En marge de son merveilleux groupe Tahiti 80, Xavier Boyer se métamorphose en Axe Riverboy pour nous livrer ce petit nuage sonore... Un pas de côté pour souffler un peu et oublier un moment le tourbillon de la tournée japonaise de Fosbury, dernier album de Tahiti 80 au succès retentissant au pays du soleil levant. Tutu To Tango constitue un petit carnet de dix chansons qui ressemble au premier album du groupe rouennais, très acoustique et mélodique, plus proche des Beatles que de la ligne disco-funk lorgnant du côté de N.E.R.D. adoptée récemment.

A écouter Tutu To Tango, on finit vraiment par croire que Rouen, ville d'origine de Xavier Boyer, a été annexée par l'Angleterre tant la justesse mélodique et l'ambiance aérienne du disque font penser à des productions venant d'outre-manche. Il est effectivement rare en France, depuis quelques années, de tomber sur un disque pop aussi léger, capable de faire danser et sourire, sans en être pour autant un lavage de cerveau ou un détergeant pour chiottes sorti directement des tiroirs d'une major. Il arrive même que l'on se sente intimidé par l'invitation d'Axe Riverboy à le rejoindre dans ses balades amoureuses et presque pudiques. La pochette du disque prend alors tout son sens, nous sommes l'objectif voyeur de l'appareil photo capturant un baiser furtif. Et le fait que les paroles des chansons soient dans le livret accompagnées de tous les accords renforce cette sensation de proximité avec un chanteur qui s'ouvre à nous en nous invitant à fredonner avec lui des choses comme "I come to see you once again/The road is long and I'll need a friend". Il y a quelques années, Dominique A clamait "Les chanteurs sont mes amis", Axe Riverboy semble vouloir dire "Les auditeurs sont mes amis".

Malheureusement, ce qui fait la beauté de ce disque (légèreté, justesse, proximité) semble lui faire défaut car devenant ainsi un plaisir éphémère : celui de l'écoute. Il reste peu de choses de Tutu To Tango dans la tête et dans le corps après son écoute, si ce n'est un sentiment de plénitude et le rythme entraînant du premier titre, "Guard". Alors se pose une question que l'on ne soulève peut-être pas assez souvent à propos d'un disque : quelle vie celui-ci va-t-il avoir ? Quel chemin va-t-il se frayer dans mes habitudes, mes écoutes, ma discothèque ? Est-ce un disque qui ne vit qu'au moment de l'écoute et provoque un simple plaisir bref et instantané ou bien est-ce un disque capable de hanter l'esprit encore longtemps sans avoir le besoin de l'écouter régulièrement ?

Tutu To Tango fait partie des disques au bonheur instantané, ce sera donc avec un plaisir rare et précieux que l'on se posera une petite demie heure pour l'écouter sans avoir d'autre objectif que celui d'ensoleiller un peu sa journée en compagnie d'un ami pas si imaginaire que ça qui semble vouloir chanter pour nous...