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FOREST POOKY - Violets Are Red, Roses Are Blue And Dichotomy (2023)
Par DARK BEAGLE le 12 Avril 2023          Consultée 882 fois

Vous ne connaissez peut-être pas Forest Pooky. Le gaillard a longtemps évolué dans la sphère Punk Rock (en même temps, avec les frangins qui ont fondé UNCOMMONMENFROMMARS, comment pouvait-il en être autrement ?) avant de mettre bon nombre de projets entre parenthèses pour sortir un premier album solo en 2012, Every Key Hole Has An Eye To Be Seen Through, surprenant son monde en approchant le Rock et la Folk avec, il faut bien en convenir, un certain brio. Violets Are Red, Roses Are Blue And Dichotomy est son second L.P, mais les dix années qui le séparent de son grand frère n’ont pas été vides pour autant, avec les sorties de divers E.P et albums de reprises.

Les présentations étant faites de façon très sommaire, passons au cœur du sujet : ce disque. Il est difficile de passer à côté de sa pochette, splendide, illustrée par Roxanne Rastrelli – qui se charge également de tout l’aspect graphique autour de l’album, que ce soit la jaquette ou les feuilles sur le CD. Elle exprime une certaine douceur, mais ne vous y fiez pas trop, chaque félin peut faire patte de velours pour sortir ses griffes un instant plus tard, même si ici cela reste assez calme dans l’ensemble.

D’ailleurs, comment résumer simplement la musique de Forest Pooky en solo ? On peut avancer qu’il s’agit d’un subtil mélange entre l’aspect festif que pouvaient développer les BEACH BOYS à travers des chœurs bien amenés, avec le sens du Rock qu’affectionnaient les BEATLES ou David Bowie. Mais sans chercher le côté purement tubesque des premiers ni la sophistication parfois chirurgicale du second, le tout saupoudré, parce qu’on ne se refait pas, d’un soupçon d’anarchie bien maîtrisé à la GREEN DAY. Et loin d’être bordélique, le tout se marie plutôt bien et apporte de nombreuses nuances et couleurs à l’ensemble, sans oublier cette touche Folk loin d’être anecdotique.

Un rapide coup d’œil au verso de l’album permet de voir que tous les titres sont en anglais, ce qui peut parfois être un frein quand on écoute un artiste français se lancer dans la langue de Shakespeare et Neil Gaiman, la faute à un accent gentiment pourri ou des tournures de phrases niveau collège (aussi, écouter SORTILEGE en anglais par exemple, c’est une bonne tranche de fou-rire qui s’annonce). Forest, lui, bien qu’Ardéchois, a grandi aux Etats-Unis, d’où il est revenu avec son pseudo et un niveau de langue très appréciable. Il se permet même d’utiliser des mots que l’on ne trouve pas fréquemment dans le Rock, y compris dans le rock progressif, pour vous dire. Et surtout, il y a une très belle fluidité dans les paroles et cela se remarque très rapidement.

Les dix compositions de cet album se veulent donc très variées. La guitare est tantôt acoustique, tantôt électrique, avec assez peu de distorsion pour éviter que le rendu soit trop agressif. Certains morceaux vont chercher dans l’efficacité brute, tout en restant très mélodiques, quand d’autres vont se montrer plus émotionnels, jusqu’à vous prendre aux tripes et vous secouer. Gentiment, ou plus en profondeur selon votre sensibilité, mais le fait est que Forest ne laisse pas indifférent. Il développe son petit univers, l’air de rien et il nous y invite avec énormément de chaleur. Il se dégage beaucoup de bonne humeur de ce disque, ainsi qu’une luminosité qui perce même dans les moments les plus sombres.

Les hostilités commencent avec le très BEACH BOYS "If I Get Sick Of It", où Forest nous explique que si jamais il décidait d’arrêter la musique, il le ferait, contrairement à toutes ces Rock Stars qui risquent de claquer sur scène comme tout batteur de SPINAL TAP qui se respecte*. Je vous invite d’ailleurs à aller voir le clip plutôt amusant réalisé par David Basso, à qui l’on doit le très bon documentaire "Diesel" dans lequel apparaît d’ailleurs Forest. Il se moque également des trolls qui pourrissent l’internet sur "Jojo", sur une musique assez calme qui permet d’enchaîner à merveille sur "Crazy Heart" au refrain plus enlevé.

Il varie ainsi les plaisirs, souvent avec beaucoup d’humour, parfois plus sombre, sans jamais tourner en rond. "Voice of Silence" étonne avec son piano omniprésent; "Fog" passe de l’ombre à la lumière sans crier gare; "What You Gonna Do ?" flirte quant à elle avec le Punk sans pour autant franchir la barrière. Le phrasé est là, mais le son, lui, demeure en adéquation avec le reste de l’album pour ne pas amener un déséquilibre malvenu. On note toutefois que la seconde moitié du disque se veut un brin plus virulente musicalement, comme si l’artiste avait voulu exercer une montée en puissance qui deviendrait une escalade sur le triptyque final. C’est peut-être un peu déroutant aux premières écoutes, mais on s’y fait vite.

Le Punk a souvent été évoqué jusque-là. La question qui se pose et qui peut effrayer les réfractaires au genre : Forest a-t-il une voix qui ressemble à celle de Johnny Rotten (SEX PISTOLS, PIL) ou à celle de Dexter Holland (The OFFSPRING) ? Si le premier semble vomir ses mots et le second beugler en continu, Forest réserve cela pour SUPERMUNK. Ici, il chante très bien, il module sa voix, il sait être doux quand les circonstances l’exigent. Mais surtout, on devine que le bonhomme a du coffre et qu’il semble se contenir quelque peu en studio, qu’il ne donne pas forcément toute sa mesure. Cela ne l’empêche pas d’être juste et, le plus important, de véhiculer des émotions (et là encore, il réalise un super tour de force sur "Fog").

Pour ceux qui ne connaissent pas Forest Pooky et hésitent à jeter une oreille (même si les deux c’est mieux) sur cet album, si les mots qui précèdent n’ont pas su les convaincre, je dirai simplement de faire comme avant internet : de se laisser tenter par la pochette et de donner une chance à ce disque qui mérite grandement l’écoute. Je ne ferai pas de phrase avec le mot dichotomie de peur de me planter, mais cet album aux atours noir et blanc est une explosion de couleurs et il serait dommage de passer à côté.


*Sauf que eux atteignent rarement un âge canonique

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   DARK BEAGLE

 
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- Forest Pooky (chant, guitare, basse, claviers)
- Le Bazile (batterie)
- Fred Norguet (percussions, claviers, programmations)
- Jeremy Regenet (piano)


1. If I Get Sick Of It
2. Marvellous
3. Jojo
4. Crazy Heart
5. Voice Of Silence
6. Fog
7. I Know What Love Is
8. Wallflower
9. The Ceiling And The Floor
10. What You Gonna Do ?



             



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