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MATH-ROCK, JAZZ  |  STUDIO

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2022 Remember That You Will Die
 

2022 Remember That You Wil...

POLYPHIA - Remember That You Will Die (2022)
Par BRADFLOYD le 8 Mars 2023          Consultée 846 fois

POLYPHIA est un groupe étrange pour beaucoup. Trop technique pour certains, complètement barré pour d’autres, il est le groupe de la guitare ultime du futur pour nombre de leurs aficionados. Soyons clair, j’aime ce groupe pour son côté « construit », imprévisible, et pour cette alchimie entre deux guitaristes considérés comme parmi les meilleurs au monde. Tout du moins, parmi les connus. Mais surtout, le style « math rock » intellectualise encore plus la musique et entrer dans leur univers n’est pas donné à tout le monde. Trop complexe, donc, pour les auditeurs biberonnés aux radios françaises.

Déjà, levons quelques idées reçues. « deux guitaristes considérés comme parmi les meilleurs au monde » ai-je écrit plus haut. Oui et non en fait. La musique de POLYPHIA est une musique écrite, tout comme la musique classique, et j’ai toujours été étonné par l’incapacité de nombre de ces musiciens potentiellement virtuoses à improviser. Certes, tout le monde n’est pas forcément Guthrie GOVAN, le champion du monde de cet exercice, mais la dichotomie existant entre ce que l’on entend sur disque et la réalité de la scène peut laisser pantois, notamment dans le cas de Tim Henson et Scott LePage. Visitez, ainsi, certains sites de streaming et vous comprendrez ce que je veux dire à leur propos*. Incapables de jouer correctement sur scène lorsqu’ils sortent de leur univers.

Quatrième album de leur discographie, Remember That You Will Die commence là où s’est arrêté New Levels New Devils, leur précédent opus. Sauf qu’il s’agit d’un leurre. Si nous sommes en terrain connu dès les premières notes de "Genesis", l’ambiance change très rapidement avec l’introduction de cuivres qui enrichissent agréablement le titre. Et c’est là qu’il faut, me semble-t-il, lever une ambiguïté. Si vous vous renseignez sur le groupe, celui-ci sera rangé dans le heavy metal. C’est quelque chose qui m’a toujours ennuyé dans la mesure où ce choix de catégorie correspond vraisemblablement à leur proximité avec des musiciens comme Steve VAI. Or, selon moi, on en est très éloigné. Musique progressive, peut-être, mais surtout jazz. Et ce premier titre vous le démontre à l’envi. Et chose très étonnante pour un groupe que l’on qualifierait de "guitare", ce titre met cet instrument non pas au premier plan mais à l’unisson des autres instruments, voire même, lorsque la section cuivre prend le lead, au second plan à travers différents entrelacs d’arpèges dont on a du mal à distinguer toute la richesse harmonique. Mention spéciale pour la partie rythmique cependant, ce qui sera le cas, d’ailleurs, sur l’ensemble de l’album.

Il faut noter aussi que les morceaux sont courts, voire ultra courts. Douze titres pour 40 minutes, le dernier étant l’exception qui confirme la règle puisqu’il fait près de 6 minutes. Alors, deux approches se distinguent. Soit l’auditeur est satisfait parce que cela lui permet de switcher d’une ambiance à l’autre sans ressentir de lassitude, soit c’est la frustration qui domine parce que les idées semblent plaquées ici et là sans réel développement, alors que le même auditeur souhaiterait des envolées à la hauteur du talent des deux bonhommes.

Autre particularité, le mélange de vraie batterie avec des boites à rythmes. Volonté de coller le plus possible à la scène actuelle, de draguer un public rétif à la musique instrumentale ? "Playing God", par exemple, fait très trip hop avec un travail à la guitare acoustique de première qualité. D’autres titres tirent leur épingle du jeu, tel "The Audacity" ou "Reverie" avec un travail à la basse assez fantastique sur des rythmes syncopés tout du long.

En fait, j’éprouve une impression, non pas de facilité, mais de simplification de la musique du groupe avec des gimmicks facilement mémorisables. Et parfois des ruptures incompréhensibles pour l’auditeur ("Reverie" et sa coda, assez étrange), sans parler de ces incursions coincées entre le rap et le R’N’B. "ABC" m’a fait penser à la reprise par Jordan RUDESS du titre "Moves Like Jagger" avec Eyal Amir et Tammy Scheffer, avec un gros travail sur la voix de Sophia Black qui chante à l’unisson avec les guitares. J’ai beaucoup moins apprécié "Memento Mori" et ses influences R’N’B. L’avantage : ces deux titres sont particulièrement courts et ne pèse pas trop sur l'ensemble. Mais ces titres autotunés… Quelle plaie ! "Fuck Around and Find Out" a en lui toutes les dérives qui font que je n’écoute plus la radio depuis longtemps. Un titre que je zappe systématiquement. En bref, pour moi, un gros ventre mou, même si « ABC » ressort quand même du lot par sa qualité.

Après ces titres dispensables, une introduction ("All Falls Apart") à deux titres qui ne dépareilleraient pas avec les albums précédents et l’ADN d’origine du groupe. La doublette "Neurotica - Chimera" est à ce titre intéressante, jusqu’à ce retour au R’N’B autotuné avec Lil West. Bon, certains aimeront, pas moi. Ça m’énerve, d’ailleurs, dans la mesure où, avant l’introduction du morceau, je prenais vraiment mon pied. Puis on reste dans la guimauve survitaminée (un peu paradoxale, j’en conviens) avec "Bloodbass". Là encore, ça me gonfle au-delà du possible. Au point que j’en arrive à oublier les instrumentistes, c’est dire.

Enfin, "Ego Death" avec Steve VAI clôt cet album assez inégal. On dit souvent que la dernière impression doit être la bonne. "Ego Death" serait équivalent de "G.O.A.T." de New Levels New Devils, en plus barré avec un VAI de haute voltige. Mais un foisonnement d’idées fait-il un bon morceau ? C’est le genre de titre qu’il faut écouter une foultitude de fois pour bien en comprendre la logique et la mémoriser quelque peu. En tout état de cause, il demande une attention de tous les instants jusqu’à son final où les cuivres entrent à nouveau dans la danse pour quelques secondes de conclusion.

Difficile, donc, de noter cet album. Pour être honnête, un peu déçu de la direction prise par le combo qui me semble aller dans une impasse. Trop de sucreries indigestes, des titres pour certains peu développés où les guitares ne sont plus trop les reines alors que POLYPHIA est réputé pour ses parties alambiquées et inventives. Et alors que la presse internationale trouve cet album tout ce qu’il y a de plus remarquable, il ne mérite pour votre serviteur que la moyenne, note que j’abaisse à 2/5 en raison de la déception que j’ai éprouvé à son écoute, et ce en dépit d’une production sonore particulièrement claire et efficace malgré les surexpositions des instruments.


* Je vous invite à regarder la vidéo du « Ibanez PIA Concert Guitar Jam » de 2020 et vous comprendrez ce que je veux dire quand les deux compères jouent en solo sur invitation de Steve VAI sur le titre "My Guitar Wants To Kill Your Mama". La différence est notable entre ce que jouent Paul GILBERT, Joe SATRIANI, Nita STRAUSS ou Steve VAI face aux gars de POLYPHIA qui semblent particulièrement empruntés et à qui Dave WIENER ou Steve VAI coupent la chique très rapidement, évitant qu’ils se vautrent un peu plus.

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   BRADFLOYD

 
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- Tim Henson (guitares)
- Scott Lepage (guitares)
- Clay Gober (basse)
- Clay Aeschliman (batterie
)
- Invités :
- $not : Chant (7)
- Anomalie : Claviers (3)
- Brasstracks : Invité (1)
- Chino Moreno : Chant (11)
- Killstation : Chant (6)
- Lil West : Chant (10)
- Sophia Black : Chant (4)
- Steve Vai : Guitares (12)


1. Genesis (feat. Brasstracks
)
2. Playing God

3. The Audacity (feat. Anomalie
)
4. Reverie

5. Abc (feat. Sophia Black
)
6. Memento Mori (feat. Killstation
)
7. Fuck Around And Find Out (feat. $not)
8. 
all Falls Apart
9. 
neurotica
10. 
chimera (feat. Lil West)
11. 
bloodbath (feat. Chino Moreno
)
12. Ego Death (feat. Steve Vai)



             



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