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EXPéRIMENTAL AMBIENT-JAZZ  |  STUDIO

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2015 Etudes
2017 Compound
 

 Subtext Recordings Bandcamp (142)
 Yair Elazar Glotman (150)

Yair Elazar GLOTMAN - Compound (2017)
Par STREETCLEANER le 20 Novembre 2024          Consultée 140 fois

La musique expérimentale n’a que peu de sens en elle-même : elle ne l’est que si elle est au service d’autre chose, d’une autre volonté, d’une vision ; l’inventivité est alors au service d’une création qui la dépasse. C’est ce qu’avait réussi avec talent Yair Elazar GLOTMAN, virtuose de la contrebasse, dans Études, sorti en 2015 sur le label Subtext Recordings de James Ginzburg. C’était l’occasion de nous faire la démonstration de ce qu’on peut tirer d’un tel instrument tout en proposant des travaux ayant du sens, ayant leur propre univers, l’instrument se métamorphosait alors en décors, en peintures vivantes, tout ce travail était vraiment enchanteur.

Sur Compound (ou mélange, combinaison, composé en Français) Glotman continue son travail, mais en trio, s’adjoignant les participations du pianiste Rieko Okuda et du percussionniste Marcello Silvio Busato. Si l’album sort sous le nom du seul Glotman c’est parce que c’est lui qui a tout composé ; mais il ne faut surtout pas minorer les participations des deux autres musiciens puisque les deux titres présentés, d’une durée de plus de 21 minutes chacun, sont également le résultat d’une liberté encadrée, d’une improvisation qui va tourner autour d’un squelette prédéfini dont chacun des musiciens est responsable. Cette liberté va principalement se focaliser sur les détails sonores, les textures, l’utilisation de la totalité du spectre sonore de chaque instrument, par exemple le frisson d’une touche de piano, le bourdonnement d’une cymbale, le clic fortuit d’une corde de contrebasse pour reprendre quelques exemples mis en lumière par Glotman.

Chacun d’entre eux va devoir s’atteler à cette tâche ardue, conduite par Glotman. Il va falloir pousser ou tirer les instruments acoustiques aux limites de leurs capacités physiques, de leur palette sonore pour délivrer de nouveaux contenus harmoniques et motifs rythmiques. Finalement ce qu’on peut comprendre c’est que l’ossature qui conduit ces deux morceaux (un seul en fait, divisé en deux), essentiellement centrée sur les répétitions ou ostinatos de la contrebasse, va servir de propulseur aux autres musiciens. Il faut également noter un travail de « post-production » car des sons ou apparitions de textures, acoustiques ou non, semblent bien avoir été superposés tout au long de ce travail.

Ces deux pièces ont des caractéristiques très similaires parce qu’elles nous donnent tout à la fois une impression d’immobilité, de prolongation évidente, et là on touche à l’esprit de l’ambient, et une impression de vie évidente, de mouvement, d’ondulation, où les petites textures sonores s’envolent ou s’échappent comme des étincelles au-dessus d’un feu, et tout ceci est réellement vivant. On a parfois le sentiment, tant cette immersion nous hypnotise, que le décor est mouvant, qu’on peut être dans le désert, la nuit étoilée, autour d’un feu, non loin d’un chamane et de sa danse tribale. Les percussions deviennent le serpent à sonnettes "Veil", la contrebasse chante comme l’indien-chaman, les silences du piano modèlent des fragments mélodiques "Revelate" jaillissant telles des petites braises alors qu’il est plus liquide sur "Veil", devenu un flux hypnotique etc. Tout ceci ressemble finalement à un feu de camp : le feu est circonscrit ; de loin il semble statique mais si on y regarde de plus près il s’avère être extrêmement vivant, en permanente métamorphose.

Sur Compound, Glotman a la délicatesse de ne pas se mettre en avant car ce n’est pas son instrument qu’on remarque le plus. Le pianiste Okuda et le percussionniste Busato sont largement servis et l’essentiel des images et du décor de cette fresque vivante leur revient. Mais tout fusionne admirablement bien et c’est une superbe parenthèse enchanteresse qui s’offre à nous. Je ne sais pas combien de personnes peuvent être attirées par ce genre de travaux mais les audacieux trouveront là une jolie gemme, une belle occasion à ne surtout pas laisser passer.

Note : 4.5/5

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- Yair Elazar Glotman (contrebasse, composition)
- Rieko Okuda (piano)
- Marcello Silvio Busato (percussions)


1. Veil
2. Revelate



             



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