Après Cézame, Polydor et CBS, Richard PINHAS signe chez le label indépendant anglais Pulse, ayant entre autres publié Didier BOCQUET ou WHITE NOISE. Si Pulse a réédité Iceland (1979) et East West (1980) pour le marché anglais, on lui doit bel et bien l’édition originale de L’Éthique en 1982.

Suite au mitigé East West n’ayant pas réussi à fondre électronique et rock, Richard PINHAS rectifie le tir et propose avec L’Éthique un mélange plus abouti. Si HELDON n’existe plus en tant que tel, François Auger et Didier Bâtard étant partis pour de bon, son héritage musical est bien présent. Le temps de trois morceaux, Bernard Paganotti et Clément Bailly assurent la rythmique et Patrick Gauthier maintient son rôle de soliste au Mini-Moog. Tous trois assurent également la tournée de 1982, cf. Live London 1982 - The Venue (2020). "Belfast" est un mantra obstiné et percutant. "The Western Wail, Part 1" est plus marquant, grâce à l’apport pertinent des guitares et de la rythmique, mais aussi grâce au second riff diablement entraînant. "Dedicated To K.C." s’en différencie nettement, succédant plutôt à "Stand By" (1979), dans sa gniaque, sa structure, et en emprunte même un riff, mais s’en différencie de par un format plus ramassé, coupant court aux répétitions, et une production plus propre mais non moins puissante. Il s’agit du sommet de l’album avec "The Western Wail, Part 1", assurément.

"L’Éthique" est un beau thème neutre et majestueux en quatre parties. La première suit un long développement par couches successives. La deuxième y est quasiment identique; la troisième, plus intéressante, présente une variation boostée par une ligne de batterie dynamique et butée. Les première et troisième parties contiennent des extraits de dictions de L’Éthique de Baruch Spinoza par Gilles Deleuze; ces extraits sont traités électroniquement et difficilement compréhensibles (contrairement à sa diction du "Voyageur" avec SCHIZO en 1972), du fait des problèmes respiratoires de Gilles Deleuze − qui se révèleront être un cancer du poumon, qui l’affligera et le poussera à mettre fin à ses jours.

Il reste l’anecdotique "Melodic Simple Transition" qui ne porte que trop bien son nom (une phrase musicale répétée sur quatre minutes), auquel nous préférons "The Western Wail, part 2", une variation sur le second riff de la partie 1, et en conclusion la dernière partie de "L’Éthique", nouvelle variation sur ce thème récurrent. Pour rappel, East West introduisait chez Richard PINHAS l’usage des séquenceurs numériques, donnant le convaincant "Kyoto Number 3" et les ennuyeux "Ruitor" et "Beautiful May". L’Éthique suit fort heureusement la voie du premier morceau cité, avec les programmations plus consistantes et convaincantes du morceau-titre et de "The Western Wail", seul "Melodic Simple Transition" faisant défaut.

L’Éthique reste dix ans durant le dernier album d’un Richard PINHAS écœuré par le show-business et sentant qu’il se répétait musicalement, laissant un projet de sixième album solo en friche, mais une douzaine d’albums d’une intégrité exemplaire.