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Nicole WILLIS - Keep Reachin' Up (2006)
Par LE KINGBEE le 14 Janvier 2017          Consultée 1936 fois

En 2006, Nicole WILLIS n’avait enregistré qu’une poignée de singles passés totalement inaperçus et deux albums publiés par le label allemand Puu Records : « Soul Makeover » en 2000 et « Be It » en 2004, albums gentillets sur lesquels on ne s’attardera pas. Originaire de la Big Apple, Nicole fait ses gammes au sein de Blue Period et Hello Strangers, deux petites formations éphémères avant de tenter sa chance en Allemagne. Là, elle décroche un job de choriste au sein de The The tout en bossant comme manager dans une boîte de nuit. C’est justement au sein de The The que Nicole rencontre l’homme qui va chambouler sa vie, Lassi O.T. Lehto, un multi instrumentiste arrangeur finlandais plus connu sous le nom de Jim Tenor. Saxophoniste d’avant-garde, Tenor prend sous son aile Nicole puis l’épouse. Elle n’est pas belle la vie ?

Il arrive parfois, comme dans les contes de notre enfance, que ce genre de parcours sinueux et aléatoires débouche sur les plus beaux châteaux. Mais « Keep Reachin’Up » tient un peu du miracle. Pour résumer, nous avons là une chanteuse américaine flirtant entre Nu Soul et Soul Alternative qui n’a jusqu’alors laissé que de vagues souvenirs, un groupe finlandais dont les origines géographiques peuvent laisser planer un gros doute quant à ses capacités, un label inconnu et finlandais (comme si Helsinki se transformait d’un coup en Memphis, Detroit ou Muscle Shoals), un producteur français inconnu (Didier Selin), sans oublier une pochette de disque vieillotte, il n’y a qu’à regarder la coupe ringarde de la chanteuse, plus proche de Mireille Mathieu que des nouvelles vedettes de la Soul (Beyoncé, Beverley Knight, India.Arie, Alicia Keys, Ashanti ou de l’Anglaise Joss Stone, une chanteuse à éviter d’urgence). Non, quand on analyse ces différents éléments avec subjectivité et froideur, rien ne semblait gagné d’avance bien au contraire.
Nicole Willis fait partie, à l’instar de la regrettée Sharon JONES et de ses Dap-Kings ou de la formation espagnole Sweet Vandals, des instigateurs d’un mouvement appelé Retro Soul, en clair un retour vers une Soul Vintage comme elle se pratiquait durant la première période des sixties. Magie ou gros coup de pot, toujours est-il qu’à peine sorti, le CD fait son apparition sur les ondes. La demande est telle que Timmion Records ne s’en sort plus et doit passer par Differ-Ant pour que le disque puisse être pressé et surtout distribué dans une grosse partie de l’Europe.
Et oui, avec sa coupe de cheveux à la « con », son statut d’illustre inconnue, Nicole Willis & The Soul Investigators vient de décrocher le cocotier. Chez nous, le CD est orné d’un petit autocollant publicitaire. Le disque fait partie de la sélection FIP, rien d’anormal (la radio se montre souvent perspicace et rapide), mais aussi de la revue Vibrations et, plus étonnant, de nos camarades des Inrocks, généralement plus aptes à détruire ce qui mérite d’être découvert et, inversement, les premiers à monter en épingles des daubes de première.

D’entrée de jeu, Nicole Willis fait mouche avec « Feeling Free », titre qui monte en puissance au fil des secondes, juste ce qu’il faut pour ne pas mettre trop de pression sur les pistes suivantes. L’intro en pizzicati et l’utilisation d’un ensemble à cordes nous renvoient vers certaines productions Motown supervisées par Norman Whitfield. Le genre de création dont la mélodie s’installe dans votre tête pour ne plus en sortir. « If This Ain’t Love » nous emmène sur des chemins plus tortueux. Si la basse bien groovy et les percussions consolident les fondations et lancent le morceau après une intro d’un autre temps, c’est la flûte qui nous tire de l’ivresse dans laquelle la section rythmique voulait nous faire plonger. La voix claire, bien en place, n’a plus qu’à se superposer sur cette superbe machine à groove qui se termine par des pleurs ou cris de bébé.
Le classieux « Blues Downtown » démontre toute l’assurance et le feeling des Soul Investigators, Willis vient calquer son chant au bout d’une minute, mais la mélodie a déjà envahi notre cerveau. L’impression d’un retour vers le tout début des sixties s’intensifie avec « My Four Leaf Clover » jusqu’à la durée du morceau comparable au format radio de l’époque. C’est bien simple, on croirait entendre une chanson inédite de Mary Wells. « A Perfect Kind Of Love » se révèle légèrement plus enjoué, l’orgue vient poser de redoutables volutes comme s’il voulait napper la mélodie, puis la section cuivre et la guitare prennent les commandes sur un air de fête, à l’image de ces clap-hands dignes de figurer sur un single de Martha & The Vandellas. Willis sait aussi faire monter la sauce quand le besoin s’en fait sentir, les Soul Investigators ne restent pas figés dans un schéma pouvant parodier la Motown, la preuve avec « Holdin’On » où l’orgue de Anti Määttänen délivre des zestes oscillants entre psyché et farfisa de garage.
« No One’s Gonna Love You » marque le retour de l’ensemble à cordes tandis que la chanteuse essaie de nous perdre sur des chemins de traverse dont elle seule connaît la destination finale. Willis, grande princesse, rend hommage à ces étonnants Finlandais avec « Soul Investigators Theme », un instrumental qui clôt l’album en beauté. Tout y est : le groove, le feeling, le rythme ondoyant, la sincérité, une mélodie ensorceleuse, une basse pleine de rondeurs, des baguettes délicates tandis que Didier Selin, non content d’officier comme producteur et ingé-son, nous émerveille avec ses touches de guitare et de vibraphone dans un morceau qui ne se perd pas en route.

On terminera ce rapide éventail par un titre caché. La chanteuse et ses sbires sont de petits farceurs, ils nous glissent une alternate de « Feeling Free » étincelante. Les cordes des guitares de Didier Selin et Petri Toikkanen viennent s’entremêler aux violons de l’orchestre de Pekka Kuusisto.
Ah … non … on allait oublier « Keep Reachin’Up », titre donnant son nom à l’opus. Cette petite pépite sonne comme un incontournable classique dès la première écoute. Le tempo et la voix semblent fiévreux dans la droite lignée des répertoires de Betty Davis ou de Martha High, mais en mieux. C’est bien sûr ce morceau qui aura les préférences des animateurs radio ; il figure aussi parmi la track-list concoctée par le Président Barack Obama lors de sa campagne de réélection.

Avec « Keep Reachin’Up », vous avez entre les mains l’album Soul de l’année 2006. Cette œuvre, d’une créativité incroyable (que des originaux), aux arrangements bien léchés, réussit la démarche de se nourrir des racines de l’histoire de la Soul tout en incorporant une sonorité contemporaine en évitant soigneusement tout plagiat servile. Dernière chose, ce CD a été réédité en vinyle par Timmion Records à trois reprises. On vous conseille l’un de ces trois pressages et non le 33 T. publié par Mit-Wit Records (pochette différente et pressage de moindre qualité). Un album remarquablement abouti, sans la moindre pièce faible. Si vous voulez découvrir cette artiste, nous vous conseillons de porter votre choix sur ce recueil, les suivants sont un ton en dessous.

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- Nicole Willis (chant)
- Didier Selin (guitare 1-2-3-5-9-10, basse 1-3-6-7-8, percussions)
- Petri Toikkanen (guitare 1-3-4-6-8-9,basse2-10)
- Sami Kantelinen (basse)
- Jukka Sarapää (batterie)
- Jimi Tenor (orgue 1, flûte2,saxophone2-8,choeurs 5-7)
- Antti Määttänen (piano 1-2-5-10,orgue4-6-8-9)
- Pekka Kuusisto (violon 1-5-9)
- Lasse Tolvanen (saxophone 2-3-4-5-6-8-9)
- Antti Lauronen (saxophone 2-3-4-5-6-8-9)
- Erno Haukkala (trombone 2-3-4-5-6-8-9)
- Eero Savela (trompette 2-3-4-5-6-8-9)
- Jay Kortehisto (trombone 7)


1. Feeling Free.
2. If This Ain't Love (don't Know What Is).
3. Keep Reachin'up.
4. Blues Downtown.
5. My Four Leaf Clover.
6. A Perfect Kind Of Love.
7. Invisible Man.
8. Holdin'on.
9. No One's Gonna Love You.
10. Soul Investigators Theme.
11. Feeling Free (alternate-hidden Title)



             



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