Ghost Of Modern Times est le second album du groupe lillois DARK MINIMAL PROJECT (DMP). Le premier album Cold Black Room (2022), qu’on pouvait qualifier de beau galop d’essai, laissait entrevoir un potentiel indéniable mais ce Ghost Of Modern Times surprend clairement par le bond en avant très significatif réalisé en seulement quelques mois. Par ailleurs, les moyens utilisés sont plus professionnels et le groupe, qui a pu prendre son temps pour tout fignoler dans les moindres détails, a pu encore faire appel au producteur français Peter Rainman (People Theatre) pour les arrangements et le mixage.

Le duo ne dissimule pas son attachement à DEPECHE MODE et plus largement à la vague New Wave / Synthpop plongeant ses racines au début des eighties, très probablement à l’origine de sa décision de se lancer ; inspiration jusque dans les intonations et gimmicks vocaux de Guillaume VDR, s’approchant de ceux de Dave Gahan. Parfois l’amour que vous portez à la musique finit par vous démanger les doigts… décision peut-être pas exempte d’une forme de "Catharsis", renvoyant au dernier titre de cet album.

Alors, bien sûr, de nombreux groupes officient dans le même créneau et on peut légitimement se poser la question de "pourquoi un de plus ?" Peut-être que ce qui fait la différence avec tant d’autres groupes est que Guillaume VDR, le principal compositeur, est un mélodiste solide. En clair, c’est ce qui donne le sentiment que tout compte fait DMP fait un peu du DEPECHE MODE à l’ancienne, quand le groupe de Basildon savait mêler mélodies catchy et riffs dansants aux synthés. C’est cette recette éprouvée à laquelle le duo semble s’être attachée. Toujours dans cette idée de faire les choses comme avant, le groupe a sorti deux singles en amont de l’album : "Black Light" et "Infected By Love".

Ces deux titres sont parmi les plus forts de l’album mais étonnamment, pour un total de douze titres - quand même, on ne compte pas de phénomène de remplissage qui rendrait l’ensemble bancal (ou ce fameux syndrome du ventre mou).

L’entrée en matière surprend un peu par un instrumental ("Dawn Of My Past") - que n’aurait pas renié John CARPENTER – instaurant une tension à la The Thing. Le climat est cold mais de toute façon la New Wave ou la Synthpop n’ont jamais été rien d’autre. "Boy / Girl" est l’exemple parfait de la chanson conduite par les synthés sur des beats électroniques bien réglés et qui démontre les talents de mélodistes du duo. "Someone New" vous prend dans ses filets avec une belle aisance, ses couplets et refrains bien ficelés et malins en font un titre terriblement catchy. "No More" avec ses harmonies vocales et ses claviers maussades est bien entraînant. "Strangers" adopte une facette plus posée, sombre et mélancolique, un voile de légères ténèbres la recouvre, possiblement la facette Ultra du duo. "Dancing Souls", avec ses samples, est une forme de renvoi de l’ascenseur et de remerciements aux radios qui participent à faire connaître de nouveaux groupes et artistes.

"Infected By Love" est une chanson chantée en duo, avec un mélange de textes en Anglais et Français, le groupe ayant pris le parti d’adopter la langue de Shakespeare sur l’ensemble de l’album. Avec ses riffs entêtants et dansants de la grande époque de DEPECHE MODE, et ses refrains à la mélodie bien troussée qui fait immédiatement mouche, "Infected By Love" est le tube radiophonique parfait. Le dernier "Catharsis..." est un titre plus Dance qui détonne quelque peu mais l’explication peut être trouvée dans le fait qu’il a été composé et interprété en collaboration avec Peter Rainman.

Ghost Of Modern Times est un album solide. Il est clair que le duo a de l’envie et de la créativité à revendre. Les influences sont évidemment à chercher du côté du groupe de Basildon mais nos Lillois ont réussi dans le même temps à s’en détacher suffisamment pour proposer une musique personnelle. L’inconnue que le duo devra affronter, comme tant de jeunes groupes prometteurs, repose dorénavant aussi sur ces fameux concours de circonstances qui font que l’on reste dans l’ombre ou que l’on gagne la lumière.

Note : 3.5/5 que j’arrondis sans appréhension à la borne supérieure.