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1980 Metamorphoses

ARTEMYEV / MARTYNOV - Metamorphoses (1980)
Par NANAR le 30 Juillet 2023          Consultée 356 fois

Bien que très actif depuis les années 1960 comme compositeur de musiques de films, Eduard ARTEMYEV dut attendre 1978 et la bande originale du film Solaris (1972) pour enfin voir son travail publié en album sous son propre nom. En dehors de son travail pour le cinéma, ce n’est qu’en 1980 qu’il eut l’opportunité d’être publié, avec l’album Metamorphoses. Il s’agit d’un disque de réinterprétations électroniques de divers thèmes de la musique classique, un exercice similaire à la démarche des synthétistes Isao TOMITA et Walter/Wendy CARLOS. Le synthétiseur utilisé est le Synthi-100, développé par la firme anglaise EMS à la suite du VCS3 et commercialisé en 1974, imposante machine incorporant douze oscillateurs et un séquenceur digital. L’exemplaire utilisé ici est celui commandé par Melodiya, le label soviétique d’État.

Metamorphoses n’est pas à proprement parler un album solo d’Eduard ARTEMYEV, ici accompagné du compositeur Vladimir Martynov et de Yuriy Bogdanov, guitariste du groupe Boomerang et ingénieur du son chez Melodiya. Il ne s’agit pas non plus réellement d’un travail de groupe, Eduard ARTEMYEV et Vladimir Martynov assurant respectivement quatre et sept pistes, tour à tour épaulés par Yuriy Bogdanov. Il s’ensuit alors une dualité entre les deux synthétistes. Eduard ARTEMYEV est très porté sur les séquences virevoltantes et les nappes lunaires, parfois au bord de la dissonance, là où Vladimir Martynov, moins audacieux, se montre plus fidèle aux partitions musicales.

À cette alternance de couleurs électroniques, s’ajoute une importante disparité de compositions. D’une part, nos trois larrons font le pont entre la période baroque (Johann Sebastian BACH, Claudio MONTEVERDI, John Bull) et le XXème siècle (Sergeï PROKOFIEV et Claude DEBUSSY donc). Il y a quand même deux siècles de musique superbement ignorés, bonjour le grand écart. D’autre part, nous avons droit à trois compositions nouvelles, deux de Vladimir Martynov et une d’Eduard ARTEMYEV. Dans le cas des interprétations classiques, comme pour les albums d’Isao TOMITA, l’analyse de cet album se portera sur l’interprétation électronique davantage que sur les compositions elles-mêmes.

Je dois avouer que les pièces baroques, toutes interprétées par Vladimir Martynov, sont ici celles qui me parlent le moins. À l’exception des deux "Goldberg Variations" de Johann Sebastian BACH qui change en or tout ce qu’il touche, ces interprétations électroniques de "Io Su Mon Giovinetta" ("Je Suis Une Jeune Fille") de MONTEVERDI, "Why Aske You" de John Bull et le "Canon D’Été" d’un compositeur anonyme, me semblent scolaires et en décalage avec le reste de l’album. Voilà le problème d’un bond chronologique aussi important, et aussi sans doute de la juxtaposition de deux pattes musicales bien distinctes.

Les pièces dites 'modernes' me semblent autrement plus intéressantes ici, peut-être tout simplement parce qu’elles se prêtent mieux aux fantaisies sonores synthétiques. On retrouve ainsi les brefs "Sarcasmes" de Igor STRAVINSKI ainsi que pas moins de trois compositions de Claude DEBUSSY qui, mine de rien, ont l’avantage de ne pas faire doublon avec les dix autres interprétations d’Isao TOMITA sur son album Snowflakes Are Dancing (1974). Toutes sont interprétées par Eduard ARTEMYEV à l’exception de la "Canopée" de DEBUSSY, où Vladimir Martynov se montre autrement plus convaincant que sur des kitscheries baroques, dans les deux sens du terme. Pour les trois autres morceaux, Eduard ARTEMYEV tisse avec le Synthi-100 des séquences à la fois très nettes et aux textures riches, sculptant les nappes évanescentes, qui siéent à merveille à ces plumes contemporaines, en particulier sur le splendide "Vent Dans La Plaine".

Parlons enfin des trois originaux. "Spring Etude" de Vladimir Martynov est construit autour d’une séquence très rapide sur laquelle s’ajoutent des tintements étranges et des nappes floues, sans véritable mélodie. "Morning Mountains", du même compositeur, la polyphonie est beaucoup plus prégnante, avec une mélodie de toute beauté et des harmonisations riches.
Nous en venons alors à la pièce finale de l’album, "Motion" d’Eduard ARTEMYEV, à nouveau erratique, construite davantage sur les textures que sur les mélodies, organisée en trois parties. Le début est fort sombre et inquiétant, avant une partie principale dominée par un séquençage impressionnant, complexe et asymétrique, jouant beaucoup sur les accords de neuvième, avant de s’effacer derrière des effets sonores dysharmoniques. La composition se conclut sur une mélodie solennelle.

Cet album n’a jamais été réédité, à l’exception en 2016 d’une édition vinyle non officielle par le label maltais Modern Silence. C’est donc essentiellement grâce à Internet que Metamorphoses est parvenu jusqu’à nous, à l’instar de la plupart des albums d’Eduard ARTEMYEV, difficilement trouvables en support physique.

3 ¾ sur 5

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- Eduard Artemyev (synthi-100 sur 1, 5, 10, 11)
- Vladimir Martynov (synthi-100 sur 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9)
- Yuriy Bogdanov (ingénieur du son)


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