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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

1970 L'Etalon (Mocky)
1972 La Scoumoune
 

- Membre : Bande Originale De Film

François DE ROUBAIX - L'etalon (mocky) (1970)
Par MARCO STIVELL le 3 Mars 2023          Consultée 390 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Jean-Pierre Mocky a dirigé quatre films avec Bourvil, ce qui tient pratiquement du record. Pendant un moment, ils étaient fâchés, ce qui a permis au premier de tourner avec Fernandel ; autrement dit, il est, outre Gilles Grangier, le seul réalisateur à avoir eu 'pour lui' ces deux parmi les quatre plus grands acteurs français des Trente Glorieuses. Et, de plus, dans leurs derniers voire tout derniers efforts, surtout Bourvil. Son tandem avec Mocky avait déjà bien repris en 1968 avec La Grande Lessive (!) aux côtés de Francis Blanche, Jean Poiret, Michael Lonsdale et autres habitués. Un franc succès populaire dans lequel Bourvil joue un maître d'école barbu désespéré de voir ses élèves de primaire arriver en classe épuisés à cause de la télévision omniprésente chez eux. De quoi lui donner des envies de conspiration idéaliste : grimper sur les toits d'immeubles, saboter les antennes à l'aide d'une sulfateuse et d'un produit chimique afin de priver les gens de télé, en commençant par sa ville puis en l'étendant à toute la France, ce qui lui vaut pas mal de problèmes !

Une période bénie pour Mocky qui, depuis Les Compagnons de la Marguerite (1967, avec un très bon Claude Rich en vedette), son ultime film en noir et blanc, allie qualité et réception publique : entre 1 million et 2 millions et demi d'entrées pour chaque film jusqu'en 1971. Après le retour de Bourvil sous les meilleurs auspices en 68, l'Étalon use en toute logique des mêmes recettes, l'acteur écrivant lui-même le scénario. À la brasserie La Coupole sur le boulevard Montparnasse à Paris, lui et Mocky entendent deux femmes parler à la table à côté de leurs déboires conjugaux, leurs maris 'fatigués', leur propre frustration sexuelle et l'envie de se trouver un bel athlète en cachette pour y remédier. Il n'en faut pas davantage pour leur inspirer la trame du film, à une époque où se développent, au sein des municipalités, les assistants aux femmes délaissées ! Chez Mocky, même derrière la grosse comédie, il y a du sociologique.

L'étalon décrit ici est d'abord un musicien de rue bien bâti, autour duquel Bourvil/Jacques Chaminade veut bâtir tout un business à but noble et que, pareil, il veut étendre à toute la France, allant même jusqu'à ruser pour faire passer un décret à l'Assemblée Nationale (la séquence de fin). Ses antagonistes sont Francis Blanche en roquet chrétien chevronné et Michael Lonsdale en commissaire un peu plus flexible. Et comme les 'étalons' se multiplient sous la forte demande des femmes, le titre du film convient mieux à Chaminade qui chapeaute le tout, ancien vétérinaire demeuré fidèle 'dans le vent', résolument chaste ! Du Mocky pur jus, mais avec un Bourvil plus impliqué que jamais, pour la dernière fois et forçant d'autant plus l'admiration qu'il est en fin de vie (il ne fera plus qu'un seul film après, en 70), sans barbe, sans plus aucun cheveu même, à cause de la chimio. Le tournage réalisé en sept jours de septembre 69, non sans 'accident' pour l'acteur, tient une grande place (sauf l'aquarium de Granville) au point le plus méridional de France métropolitaine : Cerbère dans les Pyrénées-Orientales, là où les montagnes se jettent dans la mer.

Après La Grande Lessive (!), autre point commun donc, le compositeur François DE ROUBAIX rempile et aurait mieux mérité de terminer auprès de Mocky avec ce film plutôt qu'avec Chut ! en 1972, élément plus que mineur du cinéma comique. En la matière, 70 est aussi l'année où DE ROUBAIX signe la BO pour L'Homme Orchestre avec Louis De Funès, autre effort notable sur une année où il est particulièrement prolifique. Avec l'Étalon, tout en demeurant dans un ton moins exubérant et diversifié, il n'est pas en reste.

Il existe deux manières d'écouter cette BO sur disque : d'une part un 45 tours qui n'en conserve que deux des cinq thèmes proposés, ensuite, beaucoup plus tard en 2007, un CD compilation de la radio FIP qui recoupe avec d'autres BOs dont celle de La Grande Lessive (!). En contraste avec cette dernière qui, dès l'introduction, montrait un certain dynamisme en simulant le zapping tel que permis alors sur les deux seules chaînes TV existantes, DE ROUBAIX va ici au plus simple du plus simple. Parler de Mocky pur jus musicalement ne sert dès lors plus à rien : c'est ainsi et pas autrement.

Le générique animé d'ouverture avec les juments et les étalons, presque fleur bleue mais déjà bien léger dans l'esprit, offre un de ces thèmes très empreints de musique populaire mais aussi de dolce vita. Une aubaine pour l'orchestre, dont la direction est confiée au guitariste Tony Rallo secondant DE ROUBAIX. L'esprit mélodique fin cher à ce dernier est présent et appuyé par des arrangements de xylophone et de piano modifié dit 'punaise', une belle variation aux cordes... Très plaisant et moins kitsch que les images proposées, il reste un des plus beaux thèmes dans la carrière cinématographique de Mocky.

La fluidité n'est point dérangée par l'idée de répétition. Sans faire de copier-coller, le compositeur a habilement rapproché le gracieux générique avec la chanson qui parcourt le film sous forme de 'deuxième thème principal'. "Le Troubadour Aime l'Amour", sérénade du blond éphèbe et futur 'étalon', guitariste jouant et chantant sur les terrasses du village de Cerbère, lieu de choix pour des vacances d'été, ne vous sortira plus de la tête ! Galante mais avec une pointe d'espièglerie, elle puise dans une écriture séculaire et des plus appréciées, quoique balayée depuis par notre ère informatique. En plus, nous sommes à Cerbère, avec la Catalogne espagnole et le reste de la péninsule ibérique à portée de main !

Tout cela est 'caliente', 'chaud', gentiment mais chaud quand même. Mocky s'en donne à cœur joie et Bourvil, malgré son personnage guindé, participe bien à cette allégresse, fredonnant lui-même quelques notes comme il l'a fait lors du film précédent. La guitare classique de Tony Rallo est à l'honneur, parfois seule comme lors de la scène du pédalo ou bien de la séquence sauvetage d'une Mme Pointard au désespoir par un ex-vétérinaire en pleine reconversion. Agréable et bien fait, même si pas nécessairement fait pour durer ! De même, on se délecte du "Thème des Femmes Délaissées" avec ses chœurs féminins fredonnants, appréciable notamment quand ces dames viennent rencontrer 'l'étalon' en file et à dos de cheval sur les collines bordant la Méditerranée.

La chanson peut paraître volontairement bébête, mais DE ROUBAIX équilibre parfaitement avec de beaux arrangements, de la mignonnitude sans ironie également (le célesta, idéalement choisi pour la 'salle d'attente'). À l'aquarium, la guitare classique est doublée et rejointe par une cymbale charleston, le genre d'idée noyée dans le film mais qui permet d'en apprécier les petites subtilités. Mocky et ses comédies grivoises n'atteindront pas toujours un tel niveau, loin s'en faut !

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   MARCO STIVELL

 
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- François De Roubaix (compositions, orchestrations)
- Tony Rallo (guitare classique, arrangements)


1. L'etalon
2. Thème Des Femmes Délaissées



             



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