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1981 Red Skies Over Paradise

FISCHER Z - Red Skies Over Paradise (1981)
Par LE KINGBEE le 13 Août 2023          Consultée 521 fois

Etudiant en psychologie clinique, John Watts fonde FISCHER Z en 1979 avec le claviériste Stephen Skolnik. Rejoints par David Graham et Steve Liddle, ils écument les scènes londoniennes et parviennent à attirer l’attention d’United Artists, label farfouillant dans le tout-venant mais qui vient de publier The STRANGLERS et The BUZZCOCKS, deux groupes émergents.
FISCHER Z enregistre un premier disque produit par Mike Howlett, ancien bassiste de GONG. Le producteur a le vent en poupe et marque la fin des années 70 avec les éclosions de MARTHA & The MUFFINS, O.M.D. et Sniff’ N The Tears. De son côté, John Peel, disc-jockey historique de la BBC, ne cesse de passer le single "Remember Russia", ce qui vaut au groupe d’acquérir une certaine notoriété.
En mai 1980, toujours sous la houlette d’Howlett, FISCHER Z enregistre Going Deaf For The Living, un second opus constitué de thématiques politiques et environnementales, alors que la New Wave s’empare des ondes telle la bernicle de son rocher.

Mais ce n’est véritablement qu’en 1981 que FISCHER Z appose son nom sur la carte géographique de la New Wave avec Red Skies Over Paradise, son troisième album édité cette fois par Liberty, label sous marque d’United Artists, les deux maisons de disques étant en passe d’être englobées par E.M.I.
Enregistré au Manor studio entre le 5 et le 15 décembre 80, ce troisième opus reste marqué par la griffe de John Watts qui s’attache aussi à la production, épaulé par Richard Manwaring, un multi-instrumentiste producteur et ingé-son connu pour ses collaborations avec DEREK & The DOMINOS, HUMAN LEAGUE et MARTHA & The MUFFINS.
Si l’organiste Stephen Skolnik a rejoint Eternal Triangle et embrassera bientôt une riche carrière dans l’ébénisterie, John Watts prend en charge les claviers et la guitare tout en se chargeant des textes et des mélodies. Musicalement, si les changements sonores reprennent les bases de ses prédécesseurs avec un mélange de New Wave parfumée de Synthé Pop et d’un zest de Reggae, c’est au niveau des paroles nettement plus sombres et politisées qu’intervient le grand chambardement.

Si "Berlin" en ouverture peut évoquer ECHO & The BUNNYMEN, autre groupe Post Punk, le texte se rapporte à un célèbre mur dont la chute sera célébrée neuf ans plus tard lors d’une froide nuit de novembre. Si "Red Skies Over Paradise" se parfume de légère touches Reggae, à l’image des RUTS ou POLICE, le propos s’avère encore une fois nettement plus ténébreux avec cette peur non feinte d’un risque nucléaire menaçant Londres. Le refrain Down in their bunkers under the sea - Men pressing buttons don't care about me nous remet dans le contexte de la Guerre Froide et met en exergue la mégalomanie de certains dirigeants. Autre titre marqué par de légères fragrances Reggae, "You’ll Never Find Brian Here" évoque la fugue d’un adolescent s’opposant au système mis en place.
Reposant sur un tempo plus dynamique avec en tête de gondole une paire de baguettes tapageuses et un clavier qui ne relâche jamais la tension, "In England" souligne les changements qui s’opèrent sur le territoire sous la conduite de Margaret Thatcher, adepte d’une économie ultra-libérale, d’une réduction du pouvoir des syndicats et de la liberté individuelle. On retrouve encore un fort sentiment de malaise, voire de paranoïa sur "Battalions Of Strangers". Si l’orchestration se rapproche ici de MAGAZINE, le groupe d’Howard Devoto, les paroles visent carrément l’Atlantisme, politique prônée par la Dame de Fer. Même tempo sur "Song And Dance Brigade" dont les paroles sont en fait un appel à l’éveil et à la rébellion. Sous une mélodie arborant un rythme syncopé typique de la Synthé Pop, "The Writer" évoque le cadavre d’un homme gisant dans une obscure chambre d’hôtel, une probable victime de la Guerre Froide. Autre moment de crainte avec "Wristcutter's Lullaby", titre vitaminé qui évoque une répression policière ayant tendance à se durcir.

Changement de cap, "Bathroom Scenario" alerte sur les problèmes de médications et les mauvaises habitudes prises par les adeptes de pilules en tout genre. Un titre plus doux qui rappelle SIMPLE MINDS. L’allure baisse d’un cran avec "Cruise Missiles", un cri d’alarme sur la prolifération des missiles de croisières instaurée par le Président Reagan et la Première Ministre Thatcher aussitôt après leurs élections respectives. John Watts avait-il des dispositions de devin ? Ces paroles demeurent annonciatrices de l’épisode de Greenham Common durant lequel de nombreuses citoyennes galloises décidèrent de bloquer ce camp destiné à stocker les missiles dans le Berkshire. Derrière la froideur d’un orgue et d’un jeu de guitare acoustique, "Luton To Lisbon", titre d’à peine 2 minutes, dénonce sous une mélodie morose les dérives d’un capitalisme envahissant et les méfaits du consumérisme. Sur une tonalité toujours aussi maussade, parfois proche de Gary Numan, "Multinationals Bite" s’annonce comme un signal sur les ravages perpétrés par les multinationales sur notre quotidien social et environnemental. Watts répète à plusieurs reprises I hear wardrums (Picking up pieces of blood for you, now) - Multinationals bite bite bite - They'll destroy you overnight.
Seule chanson ne rentrant pas dans le cadre des problèmes politico-sociaux, "Marliese" reste toutefois bien ancrée dans l’univers embrumé et compliqué de John Watts avec en filigrane une histoire d’amour qui se finit mal. Un titre à cheval entre le décor punk de The JAM et le versant Power Pop de SPARKS des Frères Mael.

Plus de quarante ans après sa sortie, alors que John Watts célèbre en ce moment sur scène le 40ème anniversaire de son disque, Red Skies Over Paradise n’a guère pris de rides et s’écoute toujours aussi agréablement, à l’image de certaines galettes des CARS, SIMPLE MINDS ou MAGAZINE. Si le texte se révèle parfois sombre et à la limite de la paranoïa, Watts fait preuve de brillance tant au niveau des arrangements que des paroles. Avouons que si certaines lignes peuvent paraître obsolètes, les craintes de l’auteur se révèleront souvent exactes, malgré une certaine confusion. Le succès de POLICE dont l’hégémonie était à l’époque totale a involontairement empêché une poignée de formations d’acquérir une plus grande notoriété. Le meilleur album du groupe.

Note réelle 3,5.

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   LE KINGBEE

 
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- John Watts (chant, guitare, claviers)
- David Graham (basse, chœurs)
- Steve Liddle (batterie, chœurs)


1. Berlin
2. Marliese
3. Red Skies Over Paradise
4. In England
5. You'll Never Find Brian Here
6. Battalions Of Strangers
7. Song And Dance Brigade
8. The Writer
9. Bathroom Scenario
10. Wristcutters Lullaby
11. Cruise Missiles
12. Luton To Lisbon
13. Multinationals Bite



             



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