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- Membre : Bande Originale De Film

François DE ROUBAIX - Le Samouraï/les Aventuriers (2005)
Par K-ZEN le 23 Septembre 2024          Consultée 280 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Il faut presque se pincer pour y croire véritablement, même quelques semaines plus tard.

Évidemment, on le croyait immortel malgré le temps qui peu à peu commençait à attaquer ses traits, battant en brèche l’idée de jeunesse éternelle. Il s’était fait rare à la télé ou publiquement depuis ses pépins de santé qui l’avaient laissé extrêmement faible. Dernièrement, ce sont plutôt pour des questions personnelles ou mercantiles qu’on avait entendu parler de lui, sa famille se déchirant en déballages gênants par presse interposée sur sa supposée ultime escale désirée avant le voyage dont on ne revient pas.

Alain Delon est donc mort le 18 août 2024.

Après le départ de Jean-Paul Belmondo il y a trois ans, son double lumineux avec lequel les relations ne furent pas toujours linéaires, ainsi sonne sans doute le glas d’une époque. Des films français mettant en scène des acteurs talentueux continuent de sortir, certains rencontrant un succès non démenti comme le fameux Un p’tit truc en plus réalisé par Artus cette année mais personne n’a remplacé et ne remplacera jamais Ventura, Gabin, Montand ou encore De Funès dans un autre style, j’en mets ma main à couper même si j’espère secrètement être contredit.

Dans le bouleversement télévisuel qui suivit, France 2 sélectionna initialement Le Samouraï, pièce-clé étrennant pour Delon une collaboration plutôt fructueuse avec Jean-Pierre Melville. C’est également l’originelle partition composée par François DE ROUBAIX pour un réalisateur fantasque et pas tendre avec ses collaborateurs musicaux ; il rejeta ainsi violemment les pièces de John LEWIS conçues afin d’orner Le Deuxième Souffle. Le Samouraï, d’une esthétique minimale et glaçante, offre un terrain de jeu unique à DE ROUBAIX, notamment ses dix minutes inaugurales sans dialogues si ce ne sont les doux gazouillis de l’oiseau du tueur à gages Jeff Costello incarné par un Delon aussi froid et mutique que la lame d’un couteau aiguisé. Seule une consigne émanait de Melville comme le rapporte le compositeur : La musique devait fonctionner comme un portrait intérieur de Costello. Autrement dit, un personnage marqué par un passé et surtout par un destin. Le thème principal épuré construit à l’orgue répond à ce cahier des charges et exprime d’ores-et-déjà le destin funeste de notre héros, pris dans un engrenage infernal qui le broiera impitoyablement, le final reprenant ces mêmes notes mais via une trompette, renforçant le caractère tragique du dénouement. Le reste de la partition demeure incertain (austère "Fatalité") malgré quelques instants jazz plus légers, et manifeste une urbanité convaincue comme l’un de ses intitulés l’indique clairement.

Le thème des Aventuriers, sorti la même année, est irrigué de la même gravité. DE ROUBAIX élabore "Journal de bord" dès 1963, le destinant au départ à André Hunebelle et OSS 117 finalement mis en musique par Michel MAGNE. La pièce parvient à trouver sa place trois ans plus tard ornant le film de Robert Enrico. Construite via des ruptures mélodiques, elle oscille entre le doux et l’amer. Le triangle amoureux mais pudique est ainsi déjà là : les notes de piano nerveuses agrémentées de cordes tranchantes illustrent l’amitié virile entre Manu (Alain Delon) et Roland (Lino Ventura) sur fond de loisirs dangereux (acrobaties aériennes, voitures) et d’une chasse au trésor impromptue à laquelle se greffe un troisième larron, la belle sculptrice Lætitia dont les traits sont empruntés à Joanna Shimkus, cette dernière annonçant son arrivée via sifflets et guitare acoustique, une naïveté vaguement rêveuse bientôt confrontée au malheur. "Pilleurs d’épave" se fera l’écho de cette sourde menace, se matérialisant soudain pleinement sur l’"Enterrement sous-marin", marche funèbre conduite par l’orgue de l’Église de Saint-Roch et le chant déchirant de Christiane LEGRAND, ultime étape avant un dénouement mortel au Fort Boyard.

La partition propose en outre deux autres éléments remarquables : "Laeticia, par Alain Delon" où l’acteur pousse la chansonnette bien avant "Paroles, Paroles" et une version très émouvante des "Aventuriers" qu’interprète le dernier compagnon de PIAF, Théo SARAPO.

L’album compilant les deux bandes-originales a été remastérisé en 2005, proposant en bonus un remix trip hop du plus bel effet du thème du Samouraï à créditer à Nicolas ERRÈRA, ultime preuve de l’impact encore vivace de ce film et de son inoubliable thème.

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   K-ZEN

 
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- François De Roubaix (composition, sifflet, piano, guitare)
- Bernard Gérard (direction d’orchestre, arrangements)
- Christiane Legrand (chant)
- Eric Demarsan (direction d’orchestre, arrangements)
- Eddy Louiss (orgue)
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- D’autres Talentueux Musiciens Non Crédit


1. Laeticia, Par Alain Delon
2. Journal De Bord
3. Enterrement Sous-marin
4. Acrobaties Aériennes
5. Casino Latino
6. Manu Et Roland
7. Les Aventuriers
8. Enterrement Sous-marin
9. Pilleurs D’épave
10. Générique Fin
11. Les Aventuriers, Par Théo Sarapo
12. Le Samouraï
13. Valérie
14. Martey’s
15. La Blessure
16. Hôtel Sandwich
17. Costello Dans La Ville
18. Jeff Et Valérie
19. Fatalité
20. Jeff Et Jeanne
21. Le Destin De Costello
22. Le Samouraï Se Remixe (partie 1)
23. Le Samouraï Se Remixe (partie 2)



             



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