Recherche avancée       Liste groupes



      
SOUL FUNK PSYCHé  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1972 It's Just Begun

The JIMMY CASTOR BUNCH - It's Just Begun (1972)
Par LE KINGBEE le 6 Juin 2023          Consultée 515 fois

Décédé en 2012 suite à un palpitant défaillant, juste une semaine avant de féter ses 72 printemps, Jimmy CASTOR avait suscité une certaine sensation en enregistrant quarante ans plus tôt "Troglodyte (Cave Man)", titre vendu à plus d’un million d’exemplaires.

Originaire de Manhattan, cet ancien condisciple de Frankie Lymon fait ses gammes au sein de plusieurs petits ensembles de Doo-Wop (Jimmy & The Juniors, The Teenchords en compagnie de Lewis Lymon). En 1957, il décroche le gros lot en remplaçant Frankie Lymon au sein des Teenagers. Excellent multi-instrumentiste, il se concentre sur la pratique du saxophone à l’orée des sixties. C’est ainsi qu’on le retrouve au côté de Baby Cortez sur "Rinky Dink" en 1962. Sorte de comique troupier, il refait parler de lui quatre ans plus tard avec "Hey Leroy, Your Mama’s Callin’ You", un mélange de R&B à connotations latines publié par Smash Records. Le bonhomme casse la baraque, passe à la télévision dans l’émission American Bandstand avant de retomber dans un certain anonymat.

En 1970, il revient aux affaires avec The JIMMY CASTOR BUNCH, rejoint par le guitariste Harry Jensen (ex-Willie Wright, Willis "Gator" Jackson), deux membres du Fatback Band, l’organiste trompettiste Gerry Thomas (ex-compagnon de route de Bernard Purdie et d’Howard TATE) et le bassiste Doug Gibson, le batteur Bobby Manigault (alias Bobby Mann) et le percussionniste Lenny Fridie qu’on retrouvera des années plus tard auprès de Christina Aguilera. Jimmy décroche un contrat avec la RCA et sa première galette, "Troglodyte (Cave Man)"*, fait un carton inattendu, un Funk proto-Disco gorgé de grognements néandertaliens. Le titre grimpe à la 4ème place des charts R&B et parvient à décrocher une honorable 6ème place dans les classements Hot 100 du Billboard. Dans la foulée, la RCA décide d’enclencher la marche avant en éditant It’s Just Begun, un album de dix titres complètement barrés.

La pochette issue de l’imagination du dessinateur Dennis Corrigan, illustrateur spécialisé dans le surréalisme, propose un voyage dans le temps et revisite à sa sauce l’évolution de l’humanité. Un visuel qui n’a rien à envier à certaines pochettes du Rock Psyché, marchant ainsi dans les pas de Psychonaut (BRAINTICKET), de l’éponyme Bröselmaschine ou de certaines illustrations du Mahogany Rush, toutes sorties au début des seventies.

Un prologue d’à peine 90 secondes lance les débats sous d’étranges auspices, avec un instrumental enrobé d’un orchestre de cordes en droite ligne avec le générique d’un film hitchcockien. Titre donnant son nom à l’album "It’s Just Begun" débute par une bordée de cuivres entre la James Brown Revue et les diverses moutures forgées par George CLINTON. Si les trompettes débridées revendiquent une agressivité pleine de chaleur, les percussions entre afrobeat et musique latine et une guitare fuzz nous entraînent sur les pentes d’un Funk Psyché de haute volée.
Jimmy Castor débute "Troglodyte (Cave Man)" par une sorte de diatribe à mi-chemin du spoken song et du pamphlet politique plus amuseur que radical au texte complètement barré : What we're gonna do right here is go back - When the only people that existed were troglodytes - Cave men, cave women, Neanderthal, troglodytes - Let's take the average cave man at home, listening to his stereo ≠. Une chanson qui aurait assurément sa place comme bande-son de la série animée Silex And The City.

Tout aussi rythmé "You Better Be Good (Or The Devil Gon' Getcha)" commence par une avalanche de cuivres avant que percussions et guitare fuzz ne se décident à rentrer dans la danse. Si le tempo dresse une palissade de groove infranchissable, le texte se révèle toutefois plus sombre. Changement de décor avec "Psyché", un instrumental qui imprime une forte coloration Psyché avec en arrière fond une guitare à la Hendrix, avant que l’orchestration nous immerge dans une ambiance latino caraïbéenne bariolée de percussions pleines de peps. On retrouve une ambiance similaire sur "L.T.D. (Life, Truth, Death)", sorte de jam session dépassant les 7 minutes dans laquelle les rares paroles se résument à deux courts versets de quatre lignes. Si Jimmy Castor a pour habitude de délivrer des textes pleins d’humour parsemés d’absurde parfois complètement délirant, là le propos se voudrait plus sérieux, avec une question existentielle sur la vie, la mort et l’après. Les arrangements et l’orchestration nous glissent de plus en plus vers un décor afro-latino avec un soupçon de RARE EARTH, quelques gouttes de MANDRILL et des extraits de BLOOD SWEAT & TEARS et de War.
La troupe étonne avec "My Brightest Day", un titre Soul Pop débutant par une profusion de cordes et un clavecin quelque peu anachronique avant que les cuivres ne s’emparent avec empressement des premiers rôles. Le chant se fige avec une intonation à cheval entre le style crooner et la chanson de variété du début des seventies. Cette démarque singulière est à prendre avec des gants. Jimmy Castor revient à une combinaison de Soul Funk avec "Bad" º, le chant se fait plus déclamatoire, rappelant par instant celui du Godfather.
Castor excelle également dans l’exercice du commentaire social, pratique qu’il incorpore généralement en guise d’intro. Sur "I Promise To Remember", il rend un hommage d’une quinzaine de secondes à Frankie Lymon, son ancien condisciple des Teenagers prématurément décédé en 1968, suite à une overdose. La formation nous invite à une mixture dansante mélangeant Doo-Wop et une Soul Pop annonciatrice des futurs succès d’un certain Michael JACKSON. Enfin, l’album se termine comme il avait débuté avec "Creation (Epilogue)", un interlude instrumental de 60 secondes reprenant la mélodie du prologue.

Si "Troglodyte (Cave Man)" a connu un énorme succès et si le titre a fait l’objet de nombreux samples (JAMIROQUAI, Christina Aguilera, Redman, Grandmaster Flash ou Ice -T), Jimmy Castor Bunch délivre avec cet opus un premier jet surprenant aux arrangements luxuriants, combinant Funk hybride, une Soul imprévisible, Rock Psyché groupées à diverses influences latines comme le baio ou l’ijexa nuance brésilienne de l’afrobeat. It’s Just Begun permet également d’introduire certains personnages (Bertha Butt, The Cave Man ou Luther The Anthropoid) qu’on retrouvera par la suite, une galerie de personnages entre super-héros et icones de la blaxploitaion. Ce disque délirant à l’image de sa pochette est à ranger entre DEMON FUZZ, SLY & The FAMILY STONE, MANDRILL et George CLINTON.
Si le disque a fait l’objet de rééditions non autorisées, l'une d'elle est sortie en tirage limité à l’occasion du Records Store Day 2018. Il n’existe à ce jour aucune information sur la trentaine de musiciens participant aux deux interludes instrumentaux.

Note réelle 3,5.


*Sur le single, le titre est simplement typographié "Troglodyte".
≠Traduction : Remontons très loin dans le temps - Quand les seuls peuples existants étaient les troglodytes - Hommes des cavernes, femmes des cavernes, néandertaliens, troglodytes - Prenons l'homme des cavernes moyen à la maison, écoutant sa chaîne stéréo.
ºTitre homonyme à ceux de Michael Jackson et U2.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


Etta JAMES
All The Way (2006)
Le chant du cygne




Nicole WILLIS
My Name Is Nicole Willis (2017)
Nicole recommence à se faire un nom.


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Jimmy Castor (chant, saxophone, timbales, vibraphone)
- Harry Jensen (guitare)
- Doug Gibson (basse, chœurs)
- Gerry Thomas (trompette, piano)
- Lenny Fridie Jr. (congas, percussions)


1. Creation (prologue)
2. It's Just Begun
3. Troglodyte (cave Man)
4. You Better Be Good (or The Devil Gon' Getcha)
5. Psyche
6. L. T. D. (life, Truth & Death)
7. My Brightest Day
8. Bad
9. I Promise To Remember
10. Creation (epilogue)



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod