwood. A sa démobilisation, il s’établit du côté de Philadelphie et, quand il n’officie pas dans le bâtiment, il chante dans un ensemble baptiste de Gospel. Remarqué par le producteur Jesse James *, Johnny Corley vire sa cuti, quitte la musique religieuse pour s’ancrer dans le profane, exercice parfois plus rentable et se transforme en The FANTASTIC JOHNNY C.
THE FANTASTIC JOHNNY C connaît une forte notoriété dans les clubs de Philadelphie où il se produit, une renommée qui attise l’intérêt de Larry Cohen, propriétaire d’un nouveau label The Phil-L.A. of Soul. Et autant dire que ce premier et unique essai se transforme en coup de maître. Alors que les cinq premiers singles édités par le label n’avaient guère fait parler d’eux, Larry Cohen a dû faire brûler un cierge, suite au carton inattendu du single "Boogaloo Down Broadway" à l’été 67.
C’est bien connu, en musique il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et Cohen décide qu’il est grand temps de sortir un album. Accompagné par le MFSB (Mother Father Sister and Brother), un véritable big band d’une trentaine de musiciens, placé sous la houlette de son producteur manager Jesse James et des arrangeurs Leon Mitchell (ex-Art Blakey) et Bobby Martin, l’un des artisans du Soul Sound Philadelphia, Johnny emporte tout sur son passage.

Véritable invitation à la danse, "Boogaloo Down Broadway" ne peut en aucun cas s’affilier à une quelconque sophistication ou délicatesse, Johnny C est là uniquement pour lancer les hostilités et faire danser. Dans un registre proche de Dyke & The Blazers, l’ancien soldat nous offre un tube solide concocté par l’efficace Jesse James. Pour ce qui est des paroles, inutile de dire qu’on est loin du Nobel : Baby, oh baby - Boogaloo down Broadway -But when the sweat begins to fill the air -We're gonna funky Broadway everywhere. Le producteur-songwriter apporte pas moins de quatre autres titres tirés de sa plume. "Cool Broadway" reste sur la même lignée avec de fortes montées de cuivres. Sur une dynamique similaire, "Got What You Need" demeure annonciateur des futures productions du tandem Gamble & Huff. Changement de tournure avec "Baby I Need You", une ballade proche de la Soul Sudiste avec un grand nappage de cuivres et un feeling à mi-chemin de Wilson PICKETT et de Joe Tex. Si "New Love" dévoile une mélodie plus anecdotique, l’orchestration représente parfaitement l'avenir de la Philly Soul.

Producteur malin, Jesse James suggère à son poulain des reprises mêlant un beau choix de tubes, un parterre de chansons souvent judicieuses qui vont s’avérer imparables. Parmi les anciens cartons, l’interprétation de "Barefootin’", une invitation à danser pieds nus de Robert PARKER, se situe d’un niveau égal à l’original, les cuivres renforçant le dynamisme du tempo. Une version supérieure selon nous à celle de Wilson PICKETT. Si le tube avait une affiliation avec la Nouvelle Orléans, c’est avec un autre tube louisianais que Johnny C étonne encore avec "Land of 1000 Dances", hit mineur de Chris KENNER mondialisé par Wilson PICKETT. En moins de 140 secondes, Johnny nous fait valdinguer à travers ce maëlstrom de rythmes festifs. On ne serait pas surpris que cette version soit celle qui ait inspiré le sample "Here Comes The Hotstepper" à Ini Kamoze. Figurant parmi les titres les plus Rock d’Otis REDDING, "Shout Bamalama" perd de sa fureur initiale au profit d’un groove proche de Barbara LYNN ou Robert PARKER. Certainement dans un souci de tempérer les ardeurs et de laisser souffler les danseurs, Johnny C reprend "Stand By Me", tube qui ayant rapporté toute sa notoriété à Ben E KING. L’apport de cordes et de violons ainsi qu’une cadence parfois trop élevée ne nous convainquent pas totalement. Autre douceur avec "Warm & Tender Love", enregistré pour la première fois par l’excellent batteur chanteur Joe Haywood. Si Percy Sledge fit grimper cette ballade guimauve le plus haut dans les charts, notre préférence se porte sur la version d’Eddie FLOYD. Ici, le falsetto se fait plus vindicatif, idem de l’orchestration moins moëlleuse. Enfin, signalons que Johnny est le premier à reprendre "(She’s) Some Kind Of Wonderful", une tuerie des Soul Brothers Six. Cette pépite connaît d’autres joyaux (The INMATES, GRAND FUNK RAILROAD, NORTH MISSISSIPPI ALLSTARS) mais Johnny s’en tire plus que bien. MARTIN CIRCUS l’adapte avec "Cette fille me rend fou", une version plus qu’acceptable.
Seul inusité parmi les covers, Johnny redonne un coup de jeune à "The Bounce", titre des Olympics, groupe californien de Doo-Wop. Là, les accompagnateurs et arrangeurs font la jonction entre la Louisiane, Philadelphie et Ray CHARLES. On recommande au passage la version a capella des Persuasions.

Auteur d’un unique disque, The FANTASTIC JOHNNY C ne connut ensuite aucun succès. Notons cependant que quatre pistes de cette galette entrèrent dans le Hot 100. Johnny a mis en boîte une poignée de singles pour Kama Sutra, Match et Island Records, avant de rejoindre ses premières amours, la musique religieuse. Johnny semble s’être complètement retiré des studios d’enregistrements, mais cet électron plein de charisme demeure un maillon essentiel de la Philly Soul.


*Homonyme au Brigand Bienaimé (CQFD)

PS : Le line-up n’est que suggestif, faute de renseignements.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


Naomi SHELTON & THE GOSPEL QUE
What Have You Done, My Brother? (2009)
Entre chant d'église et soul vintage. un must!




Spencer WIGGINS
The Goldwax Years (2006)
Trésor caché de la deep soul.


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Fantastic Johnny C (chant)
- Roland Chambers (guitare)
- Norman Harris (guitare)
- Eli Tatarski (guitare)
- Winnie Wilford (basse)
- Earl Young (batterie)
- Larry Washington (percussions)
- Leon Huff (claviers)
- Thom Bell (claviers)
- Rocco Bene (trompette)
- Dennis Harris (saxophone)
- Fred Joiner (trombone)
- Don Renaldo (arrangements violons et cordes)


1. Boogaloo Down Broadway
2. Cool Broadway
3. Barefootin'
4. The Bounce
5. Land Of 1000 Dances
6. Shout Bamalama
7. Got What You Need
8. Baby I Need You
9. (she's) Some Kind Of Wonderful
10. Stand By Me
11. New Love
12. Warm & Tender Love



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod