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- Style : Herbie Hancock , Hozan Yamamoto

The MYSTERY KINDAICHI BAND - The Adventures Of Kindaichi Kosuke (1977)
Par STREETCLEANER le 27 Mars 2023          Consultée 1361 fois

Les algorithmes s’améliorent. Ils restent certes très perfectibles mais ils s’améliorent. Parce que c’est à l’algorithme d’un célèbre site Internet de vidéos en ligne que je dois cette découverte musicale, après avoir visionné - depuis quelques temps - des vidéos sur le Japon et le jazz (sans lien entre l’un et l’autre).

Kosuke Kindaichi, je n’en n’avais jamais entendu parler. Enfin c’est ce que je croyais jusqu’il y a peu, ne me souvenant plus d’avoir lu il y a quelques années le roman « La hache, le koto et le chrysanthème ». Kindaichi, c’est donc le nom d’un célèbre détective de fiction au pays du soleil levant, une création de l’écrivain Seishi Yokomizo (1902 – 1981) ; la série est prolifique : 77 livres de 1946 à la fin des années 70. Certains comparent son œuvre à celle d’Agatha Christie ; comme pour cette dernière, plusieurs enquêtes du fameux détective seront portées à l’écran.

Le titre The Adventures of Kindaichi Kosuke * se retrouve dans un film parodique de 1979 consacré au détective mais la BO remonte quant à elle à 1977 et a plus à voir avec un concept-album car les titres empruntent à différents romans de l’auteur. Par exemple « Akuma Ga Kitarite Fue Wo Fuku » correspond au roman 悪魔が来りて笛を吹 (le diable vient et joue de sa flûte).

Quoi qu’il en soit cette OST, remasterisée récemment à partir des bandes originelles nous dit le label Wewantsounds, réunit des musiciens japonais talentueux de l’époque dans les domaines du jazz et du disco-funk, un supergroupe en quelque sorte. On oublie parfois que la société japonaise s’est ouverte culturellement à l’Occident et que nombre de Japonais écoutaient déjà de la musique américaine et anglaise (surtout) dans les années 70 et nombre de groupes y presseront des éditions japonaises limitées – et très prisées avec bonus - de leurs vinyles.

Cette occidentalisation est bluffante car il y a peu d’éléments musicaux japonais dans cette œuvre, on les retrouvera essentiellement dans certaines percussions, des flûtes et des instruments à cordes traditionnels (koto). A ceci près, il faut dire que cette BO ressemble à s’y méprendre à celle d’un film français ou italien de l’époque.

La pochette représentant un vampire japonais jouant de la flûte joue sur un côté horrifique kitsch qui transpire dans la musique. Mais surtout, ce jazz complètement imbibé dans le disco et le funk, et en partie orchestré, est groovy à souhait. Ceux qui aiment le Herbie Hancock de la période Head Hunters seront comblés « Honjin Satsujin Jiken » ; tout en n’oubliant pas qu’il s’agit d’une musique censée accompagner des images, une intrigue, et qu’elle est donc plus tendue et qu’elle a vocation à suivre un narratif imaginaire « Gokumontou » (seul morceau chanté - qui possède ce petit côté fou de MAGMA.)

Les cocottes funky s’entendent dès le titre d’ouverture « Kindaichi Kosuke No Theme » et les sonorités ne font pas mystère : retour au charme des années 70 !

Un des titres les plus enlevés et cinématographiques qui fera inévitablement penser à un film policier américain (on pense à Shaft ou à la blaxploitation) ou italien est « Akuma No Temariuta » où se mêlent voix évanescentes, orchestre type Big band, guitare funky ainsi qu’une succession de soli, typiquement jazz, de saxophone et de Fender Rhodes.

« Meirosou No Sangeki » possède le charme italien des thèmes de films joués à la trompette (ceux qui en apprécient l’ambiance iront jeter une oreille sur la superbe BO de l’Eventreur de New York par le compositeur Francesco de Masi), on y retrouve la mélancolie de la solitude de l’enquêteur Kindaichi que Seishi Yokomizo entendait tout au long de cette BO ; et en même temps il y a une forme d’insouciance dans ce titre, on imagine très bien une voiture parcourir des rues de Rome lors du générique d’ouverture d’un film ; dans cette optique on peut également citer « Kamen Butoukai » et son ouverture au piano. L’alternance entre moments insouciants et moments tendus, où le danger surgit promptement, nous fait là aussi penser à cette manière de faire des Italiens.

Cette BO ne contient pas à proprement parler d’éléments horrifiques mais joue plus sur l’angoisse ; on peut facilement déceler dans le second titre, « Yatsuhakamura » (Yatsuhaka Village), les intrigues et dangers qui nous guettent dans cette flûte mystérieuse et sombre soutenue par des cordes vibrantes porteuses d’inquiétude ; et les cris de la chanteuse semblent ceux d’une goule qui émergerait de son temple oublié et perdu au milieu d’une forêt maudite ou d’une montagne hantée.

De son côté, l’endiablé « Akuma Ga Kitarite Fue Wo Fuku » fait furieusement penser au travail postérieur de Keith Emerson sur la BO du film Inferno (par Dario Argento). Même sonorité des instruments (du piano notamment), même côté dramatique des apparitions de l’orchestre, même tension et suspens, tout est ressemblant hormis les sons typiquement japonais qu’on retrouve notamment en fin de morceau.

Le piano délicat du dernier titre qui va peu à peu gagner en vélocité et emphase, mélancolique comme un jour de pluie, s’inspire du roman connu en anglais sous le nom de « The Inugami Family » ** dans lequel les meurtres s’enchaînent à la façon d’un rébus meurtrier.

C’est la grande force de cette BO que de proposer des images et des ambiances qui viennent immédiatement à l’esprit. Ceux qui sont sensibles au groove du funk et en même temps sont nostalgiques de ces musiques de films des années 70, des gialli italiens notamment, où s’entremêlent une forme de décontraction et d’angoisse, trouveront dans ces aventures de Kosuke Kindaichi une superbe BO où chaque titre participe de la construction de cette riche fresque meurtrière imaginaire.


* (vous trouverez généralement, hors du Japon, les nom / prénom inversés - Kosuke Kindaichi - car il faut retenir qu’au Japon, traditionnellement, le nom vient avant le prénom, Kosuke étant donc le prénom)
** Ou « La hache, le koto et le chrysanthème » pour le roman en français

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1. Kindaichi Kosuke No Theme
2. Yatsuhakamura
3. Kamen Butoukai
4. Honjin Satsujin Jiken
5. Gokumontou
6. Akuma No Temariuta
7. Meirosou No Sangeki
8. Akuma Ga Kitarite Fue Wo Fuku
9. Mitsukubitou
10. Inugamike No Ichizokou



             



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