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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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1962 Les Vierges (Mocky)
 

- Membre : Bande Originale De Film

Raymond LEFEBVRE & PAUL MAURIAT - Les Vierges (mocky) (1962)
Par MARCO STIVELL le 27 Janvier 2023          Consultée 302 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

En 1962, Jean-Pierre Mocky en est déjà à son quatrième film en quatre ans. Après le franc succès des Dragueurs en 59, sa carrière de réalisateur s'est vite retrouvée au point mort avec d'abord Un Couple puis Snobs !, ce dernier ouvrant grand la porte d'une frange satirique de sa carrière, avec des rôles de dirigeants (ici d'entreprise) et de l'exagération à foison. Un ton bien franchouillard qui le fait sortir également de Paris – autre choix récurrent et d'envergure - pour aller dans divers lieux de province à l'envi (Granville et la côte normande alentour dans Snobs !). De plus, chacune de ses expériences lui apporte des relations plus ou moins durables pour la suite, avec l'écrivain Raymond Queneau réputé pour son humour dès Un Couple, ou mieux encore, les comédiens notoires Michael Lonsdale et Francis Blanche (dont l'acolyte Pierre Dac apparaît aussi, brièvement, dans Snobs !). On retrouve ce dernier ici, ainsi que, pour un petit rôle, Patrice Laffont, futur présentateur télé.

Le Mocky méfait numéro 4 donc, Les Vierges, est plus un succès de controverse qu'autre chose, la musique n'ayant même pas été éditée à part. Il s'agit simplement d'un retour 'nécessaire' aux Dragueurs sur tous les plans, mais avec l'effet miroir ! Notre bonhomme, aidé par l'écrivain Jean Anouilh cette fois, se concentre en effet sur le point de vue des femmes (adolescentes, jeunes mariées) et leur façon de mener les liaisons au moment de leur dépucelage, de la façon la plus authentique puisque basée sur des témoignages de dames et l'empreinte féminine au sein même des scénaristes. En outre, le ton est aussi plus romantique tout de même, quand il n'est pas relâché 'à la manière de'. Sujet encore tabou néanmoins et Mocky s'attire pas mal de foudres critiques, mais François Truffaut, entre autres, le soutient jusqu'à un certain point. À raison car le film, moins haletant que son premier, est construit sur des sketches qui s'imbriquent entre eux, les rôles féminins se connaissant pour certains. La boucle des Dragueurs se trouve d'ailleurs bouclée avec la seconde et dernière apparition (tardive) de Charles AZNAVOUR dans un film du sieur Jean-Pierre.

Si la bande originale des Vierges n'est point passée à la postérité, guère plus que celle de Snobs ! écrite par Joseph KOSMA, grand collègue de Jacques Prévert comme Serge GAINSBOURG l'a chanté au même moment, et même sans être phénoménale, elle mérite que l'on s'y attarde. D'abord, pour mentionner que deux autres compères en sont responsables, un Ch'ti et un Marseillais, anciens du conservatoire puis pianistes de jazz devenus chefs d'orchestre.

Le premier, Raymond LEFÈBVRE (ou Lefèvre par erreur), a eu quelques succès avec DALIDA et Gilbert BÉCAUD à la fin des années 50. On lui doit aussi, juste après Mocky, l'illustration des frasques de Louis De Funès à compter du Gendarme de Saint-Tropez en 1963 (sifflements comme générique twist), avant Jo, Les Grandes Vacances et même La Soupe Aux Choux, beaucoup plus tard. Il fera aussi l'accompagnement en direct des émissions variété de Guy Lux entre 1965 et 75, ainsi que les arrangements pour William SHELLER sur son album Univers. Moins connu, son ami sudiste Paul MAURIAT, alias Del Roma, aura une carrière fructueuse avec sa compatriote provençale (avignonnaise) Mireille MATHIEU. Ensemble avec LEFEBVRE, leur collègue commun Franck POURCEL (premier chef d'orchestre variété français primé aux Etats-Unis) et le parolier Jacques Plante (AZNAVOUR, MONTAND, SHEILA etc), ils réalisent en 1963 pour Petula CLARK le tube "Chariot", devenu "I Will Follow Him", immense succès Outre-Atlantique.

C'est donc, pour nos pucelles timides, fringantes ou électriques de 1962, une affaire de camaraderie en musique, de féminité à laquelle les hommes s'adaptent tout en modelant à leur guise, quitte à se faire mal voir. Difficile de dire lequel de MAURIAT ou LEFEBVRE a écrit tel ou tel thème du film de Mocky. Le tandem a dû agir de concert la plupart du temps, mais on distingue cependant deux temps forts, avec d'un côté la douceur romantique, torturée, de l'autre la légèreté et les intentions sexuelles 'libres', symbolisées par le jazz et le twist. Thèmes sans nom, du coup, que l'on reconnaît aisément pour une forme de suite d'ensemble avec des variations. Dès la fin du générique d'ouverture, plutôt du premier style, une variation jazz nous est proposée comme transition courte vers un twist endiablé, exotique aux couleurs latines, dans la séquence du dancing.

Les extraits brefs s'enchaînent, au prix d'un montage approximatif voire sauvage de 'petit' film bien d'époque, avec moins de fluidité que pour les Dragueurs mais tout en suscitant l'intérêt. Le slow avec sax et orgue, le premier baiser accompagné d'une brève reprise du générique, puis l'actrice fredonnant dans la voiture, le déhanché de la fête foraine, etc... Au sortir du train fantôme, l'accordéon et le xylophone s'y mettent à leur tour, tandis que la trompette reprend les rênes pour le second baiser.

Il y a comme en 59 ce rythme de 'course folle' mais moins mordante puisqu'il s'agit de femmes, souvent moins pressées que leurs hommes dans l'intimité commune, même quand l'accroche vient d'elles ! Ce qui n'est pas sans faire sourire, notamment dans le cas de Geneviève, jeune mariée récalcitrante à sa nuit de noces, jouée par Catherine Diamant, actrice peu connue qui est la première (sauf si doublure) à montrer ses fesses dans un film de Mocky et en proue d'une longue série, si l'on excepte le profil de Juliette Mayniel couverte seulement en haut et agenouillée dans le lit de Un Couple (1960). Il faut gratter derrière cette apparente légèreté voyeuriste pour trouver une sensibilité réelle, ce que LEFEBVRE et MAURIAT soulignent avec soin durant le dialogue conjugal qui s'ensuit sur les attentes de Geneviève, effets enchanteurs à la clef.

Puis, dans le dernier 'sketch', quand Charles AZNAVOUR arrive (pour le rôle d'un patron marié et dragué fiévreusement par une de ses employées de moins de 21 ans, donc mineure à l'époque !), on se dit qu'il ne manquait qu'un bon piano à cette palette sonore. Le meilleur de la BO reste malgré tout le fameux générique en mélodie gracieuse et enfantine valsée, au célesta et à la guitare classique, avec une envolée de cordes pour la reprise lointaine en guise de fin. Moments d'une grande délicatesse, d'autant plus marquants grâce aux images sur lesquelles défilent les credits, montrant des scènes quotidiennes de fillettes, puis d'adolescentes et de femmes, dans cet ordre-là, inversé de façon très nette durant le générique final ! Comme une façon malicieuse pour 'certains' de dire « elles ont beau grandir, elles gardent des attitudes d'enfant ». Toujours dans la tradition noir et blanc (Mocky ne passe à la couleur que durant la deuxième moitié de la décennie), s'il échoue en France, Les Vierges est bien mieux accueilli en Italie avec un million d'entrées.

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- Paul Mauriat, Raymond Lefèbvre (compositions, orchestrations)


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